Curieusement, il est des albums que je peux écouter quantité
de fois sans trouver de point d'accroche pour débuter une chronique,
sans très bien savoir par quel bout le prendre. C'est précisément
le cas de ce premier album de FLYLEAF, que je tente de chroniquer depuis environ
deux ans, sans jamais aboutir à une seule ligne. Et pourtant, je l'apprécie
ce disque. Flyleaf, c'est d'abord sa chanteuse, Lacey Mosley, un petit bout
de femme qui a non seulement de l'énergie à revendre, mais surtout
de l'émotion. Il faut dire que son enfance n'a pas été
une partie de plaisir, un peu à la manière du chanteur de EGYPT
CENTRAL, dès son plus jeune âge, Lacey a connu la misère,
la violence de son entourage et le mal-être qui en découle. Mais
plutôt que de sombrer dans la folie ou l'inertie, la chanteuse a fait
de son art une sorte de thérapie, le chant et la création artistique
ayant pour elle des vertus cathartique évidentes sur la plupart des
titres de ce premier album, où Lacey navigue en permanence entre douceur
et rage. Le climat de l'album n'est pas à la franche rigolade, mais
le groupe parvient assez aisément à faire décoller chacun
de ses titres vers quelque chose de positif. Même si l'ensemble peut
paraître un peu âpre au premier abord, on ne s'empêtre pas
dans le glauque. Non, je dirais même que cet album a un effet extrêmement
libérateur, en même temps qu'elle s'affranchit de ses démons,
Lacey parvient à évacuer nos propres états d'âme,
à nous apaiser. Une comparaison facile serait de trouver un parallèle
avec EVANESCENCE, mais en dehors de la configuration du groupe et d'une certaine
couleur musicale assez sombre, on ne peut pas dire que les deux groupes soient
si proches que ça. D'une part le chant de Lacey est infiniment plus
varié que celui d'Amy Lee, et puis les compositions sont également
plus ouvertes, le côté vaguement gothique d'Evanescence n'est
pas vraiment présent chez Flyleaf. Il émane en revanche de leur
musique une classe que je serais tenté de rapprocher de PLUMB comme
par exemple sur le somptueux All Around Me, titre sur lequel
la voix de Lacey est également très proche de celle de son ainée,
ressemblance qu'on retrouve aussi sur le plus atmosphérique Red
Sam, de même que sur les superbes power-ballads There
For You ou So I Thought, et bien d'autres titres.
Dans les morceaux forts de l'album, on relèvera aussi I'm So
Sick, le plus âpre de l'album, mais tellement jouissif, notamment
au travers des brêves parties vocales hardcore de Lacey, tempérées
par un déploiement de douceur féminine qui fait indéniablement
tout le charme de Flyleaf. Dans un registre moins rugueux, l'excellent Fully
Alive fait également partie des moments forts de ce disque,
dont je ne peux en fait pas déplorer grand chose. En insistant, peut-être
une certaine linéarité qui aux premières écoutes
m'empêchait de bien discerner chacun des titres, mais cette perception
des choses s'est très largement évaporée, au profit d'un
sentiment d'adhésion pour ainsi dire total. Un des albums marquants
de ces dernières années en matière de metal moderne,
ses plus d'un million d'exemplaires écoulés aux Etats-Unis ne
sont pas un hasard.
Highlights : All Around Me, I'm So Sick, Fully Alive, Breathe Today,
Sorrow, Cassie, Perfect, Red Sam, There For You...
Tracklist :
01. I'm So Sick
02. Fully Alive
03. Perfect
04. Cassie
05. Sorrow
06. I'm Sorry
07. All Around Me
08. Red Sam
09. There For You
10. Breathe Today
11. So I Thought