Si JOURNEY n'avait pas eu d'actualité depuis trois ans lorsque sortait
ce Raised On Radio, son chanteur STEVE PERRY avait pour sa part connu
un joli succès avec son premier album solo, le très bon Street
Talk. Le groupe revenait en 1986 avec un line up réduit aux trois
têtes pensantes du groupe : Perry-Schon-Cain, la section rythmique ayant
été écartée du combo, en raison de problèmes
relationnels avec Steve Perry pour Ross Valory, et de divergeances artistiques
pour Steve Smith (ce dernier aura quand même le temps d'enregistrer
trois titres avant de partir). C'est donc sous forme de trio que le groupe
réapparaissait, accompagné par quelques musiciens de studio,
dont la section rythmique présente sur Street Talk (Bob Glaub
et Larrie Londin) et le bassiste de session Randy Jackson (Jimmy Barnes, Eddie
Money, Lionel Richie...) qui accompagnera également le groupe sur la
tournée. Fort de son récent succès en solo, Steve Perry
avait sans doute plus de poids dans la balance pour décider de l'orientation
à donner au disque (dont il signait du reste la production), ce qui
est certain en revanche, c'est que pour la première fois, Journey présentait
un album totalement homogène, où la mélodie l'emportait
sur chacun des titres dans une douceur constante. De fait, ce Raised On
Radio est un peu la suite de l'album solo de Perry. Plus soft que par
le passé, flirtant fréquemment avec la westcoast (les excellents
Positive Touch et Suzanne et leurs rythmiques
entrainantes façon POINTER SISTERS, le rythme cajoleur du très
cool I'll Be Alright Without You ou le délicieusement
groovy It Could Have Been You), tout est fait pour mettre
en valeur la superbe voix de Perry. La ballade Why Can't This Night
Go On Forever se présente un peu comme la petite soeur de
l'inoubliable Faithfully, tandis que sur des titres comme Girl Can't
Help It ou Be Good To Yourself, Journey faisait
une nouvelle fois preuve de son légendaire savoir faire en matière
de hit (ce qui ne manquera pas d'être prouvé par les ventes de
singles). L'album s'écoulera finalement à plus de deux millions
d'exemplaires aux Etats-Unis, mais ce joli succès - quoique moins impressionnant
que les deux précédents albums - orchestré avec conviction
et intransigeance par Perry (avec, on peut le supposer, la bénédiction
de Jonathan Cain) se fit au prix de l'unité du trio restant, Neal Schon
n'ayant, dit-on, pas vraiment apprécié la prise de pouvoir de
Perry et l'orientation soft donnée à l'album. Journey mettra
ensuite dix ans pour refaire surface. Raised On Radio reste en tout
cas comme l'album le plus AOR de la discographie du groupe (aucune trace de
hard rock ici !), et à mon avis le plus réussi dans son ensemble,
même si le précédent - Frontiers - contenait
certainement les plus grands hits que le groupe ait composé.
Highlights : Suzanne, It Could Have Been You, Girl Can't Help It,
Be Good To Yourself, Positive Touch, Happy To Give, Raised On Radio, I'll
Be Alright Without You...
Tracklist :
01. Girl Can't Help It
02. Positive Touch
03. Suzanne
04. Be Good To Yourself
05. Once You Love Somebody
06. Happy To Give
07. Raised On Radio
08. I'll Be Alright Without You
09. It Could Have Been You
10. The Eyes Of A Woman
11. Why Can't This Night Go On Forever