Il est de bon ton, chez certains, de descendre LINKIN PARK.
Les raisons ? Son succès ? Sa jeunesse ? Le soutien de son (puissant)
label ? L'utilisation du rap ? Peut-être un peu de tout ça. Mais
ce qui ressemble plus à de petites jalousies inter-générationnelles
condamne à tort un groupe au talent immense. Et si d'ordinaire j'éprouve
un profond mépris pour le rap, ces fusionneurs de génie m'ont
donné envie de baisser ma garde et prouvé qu'en le mettant au
service de leur rock, il servait à en décupler la force et l'impact.
Alors pour peu que l'on laisse ses préjugés au vestiaire, on se
prend une grosse claque avec ce Hybrid Theory, leur premier album qui
voit le jour en 2000, mais aussi leur nom précédent, à
qui ils rendent ainsi une sorte d'hommage. Le cd débute par Papercut,
avec lequel on entre magnifiquement dans le vif du sujet, à savoir, l'exemple
type de ce qu'est leur musique : une petite touche électro créant
une ambiance hors-pair, suivi de couplets rap calmes qui servent de tremplin
aux refrains rock plus agressifs et néanmoins très émotionnels.
Et qui dit tremplin, dit décollage...bien plus haut. Ce contraste aussi
saisissant que réussi de ces deux éléments différents,
voire opposés, est devenu une véritable marque de fabrique pour
le groupe, qui perfectionne son style depuis maintenant pas mal d'années.
Et pour être exact, tout commence en Californie, au collège, par
la rencontre entre Brad Delson (guitare/basse) et Mike Shinoda (mc/rap). Puis,
au fil du temps, le groupe prend forme, et évolue, en 1996, sous le nom
de XERO. Le chanteur Chester Bennington les rejoint en 1999, et fait figure
de touche finale dans le line up du combo, qui vient d'adopter son nom définitif.
Il prouve d'emblée sur cet album, que son chant tantôt rageur,
ou bien doux et émouvant, s'adapte, tel du sur-mesure à la musique
du groupe, qui sur With You, ou bien Runaway,
et encore By Myself, joue la carte de la rage et de l'émotion,
avec ses passages rap revendicatifs qui laissent la place aux refrains à
la fois agressifs et touchants. Rien d'étonnant à cela, puisque
le groupe revendique cette recherche, en déclarant que leur musique est
un mélange de rage et de mélancolie, de frustration et d'optimisme,
de clarté et d'obscurité, et le prouve d'une façon magistrale
avec l'impressionnant Crawling dont l'intensité vous
scotche. Sur tous les titres, la production de Don Gilmore fait merveille, et
retranscrit superbement le côté marquant et explosif de cet album,
avec notamment un gros son bien clair. Enfin, deux titres qui démontrent,
si ce n'était pas déjà fait, que Linkin Park peut jouer
dans la cour des maîtres de l'émotion, tout d'abord le bouleversant
In The End, tout simplement d'une beauté à couper
le souffle, avec l'apport du piano pour vous achever. Et puis, le sublime Pushing
Me Away dont l'émotion monte crescendo jusqu'à atteindre
son paroxysme. Quelle classe ! Et si Linkin Park a cartonné avec ce disque,
et bien ce n'est que justice !
Highlights : Pushing Me Away, Crawling, In The End, With You, Papercut,
Runaway, By Myself...
Tracklist :
01. Papercut **
02. One Step Closer ***
03. With You *
04. Points Of Authority
05. Crawling
06. Runaway
07. By Myself
08. In The End
09. A Place For My Head **
10. Forgotten **
11. Cure For The Itch
12. Pushing Me Away
|