En tant que fan de la première heure des SCORPIONS,
j’ai particulièrement suivi la trajectoire d’Uli lors de
ses quatre albums studios avec le groupe, et le fameux public Tokyo Tapes
en 1978, mais je dois avouer qu’ensuite j’ai décroché,
suite à son changement total de style, pour ne reprendre contact qu’en
2001 et l’album Legends Of Rock - Live At Donington. Il faut
dire que l’avènement du hard rock dans les années 70 a sonné
la fin du rock psychédélique qui prévalait à la
fin des années soixante. La structure carrée des morceaux a remplacé
les longues improvisations à la guitare, JIMI HENDRIX étant le
symbole de ce style. Autant dire qu’en 1978, quand Uli se met en tête
de remettre Hendrix dans la course avec son groupe solo Electric Sun, il ne
s’agit pas d’un coup commercial, le public était saturé
depuis longtemps de ces longues envolées à la guitare, il s’agit
plutôt d’un sacerdoce, pour ne pas dire une vénération
qui s’adresse à quelques nostalgiques. Mais ce guitariste hors
norme ne s’est pas limité au monde du rock, il a aussi largement
exploré l’univers de la musique classique, il n’a pas été
le premier, puisque les tentatives de fusion avec notamment le métal,
datent des années 70. Par contre son approche est beaucoup plus originale,
car il ne s’agit pas ici de juxtaposition, mais d’intégration
de la guitare au milieu d’instruments classiques, dans des standards de
la musique classique, en se servant par moment de la guitare presque comme d’un
violon. Et c’est tout l’objet du cd n° 1, qui se partage entre
des reprises de titres classiques comme Sensucht (Chopin),
Air De Bach (Bach), Nessun Dorma de Puccini, sur lesquelle
il a écrit des paroles anglaises, puis l’a renommée en Bridge
To Heaven, après avoir ajouté le superbe chant de Tommy
Heart de FAIR WARNING, mais oui !, ou alors certaines de ses propres compositions
qui viennent d’albums comme Beyond The Astral Skies ou Metamorphosis
Of Vivaldi's Four Seasons. Ce travail de virtuose explique pourquoi Yngwie
Malmsteen cite Roth pour être l'un de ses principaux héros et source
d’inspiration. Certains passages peuvent s’avérer un peu
ennuyeux pour le commun des mortels, les spécialistes de la six cordes
apprécieront dans tous les cas sa façon de jouer ce genre de musique
avec une telle dextérité. Une belle vidéo en bonus illustre
en image un de ces morceaux où le maestro joue du classique au milieu
d’un orchestre de charmantes violonistes. Le deuxième cd est davantage
orienté rock, avec les longs développements psychéliques
comme dans les 12 mn de Enola Gay/ Hiroshima Today, des reprises
live comme celles de Hendrix : Voodoo Chile ou Little
Wing, parfaitement exécutées, les chansons d’Electric
Sun, qui révèlent des lacunes dans le chant d’Uli (ce n'est
vraiment pas son fort), ou encore le classique White Room de
CREAM joué en compagnie de Jack Bruce lui-même. Ce double cd a
donc le mérite de résumer la carrière très hétéroclite
d’Uli Jon Roth, qui a choisi une voie peu médiatique, qui lui vaut
l’estime, voire le culte de ses pairs, à défaut d’avoir
touché le grand public. C’est le moyen idéal, en somme,
de découvrir un guitariste d’exception.
Highlights : Voodoo Chile, Little Wing, White Room,
Still So Many Lives Away, Bridge To Heaven
Tracklist :
CD1
01. The Tempest
02. Bridge To Heaven
03. Pegasus
04. Tod Und Zerstörung
05. E Lucevan Le Stelle
06. War Of The Winds
07. Thunder Cadenza
08. Cry Of The Night
09. Starlight
10. Air De Bach
11. Why?
12. I'm A River
13. I'll Be There
14. Sehnsucht
15. The Heart Of Chopin
16. Dance Of The Water Spirits
17. Transfiguration
18. Venga La Vita
19. Aqua Vitae
+ Cry Of The Night [video]
CD2
01. Still So Many Lives Away
02. Winter Days
03. Burning Wheels Turning
04. Fire Wind
05. Enola Gay/ Hiroshima Today
06. Voodoo Chile
07. Little Wing
08. White Room
09. Sky Overture
10. Rondo Alla Turca
11. Aquila : The Eagle And The Rainbow
12. Lethe : River Of Oblivion
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