Les canadiens de FINGER ELEVEN nous gratifient d’un album dont on pourrait dire, qu’il a, encore, un goût prononcé pour le mélange des genres. Que de variations dans leur démarche depuis 1994, (alors âgés de seize ans), d’abord sous le nom de RAINBOW BUTT MONKEYS où on les classait dans le Nu Metal, puis sous le nom de Finger Eleven, en 1998 avec l’album Tip plutôt Néo Metal/Grunge, puis, The Greyest Of Blue Skies en 2000, dynamique et corrosif, mais avec une touche certaine de rock moderne plus tempéré et expérimental. En 2003 avec III (s/t) l’orientation se voulait plus Hard Rock alternatif avec de nombreuses plages acoustiques et enfin depuis le 6 Mars 2007, Them Vs. You Vs. Me, nous propose des références fortement teintées de hard rock 70’s à peine remanié par des guitares « rouleau compresseur » et l’adjonction expérimentale de babioles électro-synthétiques aériennes et de passages ou de titres intégralement acoustiques, souvent atmosphériques, toujours dans ce même esprit, milieu des années 70. On les sait donc capables de conjuguer, blindage de riffs sans concession à la construction minutieuse, rythmiques groovy presque funk, vocaux d’exception sur des titres courts aux mélodies entraînantes, d’accès facile, calibrés radio, le tout, couronné par un son et une production soignées. Le titre phare Paralyzer ne me contredira pas, les modifications intelligentes ne nuisent pas à l’énergie, elles ne rajoutent que conviction et une solide maîtrise des compos clairement diversifiées. Falling On et ses guitares aux riffs 70’s et son plan de basse groovy permettent à Scott Anderson d’évoluer dans le registre des pépites vocales. La ballade électro acoustique I’ll Keep Your Memory Vague, aérienne, manie avec délectation, personnalité attachante, richesse des sonorités et mélodies inhabituelles. Rock électro acoustique boosté pour Lost My Way à la frontière de l’A.O.R. avec un pont atmosphérique de claviers, comme dans So So Suicide et les mid tempo Taking To The Wall et Gather And Give aux connotations hard rock 70’s avec rythmiques et chorus de guitare nostalgiques. La ballade Window Song nous entraîne plutôt vers les rivages PINK FLOYDiens, atmosphérique et limpide et surtout peu commune dans les mouvances actuelles. Talent technique et grande originalité pour Sense Of A Spark, breaks agencés à la perfection, un titre incontournable. Intro de claviers pour l’acoustique Change The World aux vocaux peaufinés, étonnants, talentueux, qui pourraient rappeler parfois les premiers albums de PETER GABRIEL. Retour à la grande tradition du hard rock à la LED ZEP pour Easy Life alliant énergie et mid tempo acoustique aux accents psychédéliques et quelle voix ! Une certitude, Finger Eleven c’est une expérience, ils ne s’embarrassent pas d’étiquettes ou d’un style prédéfini, quitte à modifier à chaque album leur auditoire, leur talent suffit, quelle surprise nous réservent-ils à l’avenir ?