|
Le nouvel album du duo AOR français
SILENCE aura mis du temps à arriver, mais l'attente en valait la peine
! Nostalgia est à n'en pas douter l'un des albums AOR les plus réussis
de 2004. De la classe et de l'émotion, voilà une bonne façon
de résumer ce Nostalgia. Deux qualificatifs qui collent également
bien à la personnalité du fondateur du groupe Bruno Levesque...
Bonjour
Bruno. Tout d’abord, félicitations pour le nouvel album de SILENCE,
sans chauvinisme, c’est à mon avis l’un des tout meilleurs
albums AOR de l’année. Comment est-il accueilli pour l’instant
?
Bruno Levesque : Merci ! Tes compliments me vont droit au cœur
! A l’heure actuelle, tout se passe bien. Tant en France qu’à
l’étranger. Les premiers commentaires sont pratiquement tous positifs.
C’est très encourageant.
Nostalgia était d’abord annoncé
pour mai 2004, puis il a été reporté un certain nombre
de fois pour enfin sortir en fin d’année. Quelles étaient
les raisons de ces reports ?
Pour diverses raisons qui lui sont propres, le label a dû repousser plusieurs
fois la sortie de l’album. Néanmoins, je suis très heureux
que Silence ait trouvé refuge chez Vinny Records. Vicente Corral a vraiment
craqué sur Nostalgia.
Visiblement, l’album est encore très difficile
à trouver. Connais-tu les raisons de ces problèmes de distribution
?
Disons que la distribution se fait lentement mais sûrement. La mise en
place est moins rapide que prévue. L’album est disponible chez
AOR Heaven, ainsi que sur plusieurs autres sites spécialisés de
vente par correspondance. (cf : http://silenceprod.free.fr
) En revanche, il est peu probable de voir Nostalgia dans les bacs
français pour l’instant … L’album n’étant
dispo qu’en import.
Il semble également y avoir un problème
au niveau de la promotion. Le label Vinny Records compte-t-il faire un effort
pour promouvoir l’album dans les mois à venir ?
L’album est systématiquement envoyé à tous les sites
spécialisés, webzines, magazines, les boutiques « online
» etc … A partir de là, ce sont eux qui font le choix de
soutenir et de proposer l’album ou non. C’est hélas assez
aléatoire. Le fait que Silence soit de nationalité française
est peut-être un frein en ce qui concerne certaines personnes. Je ne sais
pas trop. Si tel est le cas, cela n’a pas de sens ! Le rock mélodique
français en général a vraiment besoin d’être
soutenu. Sans apprioris ni préjugés. Mais je reste confiant. Les
commandes semblent être au rendez-vous.
Le précédent cd était sorti chez
MTM. Pourquoi avoir changé de label ?
MTM avait bien apprécié Nostalgia mais n’avait
pas souhaité le sortir, apparemment pour des raisons conjoncturelles.
J’ai donc recommencé à démarcher les labels et Vicente
de Vinny Rec. a tout de suite été emballé. Le style de
Silence cadre bien avec l’esprit AOR de son label. Et puis bon …
finalement, entre « latins », on se comprend ! ;-)
Outre tes activités avec SILENCE, je crois que
tu travailles beaucoup avec d’autres groupes français, au niveau
de la production notamment. Quelle impression te donne la scène rock/hard
française d’une manière générale ?
Globalement, je pense que la mode n’est pas à la « mélodie
». Qu’il s’agisse de Métal ou de Rock. Ce sont le Métal
extrême et le rock dit « moderne » à la KYO qui tirent
leur épingle du jeu. Chacun à leur échelle. La scène
française est toujours à la traîne. Manque d’originalité,
de labels mélodiques, de chefs de file etc … Cela a toujours été
et, hélas, je ne vois pas par quel miracle cela pourrait changer. La
France est un pays de tradition littéraire. C’est noble, mais le
rock n’y a guère sa place. D’autre part, le public «
de masse » manque d’esprit critique et n’a pas vraiment le
désir de s’intéresser à des groupes/artistes qui
sortent un peu des sentiers battus. Question de mentalité. Il n’a
pas l’esprit « explorateur » ;-). Le CD est devenu un produit
de consommation courante. Il s’achète dans les hypermarchés,
comme on achète un paquet de lessive.
Habituellement les projets français ont beaucoup
de mal à s’exporter, or SILENCE a semble-t-il très vite
été adopté par les fans de rock mélodique étrangers.
