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r i p jeff bouquet le journaliste de rock metal les tympans feles metal attack est decede a l age de 68 ans

R.I.P. JEFF BOUQUET - Le journaliste de Rock / Metal est mort à l'âge de 68 ans.Nous avions suivi sur les réseaux sociaux ces derniers mois ses rudes combats contre la maladie via de multiples hospitalisations. Il semblait avoir pris le dessus. Las, la maladie l'a finalement emporté.

Jeff faisait partie des journalistes pionniers au début des années 80 à la télévision avec Les Tympans Félés, Perfecto,  Giga et METALXS, en radio (RFM, Le Poste Parisien, Aventure FM, Radio 7) et dans la presse  via Metal Attack, Hard Force ...
Toutes nos condoléances à sa famille, à ses  proches, et tous les rockers de France touchés par cette triste nouvelle.

En hommage, voici une interview qu'il avait donnée à Claude Scébat en 2015 et qui retrace bien son parcours, et la vidéo de son interview pour AC/DC en 1984 sur Les Tympans Fêlés.

R'n'R : Comment as-tu découvert la musique ? Quelle est ta première émotion musicale ?

JB : Je suis né dans les années 50 et comme beaucoup dans les 60's, j'ai été attiré par les Beatles, les Stones et même certains yéyés. Puis il y a eu Jimi Hendrix, Janis Joplin, les Doors, Pink Floyd et bien d'autres. A la fin des 60's, j'ai découvert Led Zep, Black Sabbath, Deep Purple, MC5.... Nous avons été une génération très gâtée par la musique.

Ma première vraie émotion musicale a été la découverte du premier Led Zep. J'étais à Londres dans une famille anglaise et je l'ai découvert grâce au fils. Cela fut une révolution sensorielle pour moi.

R'n'R : Comment es-tu arrivé à la radio, notamment sur Radio7 et l’émission Prohibition ? Avais-tu le sentiment d’être un pionnier ?

JB : Je suis arrivé à la Radio, par un déjeuner avec Patrick Meyer qui était sur le point de lancer Radio7. Je bossais alors pour CBS Records à Paris et on m'avait demandé de prendre contact avec lui afin de voir comment on pouvait travailler avec cette radio. J'étais en train d'écrire mon livre sur Elton John et quand je lui en ai glissé deux mots, il m'a dit ; « Si vous m'amenez Elton John en interview pour la semaine de lancement de la station, je vous engage comme animateur.» J'ai amené l'interview d'Elton fait à Londres et il a tenu parole. Nous avions la sensation d'être des pionniers car travaillant sur la première FM de France. Au lancement de Prohibition, je ne savais pas le carton que cela allait faire même si je savais que le Hard Rock envahissait l'Europe et le reste du monde.

R'n'R : Le groupe français Warning t’a offert un titre pour ton émission Prohibition en échange du soutien que tu leur as apporté. Warning avait tout pour devenir un grand du hard rock. Que s’est-il passé selon toi ?

JB : Warning est surement le groupe qui a eu le moins de chance en France. Ils avaient tout pour devenir un grand groupe mais cela a été une succession de mauvais coups du sort. Je les ai toujours soutenus et c'est la raison pour laquelle, ils m'ont offert ce générique pour l'émission. Plus tard, ils ont fait aussi, celui des Tympans Fêlés pour TF1. Christophe Aubert restera comme l'un des plus grands guitaristes français.

R'n'R : Comment en es-tu venu à écrire un livre sur Elton John et même finir par être ami avec lui ?

JB : J'ai toujours été fan d'Elton John et ce depuis mon adolescence. Grâce à un ami, je l'ai rencontré en 1979. Nous avons passé quelques heures à discuter de musique et de la sienne en particulier. Un peu plus tard, je lui ai proposé de faire un livre sur lui en France. Il a accepté avec beaucoup de gentillesse. Nous avons fait ensuite, de la radio ensemble et trois émissions de télé. Il a été le parrain de Perfecto mon émission sur La 5 puis je lui ai consacré un portrait de 52mn pour Antenne2. J'ai aussi fait une télé avec Michel Denisot pour Canal+, à Nice, chez Elton.

Elton est quelqu'un de très fidèle et nous sommes toujours amis, même si on se voit moins qu'à une époque.

R'n'R : L’émission « Les Tympans Fêlés » a cartonné sur TF1 dans les années 80. T’attendais-tu à un tel résultat ?

JB : Grâce au succès de Prohibition et de Metal Attack, je me disais que nous avions une chance d'attirer des gens sur les Tympans Fêlés. Ce n'était pas évident. C'était une petite émission, sans beaucoup de moyens et diffusée tard. Mais ce fut un énorme résultat et même la direction de TF1 de l'époque n'y croyait pas. Il fallait quelqu'un comme Marie-France Brière pour y croire et décider de la mettre à l'Antenne. Comme disent les américains « right time, right place » Je suis arrivé au bon moment pour défendre le Hard sur les antennes et dans la Presse.

