Comme pour clôturer un cycle, PAIN OF SALVATION a donné le 12
mai 2003 (d'où le titre 12:5) un concert acoustique sur ses
terres natales. Loin de chercher la facilité et la simple performance
live, le groupe revisite chacun de ses titres, les réarrange, les remanie
pour leur donner une nouvelle identité. Sublime d'un bout à
l'autre des 16 titres, ce live est la captation d'un moment rare, auxquel
on aurait voulu être associé. Trois mouvements - « Genesis
», « Genesister » et « Genesinister » - articulent
ce live empruntant dans l'intégralité de la discographie du
groupe. Après quelques effets d’annonce alléchants et
un tracklisting elliptique, l’album en question se révéle
n’être qu’un « unplugged », déguisant
sous des titres mystérieux des morceaux déjà connus,
tirés de tous leurs albums électriques. Commençons donc
par le début avec Living Entropia une véritable
claque, ce morceau en est meme meilleur qu'en studio avec son passage instrumental
de toute beauté, et cette voix hors du commun. Un superbe travail de
réarrangement, sans conteste mon morceau préféré
de l'album. Le groupe revisite cependant de nombreuses compositions, aucune
n’étant laissée vierge d’arrangements originaux,
nouvelles introductions comme sur Undertow, Daniel Gildenlöw
chante/murmure superbement dans son style si spécial. En rendant ce
sublime titre plus intimiste avec l'ajout d'un violoncelle, le groupe le transcende
littéralement en le remaniant de tous les côtés. Courte
improvisation sur Chainsling, ce morceau n'a pas besoin de
remaniement pour convaincre, complètement taillé pour l'acoustique,
ce morceau de Remedy Lane est embelli par des parties de guitare
jouissives et un Johan Hallgren qui vient épauler Daniel au chant.
Si des titres sublimes comme Oblivion Ocean ou l'implacable
Dryad Of The Woods trouvaient naturellement leur place sur
12:5, certains autres surprennent, le plus souvent agréablement
: qui aurait pu envisager que des titres rapides, comme Reconciliation,
ou des compositions aussi techniques qu’ Idioglossia
pourraient passer le test de l’acoustique ? Le piano de Frederik Hermansson
et les nombreux chœurs ajoutés permettent de donner aux morceaux
la densité qu’ils avaient dans leur version originale. Au fur
et à mesure de l’écoute, cette idée paraît
tout aussi ludique car le travail réalisé sur les morceaux n’est
pas une simple retranscription. Un véritable processus de réécriture
a été réalisé pour permettre, soit de ne pas perdre
toute l’énergie des pistes rapides et puissantes, soit de faire
ressentir différemment certains morceaux. Les points forts de cet opus
sont les chants qui ont pris encore plus de poids avec ce qui semble être
deux ou trois voix alternant ou se mélangeant. Celui de Daniel Gildenlow
qui est évidemment privilégié, s’effaçant
parfois au profit d’un chant plus rugueux et réalisant des envolées
en avant et arrière plan toujours aussi percutantes. L'aspect vocal
est poussé à son paroxysme, les chœurs s'emballent, se
recoupent, les tonalités s'imbriquent et la vibration engendrée
par cette communion entre un groupe et son public atteint le plus profond
de notre être. Le disque live peut être la solution de facilité.
Pain Of Salvation en fait un exercice périlleux et s'en sort avec maestria,
avec une élégance à faire pleurer les suiveurs. 12:5
est un moment à part, superbe et profond, excessif dans son impact
et doux par sa volupté. Il n’en reste pas moins que c’est
évidemment Gildenlöw qui est au cœur du disque, tant sa voix
est sublime, ici plus à nu que jamais, il réinvente carrément
tous les titres. Ceux qui s’émerveillent de son talent ne peuvent
décemment pas passer à côté de cette prestation,
vous vous amuserez même à retrouver les titres originaux cachés
derrière des titres parfois méconnaissables. Une galette toute
en nuance et d’une précision impressionnante.
Tracklist :
01. Brickwork I
02. Brickwork II
03. Brickwork III
04. Brickwork IV
05. Brickwork V
06. Winning A War
07. Reconciliation
08. Dryad of the Woods
09. Oblivion Ocean
10. Undertow
11. Chainsling
12. Brickwork VI
13. Brickwork VII
14. Brickwork VIII
15. Brickwork IX
16. Brickwork X