Est-ce une fierté pour toi ?
C’est réellement très agréable et gratifiant de voir
sa musique appréciée en dehors des frontières ! J’avoue
même recevoir davantage de courrier venant de l’étranger
! Peut-être est-ce dû au style musical que pratique Silence. Plus
« international » par rapport à un certain Rock / Hard Rock
typiquement « français ». Je ne sais pas trop. Les groupes
français ne pensent pas toujours à contacter les labels étrangers,
pensant peut-être qu’ils n’ont aucune chance. C’est
à mon avis une erreur.
On
peut entendre une chanteuse très talentueuse - Faustine Bosson - sur
le titre Where No One Lives. Peux-tu nous en dire plus sur elle ?
Faustine m’a été présentée par mon ami Vincent
du groupe Amartia. Celui-ci travaillait déjà avec elle dans le
duo Chasca. Lorsque Jérôme et moi avons décidé de
chercher une voix féminine, nous hésitions entre Faustine et une
autre chanteuse (qui avait participé au casting de la Star Ac.) Notre
choix s’est porté très vite sur Faustine dont la voix correspondait
parfaitement au style de la chanson. Elle a beaucoup de talent. Une couleur
musicale qui lui est propre et un feeling naturel très « américain
».
Tu m’as tendu une perche récemment lorsque
nous avons évoqué le chanteur TONY CAREY. Sa musique est particulièrement
émotionnelle, et sans aller chercher de similitudes entre son style et
le tien, je dirais que vous partagez au moins cette particularité. Est-ce
que tu recherches ce côté touchant lorsque tu composes ?
Absolument. Et ce, de plus en plus (comparé aux albums antérieurs
de Silence). J’aime quand la musique est source d’évocations,
d’images. Quand elle a la capacité de stimuler des voyages intérieurs.
Ma façon de composer évolue naturellement de plus en plus en ce
sens. Cela se traduit par des compos plus directes et mélodiques, moins
alambiquées que par le passé, tout en gardant ce soucis du détail,
des arrangements, qui m’est cher. Je pense notamment au morceau «
Brother » que j’aime bien qualifier de « Road song ».
Ou encore « Dusty Road », sur mon dernier album instrumental. Concernant
Tony Carey, une chanson comme « Boystown » est une pure merveille.
Sa musique, en général, évoque les « grands espaces
», une certaine solitude choisie, poétique, liée à
une culture du voyage. J’ai habité plusieurs années au Canada.
C’est la raison pour laquelle je suis sensible à ce genre d’ambiance.
Au fil du temps, cela se répercute forcément de plus en plus dans
ma musique.
Quels sont les artistes ou groupes qui te touchent
?
Ouh là ! Je vais essayer de faire court ! ;-) J’ai grandi avec
le Hard, le Métal, le Thrash, tout en ayant toujours eu un profond attachement
au rock mélodique et à l’AOR. Comme beaucoup, j’étais
atteint de « collectionnite aigue » dans les 80’s et une partie
des 90’s. Je reste un grand admirateur de guitaristes comme Malmsteen
ou MacAlpine mais j’avoue les écouter de moins en moins. Je suis
depuis longtemps attiré par des artistes plus émotionnels et sensibles
comme Tim Pierce, Michael Thompson, Michael Landau et Dann Huff (notamment tous
les excellents albums de New Country qu’il produit et que peu de gens
connaissent en France). Je suis par ailleurs un grand fan de Richard Marx, dont
le dernier album est fantastique et de Mark Spiro, le dieu du « songwriting
» à mes yeux et qui est aussi un chanteur fabuleux ! Coverdale
est également l’un de mes chanteurs préférés.
Es-tu sensible à d’autres styles que l’AOR
?
Bien sûr. Un grand nombre de styles musicaux m’ont toujours nourri
et continuent de la faire, même si j’écoute moins de musique
que par le passé. Comme je l’évoquais précédemment,
je m’intéresse entre autres à la New Country. Des artistes
comme Keith Urban, Jessica Andrews, Phil Vassar … De la Country pop-rock,
moderne, qui flirte parfois avec une certaine forme d’AOR, d’ailleurs.