R'n'R : Raconte-moi s’il te plait l’aventure Métal Attack. Comment est née l’idée de ce magazine ? Y avait-il une rivalité avec Enfer Magazine ? N’as-tu pas l’impression d’un énorme gâchis tant le magazine était de qualité ?

JB : Je n'ai pas créé Metal Attack et je n'ai pas non plus trouvé le titre. On m'a appelé un soir à Radio7 et demandé si je voulais rejoindre la rédaction du futur journal. J'ai accepté d'en être le chef des infos et l'éditorialiste. J'en suis devenu rédac chef au numéro 7 et jusqu'au 24. J'ai quitté le journal ensuite étant en désaccord total avec le financier qui refusait d'augmenter les journalistes alors que le journal se vendait bien et gagnait de l'argent. Cela revenait à ne pas vouloir reconnaître notre travail et notre dévouement. Le journal n'a pas tenu longtemps après. C'est en effet un énorme gâchis mais je savais qu'il me fallait continuer autrement.

R'n'R : As-tu une petite anecdote à raconter avec Rod Stewart ?

JB : Rod Stewart, je l'ai rencontré la première fois chez Elton alors que je passais un week end à Windsor pour mon livre. Il a été très star et ne m'a pratiquement pas parlé. Le voir obéir comme un petit garçon à sa fiancée de l'époque m'a beaucoup amusé. Plus tard quand je l'ai interviewé pour la télé, il a été adorable et très sympa. Il a même accepté de porter le pins Giga sur le revers de sa veste !:-)

R'n'R : Tu es ami avec Jean-Jacques Goldman depuis longtemps. Il semble être modeste, effacé mais les gens l’aiment et cela depuis plus de trente ans. Comment expliques-tu ça ? Penses-tu qu’il reviendra avec un nouvel album ?

JB : J'ai connu JJG, j'avais 17 ans. C'était à Sceaux où je vivais avec ma mère. Taï Phong répétait dans une maison pas loin du Parc. Nous nous sommes revus plus tard à Radio7 et ensuite en télé. JJG est comme Elton, très fidèle. Lorsque ma fille est née, nous avons reçu deux très jolis petits ensembles avec un petit mot adorable. C'est ça aussi JJG. JJ n'a pas vu grandir ses trois premiers enfants. Il travaillait trop. Maintenant il est à nouveau papa de petits et il veut en profiter. Il écrit pour les autres. Je lui ai dit qu'il manquait mais je ne suis pas sur pour un nouvel album. Mais on ne sait jamais … Mais je dois dire que depuis qu'il vit à Marseille, on ne se voit plus. Mais on s'écrit.

R'n'R : Une question me brûle les lèvres. Tu as rencontré presque tout le gotha mondial du rock. Quelles sont tes plus belles rencontres ? Ritchie Blackmore a été une de tes moins agréables rencontres. L’as-tu revu récemment ?

JB : Mes plus belles rencontres ? Il y en a beaucoup : Paul McCartney, Keith Richards, Elton, Sting, Phil Collins mais aussi toutes les stars du Hard Rock avec, bien sur AC/DC en tête. Je me suis toujours considéré comme un privilégié qui gagnait sa vie en rencontrant de très grands musiciens dont j'étais fan, la plupart du temps. La musique a toujours été présente dans ma vie et faire partager tout ça avec un public aura été la chance de ma vie. Non, lol, je n'ai jamais revu Ritchie Blackmore mais j'ai revu Deep Purple. Ce type restera ma pire rencontre même si cela n'enlève rien à son talent. Mais même les types de Deep Purple m'ont dit que travailler avec lui n'avait pas été simple.

R'n'R : Y a-t-il une place aujourd’hui pour une émission rock sur une grande chaine nationale ? Et si oui, te verrais-tu la présenter ?

JB : Hélas il n'y a plus de place pour une telle émission sur une grande chaîne. Et même si c'était le cas, je préfèrerais la produire que la présenter. Perfecto était présentée en voix off par ma pomme et cela me va très bien. Je n'ai jamais eu envie de faire « animateur télé ». Pour les Tympans Fêlés, c'était different. Personne ne l'aurait fait à ma place à l'époque, mis à part Zégut qui en a présenté une avec moi, un jour pour le fun.

R'n'R : Te sens-tu plus à l’aise en radio ou à la télé ?

JB : Je me sens terriblement à l'aise à la radio. Je l'ai fait pendant 8 ans et j'ai ADORE ça ! La télé me fascine mais je préfère vraiment produire et avoir le final cut. J'ai très envie de refaire de la radio mais cela n'est pas simple de nos jours. Who knows ?

R'n'R : Gene Simmons de Kiss a dit que le rock était mort. Peut-être voulait-il dire qu’il n’y avait aucune relève musicale et que beaucoup de groupes des années 70 et 80 voire 60 étaient toujours sur le devant de la scène. Qu’en penses-tu ?

JB : Je ne suis pas d'accord avec Gene. Le rock n'est pas mort mais ses lettres de noblesse sont loin. C'est sur qu'aujourd'hui, il y a moins de groupes qui dureront 30, 40 ou 50 ans mais il y a de bonnes choses tout de même. Heureusement. Et puis si comme moi, tu as la chance d'avoir beaucoup de disques, tu peux toujours te faire plaisir. C'est le principal.

