Le principal reproche fait à LIFEHOUSE est son évolution
vers une pop/rock mélancolique quelque peu éloignée de
ses fracassants débuts (rappelez vous l'énorme tube Hangin By
A Moment et son énergie brute). Peut-être Jason Wade s'est-il senti
menacé après le relatif échec commercial du deuxième
album et a voulu rechercher à tout prix le hit single ce qui fut fait
avec la ballade You And Me, gros succès Outre Atlantique et grâce
à laquelle le groupe a sauvé sa peau (l'album a frisé le
million de copies). Le problème avec ce genre de manoeuvre, c'est que
l'on risque de perdre tout ou partie de son auditorat le plus fidèle
pour ne gagner qu'un public labile qui se désistera pour le prochain
groupe en vogue du moment. On annonçait un album plus rock : je confirme,
surtout par rapport à l'album précédent (pas difficile,
il faut dire). Les compositions sont surtout plus variées même
si la patte Lifehouse est très (trop?) présente et si une fois
de plus on aurait préféré une production moins policée,
plus agressive encore avec un son de guitares plus consistant. La faute à
Jude Cole dont la carrière solo était franchement pop ? Ron Aniello
et Brendan O'Brien responsables du son des débuts ne sont plus aux commandes
et le côté alternatif moins présent donc. Toutefois, on
perçoit les influences "post-grunge" typiques des débuts
du groupe ça et là comme sur le bouillonnant Disarray,
premier titre de l'opus, un morceau efficace comme Jason n'en avait composé
depuis longtemps et qui remet les pendules à l'heure ! Ou le single First
Time que l'on trouve au départ un peu trop typique du groupe
(guitares plombées sur le refrain après un couplet plus aéré,
on connait !) et puis après les premières écoutes on se
surprend à siffloter le refrain. Les titres sont globalement plus enlevés
comme si Jason avait moins de pression sur les épaules et qu'il avait
eu carte blanche sur le plan artistique pour composer de façon la plus
libre possible. Ceci est parfaitement illustré par Who We Are
ou Make Me Over, assez dynamiques, ou le puissant et étonnant
The Joke. Bref, aucun ennui à l'écoute de cet album,
les ballades sont réussies : que ce soit Broken (un
tube en puissance encore meilleur dans sa version live). On dirait du BRYAN
ADAMS tellement la voix de Jason et les arrangements sont mélodiques.
En tout cas la prod avec ses violonnades et ses voix doublées sur le
refrain vise clairement le Billboard (dommage ou pas, je vous laisse juge...)
; ou encore Learn You Inside Out où une fois n'est pas
coutume, l'accompagnement est au piano. Belle surprise avec cette intro à
la ELTON JOHN. Whatever It Takes est super mélodique,
dommage que le mixage ne rende pas totalement hommage à la superbe mélodie
; avec plus de hargne le titre aurait été super ! Easier
To Be est très lègère (on est au Club Med !!!?,
dommage que le "pont" n'ait pas été inclu au refrain),
encore une surprise tant on avait des fois l'impression que Jason supportait
tous les malheurs du monde avec sa propention pour les ambiances mélancoliques.
Bref cet album est assez varié et même si il accuse une petite
baisse de régime sur la fin (Mesmerized et Bridges
sont en dessous), il est plus consistant que le précédent où
on s'ennuyait par moments. A noter un cadeau pour les fans : Storm
est la reprise d'un titre de BLYSS, premier groupe de Jason Wade sorti en indépendant
et très difficile à trouver à un prix décent. Intro
A Capella qui nous rappelle la qualité de la voix de son chanteur. Les
arrangements aériens mi claviers mi guitares sont superbes de par leur
discrétion ; le genre de titre à écouter au casque et qui
permet totalement de s'évader de ses soucis quotidiens. Je dis donc bravo
et Lifehouse signe probablement son meilleur album depuis ses fracassants débuts
en 2001.
Highlights : Disarray, First Time, Whatever It Takes,
Who We Are, Broken, Make Me Over, Storm...
Tracklist :
01. Disarray
02. First Time
03. Whatever It Takes
04. Who We Are
05. Broken
06. The Joke
07. Easier To Be
08. Make Me Over
09. Mesmerized
10. Bridges
11. Learn You Inside Out
12. Storm
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