La reformation de TRUST aura été la grosse
surprise dans l’hexagone en 2006, surtout après la séparation
houleuse en 2000. Cette séparation avait donné lieu à une
bataille juridique entre Bernie et Nono. Ce n’est pas le premier come-back,
les précédents datant de 1988, puis 1997, avec l’album Europe
et Haine, d’assez bonne facture. La tournée qui suivit ne
fera par contre pas l’unanimité. En 2006, l’élément
déclencheur vient des organisateurs du festival des Terres Neuves dans
les Côtes d’Armor, un festival qui rassemble des dizaines de milliers
de personnes avec une programmation de grande qualité. Ces organisateurs
ont fait une offre conséquente pour que cette reformation se fasse à
l’occasion du festival. Bernie (peut être lassé par sa dernière
expérience cinématographique pas forcément concluante)
et Nono (Johnny se passera de lui) ont alors enterré les vieilles querelles
et ont relevé le challenge, dans des conditions qui semblaient pour le
moins délicates : reformer un nouveau line-up, programmer dix jours de
répétition maximum, et mettre en piste une équipe pour
filmer le concert pour un dvd. Cerise sur le gâteau, le line-up rassemblé
pour l’occasion voit le retour en force d’une rythmique de choc
avec aux fûts Farid Medjane et à la basse Vivien Brusco, celle
qui s’était illustrée au Zénith en 1988. Cette rythmique
bénéficie qui plus est d’un son énorme, un son dont
le groupe n’avait jamais bénéficié à ce jour.
Iso complète l’équipe, seconde Nono à la guitare
et se charge de la programmation. Quant aux deux anciens et piliers du groupe,
la silhouette de Bernie s’est un peu arrondie, mais la voix est toujours
là, intacte, revendicatrice, toujours prête à défendre
les causes perdues, et les riffs de Nono sont toujours percutants et incisifs.
Au niveau set-list, le choix s’est porté sur les titres les plus
vindicatifs du groupe, sur l’ensemble de leur carrière, mis à
part l’album Ni Dieu Ni Maître. Cependant, sur cet opus,
5 morceaux joués pendant le concert n’ont malheureusement pas été
retenus : Les Templiers, Surveilles Ton Look et Le Temps Efface Tout , puis
Sors Tes Griffes et le medley blues qui eux sont sur le DVD du même nom.
Ce cd a par contre l’avantage de présenter les trois nouveaux morceaux
en studio, trois morceaux qui ont déjà déclenché
les polémiques chez les fans pour le moins partagés. Trust a modernisé
sa musique, et cette évolution n’est pas unanimement appréciée
des fans, dont certains ont forcément l’âge de Bernie, 50
ans cette année. C’est oublier que le groupe a été
novateur quand il a lancé son heavy métal dans les médias
très axés variété de l’époque. Et nos
quinquas montrent que le conservatisme n’est pas une question d’âge,
et n’hésitent pas à intégrer quelques éléments
issus des styles musicaux actuels, pour une fusion ou un cross-over, qui reste
quand même en deçà de ce que peut proposer un groupe comme
WALTARI. Chaude Est La Foule donne d’emblée le
ton, avec une intro indus, puis les arrangements viennent s’intégrer
au morceau, avec des samples électro, le chant de Bernie est d’abord
parlé, presque rap, puis dans le refrain, des effets vocoder viennent
s’ajouter à la voix, les riffs sont heavy, Nono glisse un solo
sur la fin du titre. La Mort Rôde alterne des passages
calmes avec d’autres plus énervés lors du refrain, dans
lequel Bernie jette toute sa hargne, et là aussi Nono nous gratifie d’un
superbe solo au final du titre. Puis c’est le déjà polémique
Sarkoland, sur la base d’une phrase très médiatisée
de Sarkozy. Côté musical, la structure est plus dans le style hard
rock habituel avec un refrain accrocheur assez classique, les couplets ayant
encore droit à quelques samples discrets, et sur la fin le refrain enflammé
de Bernie est doublé par un soli de Nono qui joue carrément avec
la Marseillaise. Côté textes, certains reprochent un propos démagogique,
il y a du vrai là dessous, mais c’est oublier que depuis leurs
débuts, c’est une des spécialités du groupe. Alors
on ne se prononcera pas ici sur le bien fondé des lyrics, qui font partie
de l’imagerie, à chacun d’en juger ; mais des slogans comme
: « au lieu de brûler les voitures, usez vos voix, votez »,
glissé avant le titre Fatalité, ne peuvent pas
nuire à la démocratie. Comme d’habitude le groupe ne laissera
donc pas indifférent, et cette galette sera appréciée sans
demi mesure, mais une bonne partie des fans de la première heure devraient
trouver leur compte dans le set en public, et les plus aventureux ou les plus
jeunes pourront se laisser séduire par le hard-rock modernisé
proposé dans les trois nouveaux morceaux en studio.
Highlights : tous (les classiques + les 3 studios)
Tracklist :
01. Le Mitard
02. Palace
03. Au Nom De La Race
04. Fatalité
05. On Lèche, On Lâche, On Lynche
06. Par Compromission
07. Fais Où On Te Dit De Faire
08. Tout Ce Qui Est Bon Est Mal
09. Instinct De Mort
10. Police Milice
11. Préfabriqués/l'élite/bosser 8 Heures
12. Antisocial
13. Chaude Est La Foule [inédit studio]
14. La Mort Rôde [inédit studio]
15. Sarkoland (la France On L'aime Ou On La Quitte) [inédit studio]
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