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Avec la découverte des "morceaux mystères",
les supputations sur l'origine de ce nouveau groupe allaient bon train sur le
forum. Certains lui prêtaient des origines scandinaves, américaines,
allemandes ou plus tard françaises. Bingo ! Même si la nationalité
de ces nouveaux venus est loin de sauter aux oreilles d'un point de vue musical,
c'est à Toulouse que ces serviteurs du rock mélodique ont enregistré
par leurs propres moyens mais non sans brio leur premier opus, Theodora.
De groupe, il n'est en fait pas réellement question avec BOGART'S TOUCH.
Ce nom cache en effet un projet d'album mené à terme par deux
hommes : le chanteur Jean-Luc Rumèbe, responsable de quasiment tout sur
ce disque, des compos à l'interprétation de l'essentiel des instruments,
et le guitariste Nicolas Vigé. Peu importe le nombre de participants,
ces deux passionnés ont à l'évidence fait appel à
tout leur coeur pour arriver à un résultat aussi convaincant,
et que peu de groupes hexagonaux sont jusqu'à présent parvenus
à atteindre. Comprenez par là que pour une fois, il sera bien
difficile de prendre ce groupe à la faute : la production est impressionnante
de finesse et de puissance, l'interprétation sans accroc, et surtout,
les compos sentent l'inspiration et reflètent la curiosité musicale
de ces musiciens bien résolus à ne pas se cantonner à une
seule source d'inspiration. La base est bien sûr axée sur le rock
mélodique, avec une certaine touche de modernité sur des titres
comme l'excellent It Brings You Down ou encore Poisoned
Love (les extraits 2 et 4 que vous avez pu découvrir ces dernières
semaines), mais le groupe fait appel à bien d'autres influences, au point
d'avoir quelque peu départagé les membres de Rockmeeting qui s'étaient
prêté au jeu de la découverte à l'aveuglette. D'un
côté, il y avait les mordus de puissance qui en prirent pour leur
grade sur des titres comme le furieux Beauf (et son final à
la BILLY IDOL des beaux jours), ou encore 69 Reasons, d'inspiration
résolument hard US avec sa petite touche d'harmonica en intro, sans oublier,
dans un genre plus hard mélodique, le très entrainant Love
U Inside. Et puis selon les sensibilités, la grande variété
de l'album vient - au choix - déboussoler ou au contraire séduire
l'auditeur sur des compos plus subtiles, plus portées sur l'émotion,
et délivrées pourtant avec un talent inébranlable comme
sur Inside ou le superbe Trademark Daughter,
un titre poignant renforcé par un superbe solo bluesy... Enfin, comme
pour confirmer ce refus de voir leur musique réduite à une appellation,
Jean-Luc et Nicolas s'essaient sur ce disque à des ballades plus jazzy,
un genre qui vraisemblablement n'emportera pas l'adhésion de tous, mais
sur lequel Jean Luc semble se faire bigrement plaisir (les ballades au piano
From The Cradle et Woman Child). On sent un
gros bagage musical chez ces mélomanes aguerris, dans les guitares (pas
avares de beaux solos), et aussi dans le chant de Jean-Luc à l'aise dans
bien des exercices, ce malgré un léger accent perceptible essentiellement
sur les titres les plus calmes, mais en rien dérangeant. Avec autant
de qualités, et une si forte sensibilité, on espère maintenant
que Bogart's Touch trouvera vite un label pour sortir ce premier album qui n'attend
plus que ça. Laisser ce groupe sur le carreau relèverait de l'injustice.
A vous de juger !
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