Mes collègues chroniqueurs n'ayant pas montré un enthousiasme
débordant pour traiter cette galette, ce sera donc à moi d'aller
à la pêche aux coups, et de m'exposer à l'indignation
des nombreux fans, à commencer par notre ami Frank, qui ne manquera
par ailleurs pas de relever la présence de Mike Szuter (ex-THE SZUTERS)
à la basse sur trois titres. J'ai en effet un double problème
avec ce nouvel album solo de PAUL GILBERT. D'un côté, je ne suis
pas à proprement parler un inconditionnel du guitariste, mais un simple
amateur de la pop un tantinet moderne qu'il nous a offert sur ses précédents
albums solo. Mais surtout, je suis absolument hermétique aux albums
instrumentaux, qui plus est lorsqu'il s'agit d'albums de guitaristes (les
Satriani, Vai et autres virtuoses du genre m'ont toujours laissé de
marbre). Et comme on pouvait s'y attendre, l'ancien guitariste de MR. BIG
a fini par céder à la tentation, pour la première fois
depuis ses débuts solo en 1998. Près de dix années de
répit pour les non initiés, ça n'est déjà
pas si mal. Il faut dire que Paul aborde plus ce disque comme un challenge,
lui qui avoue ne pas apprécier cette discipline. Paradoxal vous direz-vous
? Le but du guitariste était de réaliser un album instrumental
abordable, et il est certain qu'une bonne partie des fans se réjouira
de cette récréation qu'il s'accorde. Les autres attendront patiemment
la suite, avec un retour à une musique plus accessible, car le fait
est que ce Get Out Of My Yard ne fait pas vraiment exception à
la règle en dépit de la bonne volonté dont Paul Gilbert
a fait preuve pour essayer de la rendre plus abordable qu'à l'accoutumée.
L'album a beau être très varié, avec des styles ratissant
au plus large, du rock/hard (Hurry Up, The Curse Of Castle Dragon)
à la musique classique (Haydn Symphony No. 88 Finale, l'acoustique
Three E's For Edward) en passant par la musique électronique
(The Echo Song), le heavy (You Kids), un
peu de blues (la ballade Radiator) et une pointe de jazz
de ci de là (Rusty Old Boat), ce disque n'en parait
pas moins long pour qui ne s'intéresse que très peu à
la technique. Naturellement, Paul Gilbert a le talent pour faire passer la
pilule au mieux, notamment en sachant parfois mettre un peu son instrument
en retrait comme sur le très beau et doux Marine Layer
dominé par le piano de sa femme Emi, mais ce disque reste globalement
trop démonstratif à mon goût. A réserver à
un public friand de dextérité guitaristique, comme tous les
albums de guitar heros avant lui.
Tracklist :
01. Get Out Of My Yard
02. Hurry Up
03. The Curse Of Castle Dragon
04. Radiator
05. Straight Through The Telephone Pole
06. Marine Layer
07. Twelve Twelve
08. Rusty Old Boat
09. The Echo Song
10. Full Tank
11. My Teeth Are A Drumset
12. Haydn Symphony No. 88 Finale
13. Three E's For Edward
14. You Kids