Un album éponyme pour une renaissance, on pourrait presque s'en tenir
à cette formule pour résumer ce disque. En près d'une
décennie, depuis la fin des années 60, FLEETWOOD MAC aura connu
moults changements de line up (seuls les métronomes Mick Fleetwood
/ John McVie n'ont jamais laché leurs postes depuis la fondation du
groupe en 1967 !), mais assez peu de changement musical en dépit du
nombre impressionnant de leaders d'écriture qui se seront succédé
au fil du temps. En gros, on avait affaire à du blues rock durant la
première vie de Fleetwood Mac, mais avec l'arrivée du couple
Nicks / Buckingham, le groupe d'origine anglaise relocalisé un an plus
tôt en Californie allait faire peau neuve et décupler son attrait
commercial. Pour le fan de pop/rock que je suis (et accessoirement fidèle
disciple de STEVIE NICKS), c'est bien avec cet album éponyme que la
discographie de Fleetwood Mac commence. Malgré trois fortes individualités
pour se partager le chant et les compositions, Fleetwood Mac se présentait
sous une forme étonnament cohérente, chaque chanteur pouvant
revendiquer une part de l'identité du groupe, tout en composant un
tout presque indissociable. Stevie Nicks apportait la magie et l'émotion
à fleur de peau, tandis que Lindsay Buckingham donnait un côté
un peu expérimental au groupe, tout au moins l'impression d'un combo
qui aimait prendre quelques risques. Christine McVie, par la douceur de sa
voix et son aptitude à composer de belles mélodies, complétait
quant à elle parfaitement le duo fraichement recruté. Et à
trio magique, compos à l'avenant, car même si au premier abord
cet album ne semble pas contenir de hits aussi forts que n'en proposera le
mythique Rumours, ce disque faisait déjà beaucoup d'éclats,
et se démarquait de la concurrence par une certaine avance sur son
époque ; le fait est que plus de 30 ans après sa sortie, cet
album n'a pas tellement vieilli. Un titre comme le fabuleux Rhiannon
(habité comme il se doit par le pouvoir enchanteur de Stevie Nicks)
en témoigne, tout comme le très aérien I'm So
Afraid, fort du talent avant-gardiste de Buckingham qui pour le coup
semblait assez visionnaire du son 80's. A contrario, son Monday Morning
sonne incontestablement plus daté, mais n'est pas pour autant désagréable,
loin de là. On retiendra également la superbe ballade acoustique
Landslide - qui, comme toutes les compos de Nicks dans Fleetwood
Mac, préfigurait ses premiers albums solos - ou encore Warm
Ways, tempo lent sur fond de guitare slide à l'atmosphère
fleur bleue, très représentatif de l'oeuvre de Christine McVie
dans Fleetwood Mac. Et puis, pour attester d'un bon dosage entre ballades
et titres plus rythmés, on retiendra l'atmosphère country enjouée
de Blue Letters, compo extérieure au groupe interprétée
par un Buckingham impeccable, sans oublier bien sûr le mid tempo d'une
formidable douceur Over My Head, suintant toute la classe
de McVie, ou encore le plutôt dépouillé mais hyper efficace
World Turning. Au final, on se rend vite à l'évidence
qu'il n'y avait pas plus de déchet sur ce Fleetwood Mac que
sur le futur Rumours, qui allait suivre deux années plus tard,
et faire exploser les records de ventes mondiaux. Sans aucun doute un grand
album des années 70, avec un coté presque intemporel dont sont
loin de pouvoir se targuer tous les groupes de cette époque, tous styles
confondus.
Highlights : Rhiannon, Landsline, Over My Head, I'm So Afraid, World
Turning, Blue Letters...
Tracklist :
01. Monday Morning
02. Warm Ways
03. Blue Letter
04. Rhiannon
05. Over My Head
06. Crystal
07. Say You Love Me
08. Landslide
09. World Turning
10. Sugar Daddy
11. I'm So Afraid