CYRENIC ou le projet d’un seul homme, Brian Zuckerman
assure à lui seul, l’instrumentation, la production et la vente
de son album, bientôt en porte à porte, j’exagère,
enfin presque !! Toujours est-il que c’est une sorte de tour de force,
pour le personnage que de tout superviser. Notamment dans ce genre apparenté
au Néo Metal Atmosphérique, où l’aspect groupe «
rock » reste de mise, on pourrait dire, même, en est la condition
sine qua non ! En soi, il s’agit donc d’une sorte d’innovation.
Tout d’abord, j’ai été fortement impressionné
par la qualité du son, y retrouvant fort probablement tous les aspects
notoires des meilleures productions des 80’s. Cet aspect un brin tapageur
pour ne pas dire trompeur, s’est vite révélé comme
étant finalement, un point plus négatif que positif, il est en
effet difficile de concevoir le « gros » son de l’A.O.R. (à
la JOURNEY par exemple), aseptisé, parfois à outrance, avec ce
genre de musique, qui à mon avis nécessite une certaine brutalité
sulfureuse, l’odeur de bière et de tabac froid, et surtout des
lampes d’amplis encore rouges à peine refroidies, et des guitares
au vernis râpé, plutôt que celle des consoles de mixage des
racks d’effets et des touches en plastique des synthétiseurs. Cette
première impression mitigée, passée, qu’en est il
de ce projet où tout semble calculé, un peu trop sûrement
? Si l’on devait faire quelques comparaisons, c’est du côté
d’ANATHEMA, de A PERFECT CIRCLE, et même de TOOL qu’il faudrait
lorgner, on y retrouve un sens profond de tristesse dépressive, de mélancolie
lancinante accentuées par des tempos lents et lourds, des plages préférentiellement
atmosphériques secondées par quelques éléments synthétiques
ou du piano. Les vocaux sont souvent subjugués par des effets de reverb
et de vocodages, presque extrémistes, qui voudraient, bizarrement, rajouter
des connotation R’n’B qui n’ont pas lieu d’être,
ou qui cherchent à signifier pompeusement toute la palette sonore que
Zuckerman est capable d’exploiter, comme dans le single The White
Of Our Lies ou bien la ballade Timeless. Toutefois,
ces effets ne servent pas à masquer un vocaliste médiocre, bien
au contraire, le chant y est à la fois bien conçu parfaitement
maîtrisé et agréable, sur Immune la très
cristalline voix d’Adria Zuckermann ajoute un plus non négligeable.
Atmosphère pesante, presque lugubre, The End accorde
la place à quelques riffs bien sentis assez proches du Nu Metal. Ambiance
morose, sur fond de piano ténébreux, Fractured
est minimaliste, ou bien Tears Of Rain, où seul un rythme
en écho puis quelques riffs reverbérés et un solo de guitare,
viennent égayer l’ensemble d’un romantisme sombre. Oscillant
entre riffs, piano et couplet basse/batterie, The Shore Of Silence ajoute
une touche expérimentale, avec Burning Bridge, ces titres
auraient toute leur place sur un album de rock gothique. Plus électro-acoustique,
Give And Take, puis Descend sont les titres
les plus nerveux de l’album. Dans son agencement Gravity
ne sera pas sans rappeler FINGER 11, tout en ne dérogeant pas au pessimisme
ambiant et une certaine amertume. Ce type d’album ne respire pas la gaieté,
passablement « tristounet » il ne faut pas envisager son écoute
un jour de temps maussade après une mauvaise nouvelle ! Bien que très
(trop) propre, il y manque à mon goût, une bonne dose d’énergie
et me laisse sur un sentiment partagé, bien que parfaitement réalisé.
De nature optimiste, j’admet avoir quelques difficultés à
aborder ce type d’album, un peu sinistre, compos apparemment flatteuses
mais étonnamment ficelées, mais il doit y avoir amateurs ?
Highlights : The End, The White Of Our Lies, Timeless,
Immune, Burning Bridge, Descend.
Tracklist :
01. The End
02. Timeless
03. The White Of Our Lies
04. Immune
05. Give And Take
06. Burning Bridge
07. Gravity
08. Fractured
09. Descend
10. The Shore Of Silence
11. Tears Of Rain
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