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 SURVIVOR

C'est presque le miracle de l'année, la légende SURVIVOR est de retour après 18 ans de silence radio. Quel est l'état d'esprit de son seul membre fondateur rescapé Frankie Sullivan ? A-t-il toujours l'oeil du tigre ? Le guitariste a eu la gentillesse de donner de son temps à nous autres fans francophones. Et comme vous pourrez le constater, le bougre ne fait pas les choses à moitié ! Respirez un grand coup, et bonne lecture !

Bonjour Frankie. D’abord, merci d’accorder un peu de ton temps à tes fans francophones. Je peux te dire que Survivor a beaucoup d’adeptes sur Rockmeeting !
Frankie Sullivan :
C’est super ! J’ai toujours aimé venir flâner en France. Faire une tournée chez vous serait tout simplement génial !

Je pense que tout le monde, dans le milieu AOR, est ravi de voir Survivor revenir avec de la nouvelle musique après 18 années de silence. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps ?
WOW ! Ca commence fort ! Très bonne question, et je n’ai pas de très bonne réponse à fournir. Il y avait longtemps que je voulais faire une pause. Quand le groupe s’est plus ou moins séparé en 1989, je suis resté environ 6 ans sans jouer avec. Je passais tout mon temps en studio à écrire et produire de nouveaux et jeunes groupes. Il me semblait que c’était une pause bien méritée, et puis j’aime bien rendre service. Chaque fois que je peux aider un artiste, je m’y consacre complètement. Du coup, j’ai un peu pris le large…

Il y a quelques années, j’avais lu que toi et Jimi vous orientiez plus vers le blues. Pensiez-vous à cette époque qu’il n’y avait plus rien à faire dans le rock mélodique ?
Ce n’était pas Jimi, bien qu’il soit excellent pour chanter du blues, c’était seulement moi. Mes racines en tant que guitariste me ramènent au blues, et particulièrement lorsque j’avais 14-15 ans. J’ai grandi dans la plus grande ville blues au monde : Chicago ! Cette ville a eu un impact sur les goûts de musiciens tels que Eric Clapton ou Jeff Beck. Et bien sûr, le même virus m’a frappé, et on le retrouve au cœur de mon jeu qui a toujours été basé sur le blues.

Quel a été le déclic qui t’a fait revenir à l’AOR ?
Le déclic, c’est que je ne l’ai jamais laissé tomber ! J’aime ce que je fais et j’aime cette musique. On était simplement arrivé au point où j’avais le sentiment que ce qui se faisait manquait de spontanéité, et la musique finissait par jouer un rôle de plus en plus mince au fil du temps. A force, il n’y avait plus que MTV qui comptait, mais plus du tout la musique. C’est une chose que je déplorais, je n’ai jamais aimé cette partie du métier à l’époque. J’avais aussi l’impression de ne pas être suffisamment reconnu pour ce que je faisais dans Survivor. Je faisais plus que ma part, j’avais beaucoup appris des excellents producteurs et ingénieurs avec qui nous avions travaillé, pour finir par devenir co-producteur. Pourtant, Survivor était toujours considéré comme le groupe de Jim Peterik, et rien n’était plus éloigné de la vérité. Survivor était comme tous les autres groupes. Jim et moi avions écrit des morceaux très forts, mais nous restions quand même un groupe. Même à la fin, nous nous comportions comme un groupe ! J’ai donc finalement trouvé très attractif de revenir débarrassé des clichés du passé. Et me voilà…

Tu chantes deux titres sur le nouvel album. Je crois qu’il s’agit d’une première pour toi au sein de Survivor. Avais-tu déjà chanté pour un groupe ou ailleurs auparavant ?
Ce n’est pas la première fois, car oui, j’avais déjà chanté avant. J’ai simplement toujours eu la chance de travailler avec de grands chanteurs. Quand nous nous sommes retrouvé avec Jim Jamison, je réfléchissais beaucoup sur la relation entre la guitare et la voix. Ca t’aide à progresser quand tu te laisses guider par une voix de cette trempe. Jim était la crème pour moi ! Les chansons que je chante sont ce qu’elles sont : vraies et authentiques. J’ai écrit Nevertheless avec mon partenaire de plus de vingt ans, Jim Peterik, et lui et moi l’avions écrit pour moi sans en avoir conscience jusqu’à ce que nous fassions la démo. Si bien que lorsque l’heure était venue de la mettre sur cet album, je sentais très bien la mélodie, et la façon de la chanter. En fait, j’adore ce titre. Il balance !

