La retraite à 60 ans, voila un slogan qui ne semble pas être à l’ordre du jour de Lemmy, au bout de 37 ans de… cotisations au rock’n’roll. Cela semble éloigné, mais Lemmy a effectivement une première vie dans le space rock avec le groupe HAWKWIND formé en 1969, et a participé avec ce groupe au tube interstellaire Silver Machine en 1972, son jeu de basse était déjà très au point. Et en 1975, lorsqu’il forme MOTORHEAD, c’est avec un ancien guitariste du groupe UFO, à l’époque aussi dans le space rock : Larry Wallis. Depuis le groupe a eu le temps de forger son style dans un métal plutôt brut de coffrage, avec une discographie inégale comptant malgré tout bon nombre de classiques. Plunk avait souligné le retour en forme avec Inferno en 2004, après quelques albums de moindre intérêt. Cette dynamique est toujours présente ici, avec tous les ingrédients et le line-up habituels, un son béton, la voix de Lemmy en forme, et des compositions de bon niveau. Et donc, cet album vient démontrer que les fondateurs de l’école britannique des seventies sont au meilleur de leur forme, avec les bonnes productions de Deep Purple l’an dernier et UFO actuellement. Alors il y a toujours l’artillerie lourde, avec ce son caractéristique basé sur la basse saturée de Lemmy, bien complété par le jeu de Phil Campbell, qui sait au besoin se faire mélodique. Cette artillerie est dégainée dès Sucker, puis se déploie sur quelques titres qui se détachent, comme les énergiques Trigger, Devil I Know, Christine (du pur rock’n’roll pour un nouveau hit), Sword Of Glory. Mais ceux qui imaginent Motorhead comme uniquement un déferlement de riffs, pourront réviser leur jugement au travers de cet opus, le groupe sachant aussi varier les tempos et se faire plus calme au besoin. Il y a notamment l’entraînant mid tempo Under The Gun qui est prétexte à quelques belles envolées de guitare solo, Living In The Past, et surtout le clou de l’album, la ballade, oui, j’ai bien dit la ballade, God Was Never On Your Side, qui est un vrai morceau d’anthologie, où Lemmy utilise sa voix d’une manière plus harmonieuse ou émotionnelle, il y a là un vrai potentiel mélodique avec là aussi un beau solo de guitare, sans pour autant espérer voir le groupe se convertir au hard FM. A noter aussi deux invités qui ont contribué a diversifier un peu le style : le guitariste de POISON : CC Deville et le bassiste d’ALICE IN CHAINS : Mike Inez. Les fans du groupe adoreront donc certainement cet album, quant aux autres, laissez vous tenter par quelques écoutes, c’est peut être le moment pour se brancher sur ce groupe légendaire, à qui on ne peut reprocher de faire la moindre concession au système.