Après Reimagine en 2005, qui avait marqué le retour en forme d’un line-up stabilisé, que nous avions salué, les Hollandais nous reviennent avec cet album sobrement intitulé … After Forever. Les hasards du calendrier font que cette sortie coïncide avec celle de leurs compatriotes de WITHIN TEMPTATION, chef de file du mouvement gothique, qui fort de son statut commercial, a délibérément évité toute prise de risque et sorti un album finalement assez convenu et manquant un peu de sel. La tentation est donc forte de comparer ces deux productions, et force est de constater que l’outsider, après un changement de label pour Nuclear Blast, nous revient avec un opus majeur, supérieur au précédent, et dans lequel la bande à Floor Jansen n’hésite pas à innover, pour un résultat bien plus brillant que le favori ! Pour en arriver là, aucun détail n’a été négligé, belle pochette, production géante, et cerise sur le gâteau, superbes orchestrations incluant la prestation de l'orchestre symphonique de Prague. Mais c’est surtout au niveau des compositions que le résultant est renversant grâce à une grande diversité de styles. Il y a bien sûr le single, le titre accrocheur, Energize Me, qui semble facile, mais qui, de l’aveu du groupe, reste le plus ardu à composer, et le résultat est là, il vous prend dès la première écoute et ne vous lâche plus. A ranger également dans les hits d’accès facile, Discord, en ouverture dévoile l’excellence du groupe à mélanger les orchestrations classiques avec les parties électriques, ponctuées de growls savamment dosés, le tout sur de superbes lignes mélodiques. Dans la même veine, il y a Evoke, ou Withering Time qui s’appuie sur le chant lyrique de Floor, ou encore le superbe Who I Am, rehaussé par le chant de DORO en duo avec Floor, et ponctué de sonorités orientales. Et puis il y a les titres plus complexes, limite progressifs, qui nécessitent bon nombre d’écoutes, chacune de celle-ci dévoilant de nouveaux détails, dans une musique qui en regorge. De-Energized en est un bel exemple, avec une belle intro symphonique en contraste avec le chant death, et un chant lyrique qui s’ouvre sur des échanges clavier guitares sublimés par une batterie énorme, à noter la participation de Jeff Waters (ANNIHILATOR). Dreamflight développe, quant à lui, pendant plus de onze minutes, de superbes parties instrumentales parfois violentes, parfois atmosphériques, mettant en valeur la formidable capacité de Floor à exprimer au travers de sa voix tous les sentiments, de la colère à l’apaisement, en passant par le chant lyrique, la belle est incontestablement ici au sommet de son art. Mais cela ne saurait éclipser la performance de tout le groupe, la rythmique, les claviers et guitares sont imaginatifs, et l’on devine un formidable travail collectif. Et pour en terminer avec cette diversité de talents, citons l’émouvante ballade Cry With A Smile et l’intense et heavy Transitory. En conclusion, cet opus renvoie la concurrence à des années lumière et donne un nouveau souffle au genre, l’équilibre entre les éléments gothiques, heavy et progressifs, dans un métal symphonique des plus mélodiques, n’était jamais arrivé a un tel degré de maturité. Tout simplement magistral.