En 1981, à l'issue du Down To Earth Tour dont le point
d'orgue fut le festival de Donington, Ritchie Blackmore se retrouve seul ou
presque sur son navire. En effet, ecoeuré par l'orientation de plus en
plus FM du combo, le batteur Cozy Powell a préféré jeter
l'éponge. Un coup dur dans la mesure où l'homme est considéré
comme l'un des meilleur batteur de Hard Rock du circuit, l'emploi de la double
grosse caisse n'étant en plus pas si courant à l'époque...
Le chanteur Graham Bonnet, pourtant excellent s'est vu, lui, montrer la porte
du fait de sa dépendance à des substances illicites qui, hélas,
influençait négativement ses prestations scéniques. Souhaitant
clairement s'engager dans la voie d'un Rock FM brillant à l'instar d'un
FOREIGNER, Ritchie Blackmore se met en quête de musiciens américains.
Après tout c'est dans ce pays que ce type d'AOR rencontrait le plus de
succès... C'est comme cela qu'il recrute outre le batteur Bobby Rondinelli,
un illustre inconnu ou presque, Joe Lynn Turner, officiant jusqu'alors comme
chanteur dans l'obscur FANDANGO. La voie cristalline, assez haut perchée
convient parfaitement à la nouvelle orientation musicale de RAINBOW.
Celle-ci fait merveille sur les tubes ultra-mélodiques comme le superbe
I Surrender ou l'ultra FM Magic, à la limite
de la varièté américaine. Heureusement le son est là
et les solos de guitare de l'exceptionnel Blackmore pimentent ces morceaux.
Le fait de faire appel à des compositeurs extérieurs pour ces
titres est une relative nouveauté (Russ Ballard, compositeur de I Surrender
avait signé l'énorme Since You've Been Gone sur l'album précédent).
L'album quoiqu'inégal (Freedom Fighter et Midown
Tunnel Vision sont sans grande consistance) délivre un hard
FM-Rock FM le plus souvent brillant visant clairement les charts US. Ceci décevra
une partie des fans de la première heure. Spotlight Kid
est un brulôt qui fera le bonheur du groupe sur scène. Le break
guitare/claviers - dont seul le maître Richie Blackmore a le secret -
restera célèbre. Can't Happen Here taillé
lui aussi pour la scène est de la même veine quoiqu'un tantinet
inférieur. Le guitariste se permet même de faire une "reprise"
de la 9eme symphonie (!) à la sauce rock, qui sera villipendée
par les rock-critics ! On note, une fois n'est pas coutume, la présence
d'un instrumental, Maybe Next Time, superbe, le jeu et le son
de guitare de Blackmore s'exprimant avec une classe inégalée.
Au total, quelques magnifiques compositions magistralement interprétées
grâce à Blackmore mais aussi au chant de Joe Lynn Turner qui n'avait
jamais aussi bien été mis en valeur. Une nouvelle fois, Ritchie
Blackmore aura contribué à la révélation d'un talentueux
chanteur jusqu'alors méconnu comme il l'avait fait quelques années
auparavant avec Ronnie James Dio. On dira ce que l'on veut du caractère
atrabilaire de celui-ci, on ne peut que reconnaitre son talent de "chasseur
de têtes".
Tracklist :
01. I Surrender
02. Spotlight Kid
03. No Release
04. Magic
05. Vielleicht Das Nachste Mal (maybe Next Time)
06. Can't Happen Here
07. Freedom Fighter
08. Midtown Tunnel Vision
09. Difficult To Cure (Beethoven's Ninth)
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