Je crois que Frontiers n’était pas vraiment enthousiaste à l’idée d’inclure Nevertheless à l’album. Comment les as-tu convaincu ?
Ca aurait été une erreur de ne pas mettre ce titre sur ce cd. Je veux dire, quel intérêt si celui qui crée ne peut pas créer ? Ils n’en voulaient pas sur le cd, mais nous avons lourdement insisté. Et au bout du compte, aussi drôle que ça peut paraître, il y a de très bonnes critiques sur Nevertheless ! Frontiers pensait que ça sonnait trop Goo Goo Dolls… Si seulement nous étions aussi chanceux !

Comment décrirais-tu cette chanson?
C’est un hymne invitant à ne jamais renoncer, ne jamais s’avouer vaincu. Faire les choses comme on l’entend, et non comme on nous demande de les faire. Nous sommes tous libres, et personne ne peut nous prendre cette liberté, à moins qu’on ne l’abandonne. Renoncer à notre liberté d’agir est insensé. C’est ce qui nous fait aller de l’avant et être ce que nous sommes. C’est ce que veut exprimer Nevertheless. Et ça balance !

Doit-on voir ces deux titres que tu chantes comme une manière d’exprimer ta volonté de t’impliquer davantage en tant que chanteur à l’avenir ?
Non. Je ne me projette jamais dans le futur, particulièrement sur ce genre de chose. J’aime faire les choses au jour le jour et ne pas avoir à regarder vers le futur. Tout ce que j’ai, c’est ma foi en Dieu, et la foi qu’il y aura un avenir pour chacun d’entre nous. Notre avenir ne dépend pas que de nous et on nous le rappelle parfois de façon très dure, tu te souviens du 11 septembre ? Au final, tout ce qu’on a à faire, c’est donner le meilleur de nous-mêmes dans tout ce que nous faisons. C’est comme ça que je fonctionne.

Es-tu cependant intéressé par le fait d’enregistrer tout un album en tant que chanteur, en solo ou dans un groupe ?
J’ai un projet studio de blues en chantier depuis environ sept ans. Je chante dessus, mais avec le blues, ça tient surtout au phrasé. Tu n’as pas besoin d’avoir une grosse voix pop pour le faire. Regarde Robert Johnson. Ce qu’il avait est ce dont on a le plus besoin. La vérité et l’authenticité transpirent de tout ce qu’il a fait. Je pourrais citer les 27 chansons qu’il a enregistrées !

Quelle était votre idée de base quand vous avez commencé à travailler sur Reach ? Vouliez-vous rester proche du son original de Survivor, ou aviez-vous plus envie d’aller au-delà de ça et commencer un nouveau chapitre de Survivor ? Où situerais-tu le résultat final entre ces deux options ?
Je ne pense pas que je puisse situer le résultat final. On se contente de faire ce que l’on sent. Dans mon cas, ça a toujours été écrire et produire. A travers ces deux domaines, j’ai pu influer sur le son de Survivor. Je ne crois pas que nous ayons fait le moindre effort de calcul pour être ou sonner comme Survivor. Merde, nous sommes Survivor ! S’il y a une chose que nous avons refusé d’essayer, c’est d’enregistrer une version « branchée » de Survivor.

Le groupe présente deux nouveaux membres. Ont-ils été impliqués dans le processus d’écriture ?
Eh bien, pas vraiment. Chris Grove travaille à mes côtés depuis plus de 10 ans. C’est un compositeur très talentueux et également un ami proche. Nous avons écrit de très nombreuses idées et chansons ensemble. Il déborde de vie et de passion pour la musique, alors on est bien sûr réceptifs à ses idées. Chris est le seul vrai nouveau membre. Barry n’a pas encore vraiment intégré le groupe. Je pense qu’il est plus que capable et très talentueux, c’est donc de lui que ça dépend. La porte lui est grande ouverte s’il veut entrer et s’intégrer.

Comment avez-vous travaillé sur Reach? Qui a fait quoi ?
En ce qui me concerne, je peux te dire que j’ai travaillé sur Reach de la même manière que sur n’importe quel autre disque. C’était se donner à 110%, et à toute heure. J’ai consacré deux années entières de ma vie pour faire ce disque. Nous avons tous travaillé dur, et j’ai passé quelques mois supplémentaire à le peaufiner, comme le fait tout producteur, plus encore quand il s’agit de ton propre groupe et que tu veux obtenir le le meilleur rendu possible. Ca n’est pas une science exacte, c’est de la musique. En fin de compte, ça se résume à écrire la musique et capter la performance des musiciens.

