C’est le résultat d’un lent mais véritable travail de refondation auquel nous avons affaire ici, après avoir établi les bases du heavy speed mélodique en 1987 et 88, avec les deux pièces majeures : Keeper Of The Seven Keys I et II, le départ de Kai Hansen (guitare) et de Michael Kiske (chant) avaient sérieusement ébranlé les fondations. En 1994, Andi Deris s’est imposé comme le chanteur du groupe, mais le line-up fut à nouveau secoué en 2001 après l’éviction de Roland Grapow et d’Uli Kusch et l’arrivée de Sascha Gerstner et de Mark Cross, ce dernier étant lui-même remplacé par le batteur actuel Dani Löble. Aucun des albums produits durant cette période ne s’est hissé au niveau des deux opus déjà cités, et en 2005, Keeper Of The Seven Keys - The Legacy tenta symboliquement de s’en rapprocher mais resta en deçà, la formidable tournée qui suivit, concrétisée par l’album live Legacy - World Tour 2005/2006, indiquait néanmoins un retour au plus haut niveau. Cette longue montée en puissance marque avec ce dix-septième opus l’aboutissement de tous ces efforts, oui, c’est le grand retour ! Biff Byford de SAXON participe en guest à l’intro Crack The Riddle, mais le ton est donné avec Kill It, heavy, énergique, Deris attaque le titre à la façon d’un Rob Halford, très haut dans les aigus, la rythmique mène un rythme endiablé, implacable, et après un petit break atmosphérique, elle reprend de plus belle, les chœurs sont là, ciselés, le solo brillant. Le niveau reste ensuite au plus haut tout au long de la galette, pas une faiblesse à signaler, que des titres accrocheurs qui reposent sur un formidable travail de composition, faisant appel au speed, comme The Saints, Paint A New World, Dreambound, mais aussi au heavy avec I.M.E. As Long As I Fall et Can Do It, tout en gardant le riff métal, lorgnent carrément du côté pop avec des refrains on ne peut plus mémorisables, et Fallen To Pieces s’impose comme la power ballade avec tous les bons ingrédients de rigueur. Si toutes les lignes instrumentales et les soli brillent, ils sont largement sublimés par Deris qui a encore progressé et qui étonne par la variété de ses possibilités vocales. Et donc si vous faisiez partie des fans déçus par les prestations précédentes, où si vous n’avez pas encore goûté à cette cuisine à base de citrouille, c’est le moment de passer le cap, cet album est une merveille de mélodies et de punch, incontestablement le meilleur de l’ère d’Andy Deris.