Le label Tooth & Nail a certainement perdu une de ses poules
aux oeufs d'or en laissant partir ANBERLIN vers l'écurie plus huppée
d'Universal Republic. Ne lui restait plus qu'à jouer un dernier coup
de poker en sortant une collection d'inédits dont on sait par expérience
qu'elles sont loin d'être toujours à la hauteur de ce que les groupes
peuvent proposer habituellement. C'est aussi une façon de jauger le poids
artistique d'un groupe, les plus faiblards (ou parfois les plus usés)
étant ceux qui n'ont pas grand chose à proposer en dehors des
albums officiels, et dont les compilations d'inédits s'avèrent
être bien souvent un ramassis de compos sans intérêt. Mais
rassurez-vous, Lost Songs ne surprendra pas ceux qui, comme moi, ont
toujours vu en Anberlin un grand groupe de la scène actuelle. En 18 titres,
la compilation survole la face cachée d'un groupe qui ne fait rien en
amateur. Les compos originales inédites de ce Lost Songs sont
tout à fait intéressantes, dans la droite lignée des trois
premiers albums (Uncanny, Downtown Song, et même la démo
de Everywhere In Between qui avait été rejeté
sur les conseils malavisés de leur directeur artistique), mais plus encore,
les reprises illuminent le talent d'un groupe qui imprime sa marque de fabrique
aux standards les plus indissociables de leurs interprètes originaux,
avec en tête Like A Rolling Stone de BOB DYLAN qui est
remis au gout du jour dans une version pop débridée très
réussie, tout comme la chanson de Noël Baby Please Come
Home, interprétée à l'origine dans les années
60 (et co-signée par Phil Spector), mais dont la cure de jouvence rock
moderne est ici assez spectaculaire. Plus fidèle à l'orchestration
originale, Enjoy The Silence de DEPECHE MODE est tout de même
passé dans le moule Anberlin avec une certaine réussite, par l'apport
d'un son beaucoup plus rock et moderne. Constat un peu plus mitigé sur
le néanmoins très bon There's A Light That Never Goes
Out des SMITHS (à la décharge d'Anberlin, il n'y avait
pas grande modernisation à apporter à ce titre qui a bien vieilli),
assez fidèle à l'originale, tout comme Creep
de RADIOHEAD. Les versions alternatives des hits du groupe ne sont pas non plus
en reste sur ce Lost Songs, avec par exemple les déclinaisons
acoustiques superbes des excellents Cadence, A Day
Late ou encore Dismantle Repair, en se contentant
de ne citer qu'un titre de chaque album. Autrement dit, Tooth & Nail est
parvenu à joindre l'utile (pour ses affaires) à l'agréable
(pour nos oreilles), ce qui est loin d'être la préoccupation première
des labels dans cette situation, habituellement. Le groupe étant actuellement
en plein travail sur le prochain album, ce Lost Songs s'intercale à
point nommé, non pas comme une vulgaire compilation, ni même comme
une simple mise en bouche, mais plus comme un album à part entière.
Un disque en tout cas indispensable à tout fan, à mon sens.
Highlights : quasiment tous les titres
Tracklist :
01. The Haunting
02. Uncanny
03. Like A Rolling Stone [reprise BOB DYLAN]
04. A Day Late (acoustic)
05. Enjoy The Silence [reprise DEPECHE MODE]
06. Cadence (acoustic)
07. Downtown Song
08. There's A Light That Never Goes Out [reprise THE SMITHS]
09. Dismantle. Repair. (acoustic)
10. The Promise [reprise WHEN IN ROME]
11. Naïve Orleans (acoustic)
12. Inevitable (AOL sessions)
13. The Unwinding Cable Car (AOL sessions)
14. Creep (acoustic / AOL sessions) [reprise RADIOHEAD]
15. Baby Please Come Home [reprise DARLENE LOVE]
16. Ready Fuels (demo)
17. Driving (Autobahn) (demo)
18. Everywhere In Between (demo)
19. Godspeed (demo instrumentale) [ghost track]
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