Avez-vous utilisé uniquement de nouvelles chansons, ou bien aussi quelques anciennes compos jamais exploitées ?
Les deux! C’est la manière dont Survivor fait des disques. Nous avons toujours quelques compos qui nous suivent et nous hantent. A un moment, on devrait finir par les avoir toutes enregistrées. Le titre jamais enregistré dont je me souviens le plus est une chanson intitulée Cry Of The Wild Heart, que Jim Peterik avait écrite. On a trimballé ce titre sur deux albums, ce qui, entre les tournée et les moments d’inactivité, représente environ quatre années. On n’a jamais réussi à l’utiliser sur un album de Survivor.

C’était la première fois que tu composais pour Survivor sans ton partenaire de longue date Jim Peterik. Etait-ce un grand challenge pour toi ?
Si c’en était un ? Je crois qu’il y a 2 ou 3 chansons sur Reach qui sont des compos Peterik/Sullivan. A un moment, et si tu veux faire le meilleur disque possible, ça ne peut pas être négligé. Tu dois avoir l’esprit ouvert à tous les éléments, à la fois passés et présents. Si tu passes en revue tous les titres dont tu disposes avec un esprit ouvert, tu sais qu’après plus de 20 années d’écriture, il y aura une mélodie ou deux qui feront tilt dans ta tête. Ceci étant dit, j’avais senti monter une souffrance en tant que compositeur depuis longtemps. Jim est la personne la plus publique de nous deux, mais dans les faits, et en dehors des albums de Survivor, j’ai toujours su que je n’étais pas reconnu à ma juste valeur. Je ne me suis simplement pas assez mis en avant. Je conçois la musique comme un travail d’équipe, ce qui signifie que c’est l’équipe qui est mise en avant, ou bien ça ne dure pas. Dans le milieu, tout le monde le sait, et le savait, donc je m’y sens à l’aise. De nombreux amis de la profession et directeurs artistiques sont à nos côtés pour nous aider à développer les chansons. Il y avait John Klodner et il a beaucoup fait pour épauler tout le monde. J’avais aussi John Baruck à mes côtés, il a été le manager de Survivor de 1982 à 1990, et à nouveau il y a environ deux ans. Il s’est d’ailleurs occupé de tous mes contrats à cette époque. Au final, ce milieu est plus une affaire de relations que de reflexion d’artiste. Les personnes importantes connaissant bien le milieu, donc on ne les roule pas dans la farine.

As-tu essayé d’impliquer à nouveau Jim dans Survivor ?
Non. Jim a pris une décision, et je pense que c’était la bonne, d’autant qu’elle a été approuvée mutuellement. I’ve read so much in the press that is fairy tale style stories of this and that. I felt that as a person we all do what we need to do to feel whole and fulfilled. It is then and only then we feel our best. It never felt good to notice those after anymore than the beauty of music. Music can heal you if you let it!

As-tu été en contact avec lui dernièrement?
Oui. Le fait est que je viens juste d’être contacté par Jim sur mon BlackBerry [ndlr : ordinateur de poche pour consulter les emails]. Il n’avait pas l’air très en forme. Je lui ai parlé il y a environ un mois, à propos des compos écrites par lui et moi que j’allais mettre sur le cd. Je lui donnais toutes les infos de publication. C’était comme autrefois. On a fini par blaguer à propos de tout ça, on a bien ri. C’était bon de lui parler sans que rien n’ait changé.

Ce nouvel album est l’occasion de revoir Marc Droubay à la batterie. As-tu également essayé de faire revenir Stephan Ellis à la basse ?
En fait, Stephan était revenu jouer avec nous il y a environ un an. C’était à la fois bon et triste. Marc a toujours cette incroyable énergie qui vous écrase comme un si un train vous passait dessus. De son côté, Stephan n’a plus cette énergie. Il a du mal physiquement, et c’était difficile pour nous de l’admettre. Les années ont fini par peser sur lui, sans vouloir l’offenser, et il n’était plus capable de faire son boulot.

Sais-tu ce qu’il est devenu ?
Pas du tout. Aux dernières nouvelles, il vivait dans le Sud de la Californie, et s’y plaisait.

C’est assez amusant de voir que maintenant, Survivor travaille avec le même label que Jim Peterik. As-tu écouté ce qu’il a fait dernièrement avec Pride Of Lions et son dernier album solo qui est sorti quelques semaines avant Reach ?
Non, pas vraiment. Ca n’est pas mon style de musique, alors pourquoi l’écouterais-je (??). Je ne trouve pas ça inhabituel ou amusant de se retrouver sur le même label. J’ai beaucoup de points communs avec Jim, et celui-ci en est simplement un autre pour moi. Reach est un très bon album de Survivor, et ça compte davantage pour nous. Je suis fier de ce que j’ai accompli à la fois dans le passé et actuellement. Jim en fait partie intégrante.