Peu de gens les connaissent en France mais les albums de ces chanteurs(euses)
sont bien souvent « énormes ». Tant au niveau du son, que
des compos et des arrangements (le savoir-faire américain !) Ces albums
n’arrivent pas à pénétrer le marché français,
c’est incompréhensible ! Enfin … la France restera toujours
une sorte de pays « ovni » ;-) Par ailleurs, j’écoute
aussi des groupes comme Rammstein, Annihilator, Overkill … de la musique
classique (l’hiver), du blues (l’été) ;-) …
A la sortie du précédent album, tu disais
n’être pas du tout intéressé par la scène.
Les choses ont-elles changé depuis ?
Pas vraiment mais qui sait ? … J’avoue que ce n’est pas à
l’ordre du jour. Je préfère être derrière la
caméra plutôt que devant. Je me sens beaucoup plus à ma
place dans un studio que sur les planches. J’ai fait de nombreux concerts
avec divers groupes dans les 80’s mais, même si ceux-ci se déroulaient
bien, ils ne m’ont pas laissé de souvenirs impérissables.
Enfin … il ne faut pas dire « fontaine je ne boirai jamais de ton
eau », alors … ;-)
J’ai vu que tu avais également sorti un
album sous ton nom, l’an dernier. Tu peux nous en dire plus ?
Avec plaisir ! Il s’agit d’un album instrumental composé
au cours de l’année 2004. Mais pour ceux qui connaissent les 2
premiers albums instru de Silence, cela n’a pas grand-chose à voir.
The Last Words est un album purement émotionnel, souvent planant
et non un album de « guitariste soliste ». Très mélodique,
beaucoup de guitare acoustique, de piano et de nappes de claviers, soutenus
parfois par des « loops » rythmiques. Il renferme des titres très
personnels ainsi qu’une nouvelle version de « Chinese Lullaby »
(morceau dont la 1ère version figurait sur Utopia) et un long
titre un peu spécial : « Alpha 60 », qui m’a été
inspiré par le film de Godard « Alphaville ». C’est
un album personnel et ultra mélodique. Il n’est pour l’instant
dispo que par le biais du siteweb.
Quels sont tes projets pour 2005 ?
Valérie (ex-Syrens Call) et moi-même travaillons sur un projet
d’album « pop/rock mélodique ». Un album de Métal-Indus
est également en chantier. Je devrais aussi m’occuper du premier
album du groupe nantais Influence, ainsi que du mix du prochain Amartia. En
outre, je pense m’investir plus avant dans mes activités de photographe.
Ce qui n’a rien à voir, mais me prend aussi pas mal de temps !
Le prochain album est-il déjà en chantier
? A quoi peut-on s’attendre ?
Rien n’est planifié pour l’instant. Il est encore trop tôt
pour te dire si un 5ème album de Silence verra le jour ou non. Cela dépend
de beaucoup de paramètres, notamment des ventes de Nostalgia…
Depuis des années, Silence occupe la plus grande partie de mon temps,
j’en suis fier mais les retombées n’étant pas toujours
à la hauteur des investissements que cela implique (+ conjoncture actuelle),
cela me pousse souvent à m’interroger sur l’avenir. Ceci
dit, que les fans se rassurent : pas mal de compos sont déjà en
préparation, et ces démos sonnent très AOR. Quoi qu’il
en soit, mon souhait est bien évidemment de pouvoir poursuivre l’aventure
Silence le plus longtemps possible.
Pour finir, penses-tu que le projet Silence a décollé
avec l’arrivée de Jérôme au chant ?
C’est indéniable. L’avènement de Jérôme,
sa sensibilité et son talent associé au deal avec MTM fut un énorme
pas en avant. Le monde de la musique instrumentale étant très
fermé et pointu, la musique de Silence a ainsi pris une toute autre dimension.
Sera-t-il toujours de la partie sur le prochain album
?
Difficile à dire pour l’instant. Cela dépend entre autres
des paramètres que j’ai cités plus haut. D’autre part,
Jérôme à d’autres projets très prenants. Et
même si nous restons les meilleurs amis du monde, je ne peux pas, à
l’heure actuelle, répondre précisément à ta
question.
Merci d’avoir répondu à mes questions.
Et tout le succès possible pour Nostalgia. Cet album le mérite
!
Merci à toi Cédric ! Et longue vie à Rockmeeting ! Un grand
merci aussi à ceux et celles qui soutiennent Silence !
Plus d'infos sur
SILENCE
© Rockmeeting.com - Mars 2005
|