Inespérée, cette réédition ! Certes,
PREVIEW jouit toujours d'une belle réputation auprès des fans
d'AOR les plus scrupuleux, mais de là à imaginer qu'un label puisse
miser de l'argent dessus, alors que sa notoriété reste quand même
plutôt limitée même dans notre petit milieu, tout ça
semblait bien peu probable il y a encore quelques années. Heureusement,
les logiques commerciales ne sont pas toujours prioritaires pour les labels
indépendants comme Rock Candy, à qui l'on doit déjà
quelques jolies raretés. Formé autour de l'excellent chanteur
Jon Fiore - qu'on retrouvera bien plus tard dans FIORE, avec une voix radicalement
plus rauque (!) - par les frères Danny et Ernie Gold, le groupe prit
tout son temps pour cheminer vers son premier album. Comme bien des groupes,
Preview a fait ses armes en écumant les clubs du circuit New-Yorkais
et de ses environs. Des premières parties prestigieuses suivirent assez
vite (Southside Johnny...), puis vint le stade de l'enregistrement. Les premières
démos circulaient et commençaient à intéresser nombre
de labels lorsque le groupe fut présenté au célèbre
directeur artistique John Kalodner. C'est lui qui offrira au jeune groupe les
services du producteur star Keith Olsen (Pat Benatar, Rick Springfield, Fleetwood
Mac...). Cette succession de bonnes rencontres ne s'arrêtera pas là.
L'album enregistré, le groupe décrochait la première partie
de PAT BENATAR sur la tournée Get Nervous. L'album n'était
pas encore sorti, mais le groupe commençait à goûter au
succès devant des assemblées de plus de 15.000 personnes chaque
soir. Preview obtenait malgré son absence de notoriété
un bon retour de la part des fans de la reine du rock, succès qui aura
du mal à se traduire ensuite par des ventes conséquentes, faute
de promotion suffisante de la part de Geffen qui avait déjà dilapidé
son budget à peaufiner le rendu de l'album dont l'enregistrement et la
post production s'étaient éternisé. Curieuse stratégie
pour obtenir un retour sur investissement, et dommage pour le groupe qui s'était
donné sans compter pour un résultat final quasi nul. Ce qui n'était
pas le cas de l'album, qui, lui, présentait un AOR racé et frais,
dans l'esprit de groupes comme SHELTER (la voix de Fiore n'étant à
cette époque pas si éloignée de Joe Lamont) ou CHARLIE.
Un subtile dosage entre guitares incisives et claviers cajoleurs. Et puis une
bonne dose de petits hits comme Red Lights, Open Up Your Heart
(tous deux appuyés par des riffs plutôt mordants pour le style),
ou encore, dans un registre plus léger, All Night et
So Blind. Les refrains étaient particulièrement
travaillés, et sans dégager un gros hit fracassant, tous les titres
ou presque avaient vocation à devenir de potentiels singles. C'est par
exemple le cas de la cajoleuse ballade Running Back, ou des
plus mordants Love Finds A Way - et ses claviers quelque part
entre TOTO et BON JOVI - et Can't You See. On notera par ailleurs
la présence du claviériste Alan Pasqua (futur GIANT / VAN STEPHENSON...)
pour épauler le talentueux Ernie Gold dans l'écriture de plusieurs
titres. L'album finira par émerger timidement dans les charts, mais trop
tard. Les retards de calendrier amèneront le groupe comme le label à
progressivement lâcher prise. Un coup d'arrêt sera marqué
par le départ de Jon Fiore (qui tentera un carrière solo un an
plus tard, avortée avant la sortie d'un album, le seul témoignage
de cette époque étant l'excellent morceau titre du film The Heavenly
Kid), même si le groupe continuera à vivoter de nombreuses années
durant avec une kyrielle de chanteurs en devenir : Louie Merlino (futur BEGGARS
& THIEVES), Steve Augeri (futur TALL STORIES et bien sûr JOURNEY)
et enfin Phil Naro (ex-TALAS...). Bref, du beau monde, et probablement encore
de belles mélodies en gestation, mais hélas pas de successeur
à cet excellent premier album.
Highlights : quasiment tous les titres
Tracklist :
01. All Night
02. Open Your Heart
03. So Blind
04. Running Back
05. Never Hold Back
06. Red Lights
07. Can't Stop The Feeling
08. Love Finds A Way
09. Can't You See
10. It's Over
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