La réunion du line up original de DURAN DURAN aura été
de courte durée. Un album, le moyennement satisfaisant Astronaut,
et Andy Taylor fut saisi par une nouvelle envie de prendre le large. La bande
à Simon LeBon nous revient donc sous la forme d'un quatuor, motivé
par une envie de changer de direction. Là où Astronaut
revendiquait un certain esprit "revival", Red Carpet Massacre
affiche une volonté évidente de faire table rase du passé
et sonner totalement contemporain. Pour ce faire, le groupe a fait appel à
des collaborateurs d'horizons différents, et c'est sans doute là
que le bât blesse et que la pillule sera malaisée à avaler
pour nombre de fans de la première heure. Qui sont ces fameux collaborateurs
? On retrouve la bande au producteur/rappeur touche-à-tout TIMBALAND
: son ami producteur Nate Hills (alias Danjahandz) et leur poulain JUSTIN
TIMBERLAKE. J'avoue que j'ai moi-même eu quelques frayeurs en apprenant
la nouvelle, ce dernier en particulier ayant à mes yeux une crédilité
comparable à celle des 2be3 en tant que musicien. Et pourtant, je serais
un peu contraint de réviser mon jugement, car ce qui me semble être
de loin le meilleur titre de l'album, le single Falling Down
est en partie à créditer à ce phénomène
de foire finalement pas si méprisable que ça. Ce titre renoue
avec l'esprit de The Wedding Album, qui reste le dernier grand album
de Duran Duran à ce jour à mon avis. Quinze ans donc que j'attends
un retour en fanfare de celui qui reste pour moi comme l'un des plus grands
groupes pop des années 80. Hélas, ce ne sera pas pour cette
année, la faute essentiellement à un choix délibéré
pour des orchestrations dépouillées à l'excès,
la rythmique (synthétique) étant pour ainsi dire l'élément
prédominant après la voix de Simon LeBon comme sur le fatigant
The Valley. Hormis sur deux titres plus acoustiques (Falling
Down et Box Full O' Honey), ou quelques petits solos
en arrière plan (le final de Last Man Standing...),
la guitare - qui n'a certes jamais été l'instrument dominant
de Duran Duran - a manifestement eu le temps de prendre la poussière,
et dans ces conditions, on peut se demander quelle eut été la
place d'Andy Taylor (doit-on y voir la raison de son départ ?). Mais
plus ennuyeux, même le clavier, tout comme la basse jadis si présente
dans le son de Duran Duran, se font extrêmement discrets. Autrement
dit, on retrouve la patte Timbaland à tous les niveaux (quoique le
bougre ait montré une facette bien différente de son travail
récemment, avec le somptueux Apologize du combo pop/rock ONE REPUBLIC),
jusqu'à la resucée batarde de son hit The Way I Are avec Tempted.
Cette nouvelle orientation mi (soft) dance, mi pop synthétique ne peut
toutefois réellement être considérée comme un ratage
d'un point de vue strictement artistique. Le groupe a voulu se renouveler,
et dans le genre, ce disque tient probablement la route, il est simplement
trop aventureux pour une partie des fans (dont je suis) qui ne ressentiront
probablement pas grand chose à son écoute. Divergence déplorable
de la part d'un groupe qui semble loin d'être fini artistiquement...
Highlights : Falling Down
Tracklist :
01. The Valley
02. Red Carpet Massacre
03. Nite-Runner
04. Falling Down
05. Box Full O' Honey
06. Skin Divers
07. Tempted
08. Tricked Out
09. Zoom In
10. She's Too Much
11. Dirty Great Monster
12. Last Man Standing