
La sortie d’un nouvel album d’ALICE COOPER, le groupe, est l’occasion de se replonger dans sa discographie. Episode 1: l’éclosion avec « Love It To Death » (1971)
1971. Le mouvement Flower Power n’est plus et l’utopie hippie est partie en fumée. L’Amérique a la gueule de bois et le paysage musical se durcit en réaction aux évènements qui secouent le pays (enlisement du conflit au Vietnam, émeutes raciales, procès de Charles Manson…). Une nouvelle scène rock, plus radicale, émerge à Detroit. Dans ses rangs figurent MC5, THE STOOGES ou bien encore ALICE COOPER. Leurs styles sont différents mais leur point commun est de jouer une musique bruyante voire agressive.
C’est dans ce contexte que sort « Love It To Death » qui peut être considéré comme l’acte de naissance d’ALICE COOPER.
Certes, le groupe a déjà publié deux albums, « Pretties For You » (1969 sorti initialement sur le label de Franck Zappa) et « Easy Action » (1970) mais le résultat est assez brouillon tant en termes de composition que de production. Le potentiel est là, certains titres laissent entrevoir ce qui est à venir (« Mr and MisDemeanor » et bien sûr « Reflected » qui deviendra « Elected » quelques années plus tard) mais la chrysalide ne s’est pas encore métamorphosée.
La mue se fait grâce au producteur canadien Bob Ezrin. Shep Gordon, manager du groupe, sait que l’avenir du groupe ne tient qu’à un fil après le flop des deux albums précédents. Il réussit à convaincre le label Warner d’investir dans l’enregistrement d’une démo de quatre titres (« I'm Eighteen », « Is It My Body », « You Drive Me Nervous » et « Sun Arise »). Pour réussir, le groupe doit travailler avec un vrai producteur et le choix se porte sur Jack Richardson. Celui-ci n’est pas intéressé (il sera tout de même cité comme producteur exécutif) contrairement à son assistant, Bob Ezrin qui croit au talent du groupe et devine son potentiel.
Le jeune producteur rencontre le groupe en septembre 1970 et se met aussitôt au travail. Il commence par revoir les arrangements et réduire la durée de ce qui doit être le premier extrait de l’album et, en novembre 1970, ALICE COOPER publie le single « I'm Eighteen » avec « Is It My Body » en face B. Cette sortie est célébrée par une série de concerts au Whiskey A Go Go en compagnie de BLACK SABBATH.
Le single progresse lentement dans les charts US pour terminer à une honorable 22ème place. Premier succès commercial et surtout premier titre incontournable d’ALICE COOPER.
Le terrain est prêt pour la sortie de l’album « Love It To Death » début mars 1971. Le groupe va rapidement attirer l’attention à cause d’un détail figurant sur la pochette du disque : le pouce d'Alice dépasse de son manteau dans une position suggestive. La censure va interdire cette pochette et la photo sera retouchée sur les pressages ultérieurs. Peu importe, car la censure sert les intérêts du groupe en faisant parler de lui. Un doigt tendu à l’establishment.

Le disque s’ouvre avec une petite pépite de glam rock, « Caught In A Dream » qui sortira en deuxième single (#94). Tout au long de l’album, le groupe démontre sa capacité à évoluer dans des univers musicaux diamétralement opposés. La lumière baigne les titres « Caught In A Dream », « Long Way To Go » et « Is It My Body » mais côtoie aussi la noirceur qui transpire des pores de « Black Juju » ou « Ballad Of Dwight Fry ».
Le courant psychédélique est encore en vogue à l’époque et la composition « Black Juju », signée du bassiste Dennis Dunaway, s’inscrit dans cette mouvance. Le groupe expose sa face obscure au grand jour durant ces 9 minutes envoûtantes.
Quant à « Ballad Of Dwight Fry », Alice chante comme un possédé sur ce titre. Pour parvenir à ce résultat, Bob Ezrin aurait fait allonger Alice sur le sol du studio pour l’ensevelir sous des chaises afin de créer un sentiment d’emprisonnement et rendre réaliste les cris du chanteur lorsqu’il hurle 'I want to get out of here'. A vous glacer le sang.
Ce titre est encore joué régulièrement sur scène et la camisole a remplacé l’empilement de chaises pour un rendu plus théâtral.
L’album est une réussite artistique et commerciale (#35 aux USA). La chrysalide est devenue un papillon grâce, en grande partie, aux talents de producteur de Bob Ezrin. Ce dernier s’est imposé comme le 6ème membre du groupe pour avoir su façonner le son de groupe (cette section rythmique !) et contribuer à créer la créature Alice Cooper.
En live, ALICE COOPER franchit aussi une étape et popularise le shock rock. C’est lors de la tournée « Love It To Death » que le groupe prend une dimension plus théâtrale. Le personnage d’Alice Cooper devient permanent, des « figurants » font leur apparition sur scène (un boa constrictor, une infirmière jouée par la sœur de Neal Smith et future épouse de Dennis Dunaway) et Alice est exécuté sur une chaise électrique lors de « Black Juju » pour les crimes commis pendant le concert.
L’histoire ne fait que débuter et le meilleur est encore à venir…
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Tracklist :
01. Caught In A Dream (Bruce)(3:54)
02. I'm Eighteen (Bruce Cooper, Dunaway, Smith, Buxton)(3:00)
03. Long Way To Go (Bruce)(3:01)
04. Black Juju (Dunaway)(9:09)
05. Is It My Body? (Bruce, Cooper,Dunaway, Smith, Buxton)(2:39)
06. Hallowed By My Name (Smith)(2:25)
07. Second Coming (Cooper)(3:02)
08. Ballad Of Dwight Fry (Bruce, Cooper)(6:32)
Line Up :
Alice Cooper - Chant et Harmonica
Neal Smith - Batterie
Dennis Dunaway - Basse
Glen Buxton - Lead Guitare
Michael Bruce - Guitare Rythmique, Piano
Bob Ezrin - Claviers sur 'Caught In A Dream', 'Hallowed By My Name', Second Coming' et 'Ballad Of Dwight Fry'
Monica Lauer - Voix d'enfant sur 'Ballad Of Dwight Fry'
Label : Warner Bros.
Sortie : 9 mars 1971
Production : Bob Ezrin
Discographie :
Pretties For You (1969)
Easy Action (1970)
Love It To Death (1971)
Killer (1971)
School’s Out (1972)
Billion Dollar Babies (1973)
Muscle Of Love (1973)
Greatest Hits (1974)
The Revenge Of Alice Cooper (2025)
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