Qu’y a-t-il de prévu maintenant avec Survivor ? Avez-vous signé avec Frontiers pour d’autres albums que celui-ci ?
Cette information regarde Frontiers et notre manager ! Mais ils sont dans l’optique d’une longue collaboration. It is by far no minimum fins spending lets get it out on the streets project. Ils s’appliquent autant que nous le faisons. Je pense qu’on leur a donné matière à travailler. It is not in their hands to do what it is they do best. A partir du moment où l’artiste a fini son travail, en dehors de la promotion, il ne peut plus faire grand chose.

Avez-vous l’intention de rester durablement ?
Ca ne dépend pas de moi !

Est-ce que des dates européennes sont programmées actuellement ?
J’ai entendu des rumeurs, mais je sais que certaines sont à l’étude ! Si ça dépendait de moi, je prendrais mes affaires et j’irais vivre à Londres, pour rester en Europe et y travailler. Travailler et encore travailler. J’aime déjà travailler là-bas, alors y vivre serait génial ! Et puis la scène musicale y semble beaucoup plus ouverte, ce qui peut la rendre meilleure sous certains aspects, que ce qu’elle est en Amérique.

Une dernière question concernant le cd live Extended Versions qui est sorti il y a environ deux ans chez BMG. La dernière fois que j’ai interviewé Jim Peterik, il me disait qu’il n’était pas au courant de sa sortie, et que le label ne l’en avait pas informé. As-tu été prévenu par BMG avant la sortie du cd ?
Non. Cependant, dès que j’aurais fini de répondre à cette interview, je me renseignerai ! Je respecte BMG pour la crédibilité qu’ils ont gagné auprès des artistes. Ils sont très à l’écoute des artistes, et c’est la raison pour laquelle ils remportent un si gros succès même à notre époque. Mais utiliser du matériel sur un groupe sans l’informer ou lui demander son avis est une chose que je déplore. Ca n’est pas normal d’agir de cette manière.

Peut-être que ce sera également une nouvelle pour toi, mais laisse moi te dire que Eye Of The Tiger vient juste d’être repris en France par une chanteuse r’n’b qui s’est fait connaître dans une émission de télé (la version française de American Idol, avec de plus mauvais artiste !!) pour une BO de film. Es-tu fier d’être repris, ou bien est-ce que cela t’ennuie de voir que les gens semblent plus s’intéresser à une mauvaise copie quand ils pourraient avoir la version originale bien plus savoureuse ?
Ca ne m’a jamais tracassé le moins du monde ! Je pense que c’est une bonne chose qu’ils reprennent Tiger.

Etant donné que le film dans lequel la chanson est utilisé sera probablement un succès ici (il s’agit d’une adaptation de la plus populaire BD française : Asterix), la bonne nouvelle, c’est qu’avec un peu de chance, tu toucheras quelques droits d’auteur en provenance de France, et c’est sans doute assez rare pour être signalé ! As-tu un avis sur notre pays, musicalement ou plus généralement ?
Ca n’est pas si rare du tout ! Je touche des royalties régulièrement en provenance d’autres pays. Ce que j’aimerais voir se réaliser, c’est qu’on nous ouvre des portes pour qu’on puisse venir et TOURNER EN FRANCE ! C’est ce que j’appelerais une belle opportunité !

Pour finir de manière plus légère, j’étais surpris de voir comme tu parais toujours jeune sur les nouvelles photos promo. Quel est ton secret ? ;-)
Eh bien, merci du compliment ! Je ne me regarde jamais de l’extérieur, car pour moi, ce qui compte se passe vraiment à l’intérieur. Je pense que cette société se focalise vraiment trop sur l’apparence physique. A mon avis, il suffit d’être authentique. Je fais du tae bo [ndlr : sorte de mélange entre aerobic et arts martiaux] 6 fois par semaine et j’aime beaucoup Billy Blanks [ndlr : l’inventeur de la discipline]. C’est un ami à moi, et j’admire sa façon d’être et son amour de la vie. Il lui arrive aussi de me botter le cul à l’entrainement ! Et puis le dimanche, si je suis assez chanceux, je vais retrouver un autre membre de la famille Blanks, Michael, tôt le matin, et on utilise sa piste d’entrainement. Ca n’est pas facile de rester en forme. Parfois, c’est tentant de se mettre au régime chips, coca, gâteau et crème glacée. Mais je ne peux pas. Mais au fait, quel âge tu crois que j’ai ??!! Ha !!

Pas tant que ça ;-) Merci beaucoup, Frankie.


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© Rockmeeting.com - Avril 2006

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