Le légendaire LESLIE WEST est sûrement plus
connu en tant que guitar hero, membre fondateur du groupe MOUNTAIN, groupe précurseur
de hard rock dans les années 70 avec des standards comme Mississippi
Queen, Nantucket Sleighride et Theme From an Imaginary Western, puis dans un
deuxième temps dans le super groupe West Bruce & Laing, auteur notamment
du novateur à l’époque Why Dontcha. Mais c’est également
un grand amateur de blues, sachant que la frontière entre les deux genres
est loin d’être hermétique, et il s’était ingénié
en 2004 à les mélanger dans le très bon album de hard blues
: Guitarded. En 2005, il s’est carrément tourné
vers le blues avec un album entier, Got Blooze, consacré à
des classiques du genre (voir la chronique de Martyprev). Apparemment la formule
l’a séduit car il remet aujourd’hui le couvert, en changeant
peu de choses, avec ce Blue Me, dont le titre laisse bien augurer du
contenu. C’est Blues Before Sunrise, un morceau de LEROY
CARR, qui a l’honneur d’ouvrir les hostilités, avec un célèbre
riff de slide imaginé par Elmore James. Le soutien rythmique est on ne
peut plus efficace avec un duo de classe mondiale, avec l’inusable Aynsley
Dunbar dont la liste des participations est un vrai dictionnaire, et Tim Fahey
à la basse, le piano swingue au mieux, et surtout, la voix éraillée
de Leslie fait merveille, une vraie voix de bluesman noir dans la peau d’un
blanc ! Le tempo se calme pour I Woke Up This Morning, de GRAHAM
BARNES, avec une suite d’accords déjà immortalisés
par Alvin Lee dans le Sssh de TEN YEARS AFTER en 1969, et que Leslie remet avec
brio au goût du jour. Puis il varie les genres, avec du bon et du moins
bon, le bon, c’est l’énergique Four Day Creep
d’IDA COX, appuyé là aussi par une rythmique carrée
; le moins bon, c’est le standard Hit The Road Jack,
immortalisé entres autres par RAY CHARLES. Ce qui cloche ici, c’est
l’absence de rythmique, il y a un duo guitare-piano un peu austère,
et sans rythmique, ça swingue vraiment peu. Ceci dit, ce choix discutable
ne se reproduira pas, et on a droit dans la foulée à une formidable
version du slow blues Standing Around Crying, de MUDDY WATERS,
avec une ambiance de bar, tard dans la nuit, un superbe solo, une intensité
voix guitare poignante. Notre homme ne pouvait se cantonner aux standards de
blues, et c’est une bonne surprise d’entendre d’abord le riff
du bon vieux standard hard rock de MONTROSE (écrit par Ronnie et Sammy
Hagar) One Thing On My Mind, repris avec une certaine fraîcheur
et enthousiasme. Puis c’est le morceau de FREE (Andy Fraser/Paul Rodgers)
: Woman qui a droit à un dépoussiérage
efficace. Le rock boogie est aussi au programme avec l’excellente version
de Green River du CREEDENCE de John Fogerty, version certainement
la plus « rocailleuse » de l’histoire du morceau. Il y a encore
le Blues profond du sud du Mississippi avec Sinner's Prayer,
de LOWELL FULSON, avec cette guitare qui pleure littéralement et un chant
d’écorché vif, qui nous plonge au cœur des racines
; à noter qu’ici, l’absence de rythmique ne pose pas de problème,
une guitare assure la rythmique, l’autre les solos. Leslie clôt
l’album en beauté en alternant l’énergique Tore
Down, puis le standard plus calme de GERSHWIN : Summertime.
Comme l’album précédent, ce qui frappe au final, c’est
la fraîcheur de l’ensemble qui se dégage de cet album, bien
qu’il s’agisse de reprises de morceaux pour certains beaucoup entendus,
Leslie West parvient à leur redonner un deuxième souffle grâce
à la virtuosité de son jeu, c’est une chose, mais surtout
avec une flamme assez étonnante pour un artiste qui affiche 61 ans au
compteur, alors bien sûr, les amateurs de blues seront comblés,
mais pas seulement, cet album s’adresse à tous les amateurs de
rock classique mais aussi de guitare jouée avec brio.
Highlights :Blues Before Sunrise, One Thing On My Mind,
Tore Down, Green River ...
Tracklist :
01. Blues Before Sunrise
02. I Woke Up This Morning
03. Four Day Creep
04. Hit The Road Jack
05. Standing Around Crying
06. One Thing On My Mind
07. Green River
08. Sinner's Prayer
09. Woman
10. Tore Down
11. Summertime
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