Les « scientifiques » du rock progressif effectuent leur retour après huit années, le précédent opus, Oblivion Days, datant en effet de 1999. Ce groupe avait été formé à la fin des années 80, à l’initiative du claviériste Erik Norlander et du chanteur guitariste Mark McCrite, un premier album Earthbound concrétisant cette association en 1993. Pour le second album en 1995, Brutal Architecture, ils reçoivent le renfort du bassiste Don Schiff, puis après le troisième cd en 1999, plus rien. Cela ne signifie pas pour autant un arrêt des activités de nos « scientifiques », simplement chacun a œuvré sur des projets solo, Erik Norlander ayant été sans nul doute le plus fécond avec pas moins de six albums, dont son tout récent album de reprises, Hommage Symphonique, qui ne m'avait que moyennement convaincu, sans compter les participations dans les albums de sa chère et tendre Lana Lane ! En fait, le trio fondateur a commencé à écrire les titres en 2002, mais la perte de leur batteur, Shaun Guerin, en 2003, avait ensuite mis le projet en sommeil. Et c’est après la tournée pour Lana Lane en 2005 que McCrite, Norlander et Schiff ont remis le processus d’enregistrement en route. Dans le chapitre nouveauté, il faut signaler deux nouveaux musiciens, le batteur Gregg Bissonette, qui a précédemment joué sur le Music Machine de Norlander et Winter Sessions de Lana Lane, et David McBee qui fait office de deuxième chanteur, sa vocation hard rock apportant un contraste intéressant aux vocaux un peu lisses de McCrite, la complémentarité jouant à plein. La production efficace d’Erik Norlander met en valeur ce long album d’une heure et quarante minutes, qui n’est pas pour autant un abum concept, et qui est même plutôt diversifié. Le puissant Sky Is Falling ouvre brillamment les hostilités dans un style ELP, suivi par le heavy Dream In Red qui donne une coloration métal à l’album. La ballade Better View est surtout l’occasion de rendre un hommage posthume à Shaun Guerin, dont la frappe, qui avait été enregistrée, a été ici utilisée. Deux reprises sont au programme : Gypsy des MOODY BLUES, et UFO S.H.A.D.O. Theme tiré d’une série de science fiction des années 70. S’il y a quelques lourdeurs démonstratives comme dans Outside The Painted Walls, Savor Every Moment, Hold That Thought, il y a une majorité de réussites, au rang desquelles l’éponyme Revolution Road, mais aussi Ptolemy et ses lignes de synthé, et les PINK FLOYD-iens Enjoy The Weather et After The Revolution, dans lesquels Norlander, comme sur tout l’album, n’abuse pas des claviers, mais laisse au contraire de larges plages à de très beaux soli de guitare. Un superbe livret accompagne par ailleurs cette belle pièce de neo prog US, qui ravira les amateurs du genre.