R'n'R : Il semble y avoir une réelle entente entre les journalistes rock. Je pense notamment à Francis Zégut, Christian Lamet. Au cours de ta carrière musicale as-tu connu des animosités avec certains journalistes, émissions TV et magazines concurrents ?

JB : Avec Zézé, j'ai toujours été pote. Francis ne faisait pas d'interview, moi si. Ce qui fait que nous étions complémentaires et non concurrents. De plus Francis était sur une nationale et moi une locale. J'ai eu quelques jalousies quand j'ai fait Les Tympans Fêlés car je cumulais radio presse télé à l'époque.

Mais j'avançais laissant les cons parler dans mon dos. Je me suis toujours comporté en journaliste et fan de musique. Je n'ai jamais fait ce métier pour devenir une star des media. Je laisse ça à d'autres qui mettent des lunettes noires sur des plateaux télé.

R'n'R : Le marché français est difficile pour les groupes rock en général. Beaucoup de groupes évitent la France ou ne font qu’une date à Paris. Comment l’expliques-tu ?

JB : Le marché français a toujours été difficile et compliqué pour les groupes en France sans doute parce que la notion de groupe n'a jamais été la tasse de thé des maisons de disques. Alain Lévy, PDG de CBS quand j'y étais, a dépensé une fortune pour lancer TRUST mais des gens comme Alain, il y en a eu très peu en France. Et puis quand on me dit que BB Brunes, c'est un groupe de rock, j'ai envie d' hurler. En ce qui concerne les concerts, il va falloir que les artistes se calment car bientôt plus personne ne pourra aller à des concerts. Le Hellfest reste raisonnable quand tu vois le nombre de groupes et c'est aussi pour cela qu'ils font le plein.

R'n'R : Parle-moi de cette aventure Métal XS avec ton ami Christian Lamet.

JB : Christian Lamet rêvait d'avoir une émission de télé sur le métal. Cela va faire 30 ans qu'on est potes. Quand il a réussi, après des mois d'efforts à imposer MetalXS, il m'a dit qu'il avait envie que je la présente. J'ai tout de suite dit oui car le produit est beau et que bosser entre potes, c'est tout de même le pied. On en est à plus de 70 numéros et on s'éclate. On a eu et continuons à avoir tous les groupes qu'on désire et nous sommes relayés sur plein de pages Facebook de ceux que nous rencontrons. C'est sympa. Les artistes apprécient l'émission et ce n'est que du bonheur, même si parfois c'est beaucoup de boulot pour l'équipe.

R'n'R : Parmi toutes les émissions radio ou télé que tu as faites, y en a-t-il une que tu préfères ?

JB : Mon émission de radio préférée restera pour toujours Prohibition. Je me suis trop éclaté pendant 4 ans avec toutes les stars qui sont venues à mon micro. En revanche pour la télé, j'en ai deux. Perfecto sur la 5 et surtout Giga sur France 2 qui restera l'aventure de ma vie.

On en a fait 850 en quatre ans. J'ai eu cinq nominations aux 7 d'or avec. Et je suis toujours très lié à mon ancienne équipe.

R'n'R : Qu’écoutes-tu en ce moment ?

JB : Je suis très éclectique dans mes écoutes. J'écoute beaucoup de rock au sens large du terme. Des 70's à nos jours. Hard Rock, Rock, Pop Rock du Sud, etc etc. En ce moment j'écoute Black Stone Cherry , le dernier AC/DC mais aussi Elton, Jimmy Barnes, Richie Sambora, Puddle of Mudd. Etc etc...

Aujourd'hui, c'est ma fille qui me fait découvrir des trucs comme Pretty Reckless par exemple il y a quelque temps et cela m'éclate. La relève est là même si Mélody n'a pas du tout envie de bosser dans les media.

R'n'R : Quels sont tes cinq albums préférés, toutes musiques confondues ?

JB : J'ai toujours été incapable de répondre à ce genre de question. J'aime beaucoup trop d'albums.

R'n'R : Je sais que tu es bientôt à la retraite mais as-tu des projets sous le coude ? Continueras-tu toujours Métal XS ?

JB : Eh oui, l'heure de la retraite va bientôt sonner. Je vais avoir 62 ans et mon infarctus d'il y a deux ans m'a fait comprendre qu'il fallait lever le pied et vivre plus calmement. J'ai dit à Christian que cependant, je continuerai MetalXS aussi longtemps que durera l'émission. C'est plus du plaisir que du travail. J'ai un projet sous le coude mais je n'en parle pas pour le moment.

R'n'R : Tu es en train d’écrire un livre retraçant ta carrière. Où en es-tu ? Quand peut-on espérer le voir dans toutes les bonnes librairies ?

JB : J'avance sur mon livre à la vitesse d'un escargot ! J'ai décidé de le reprendre bientôt quand je serai officiellement retraité car cela correspondra mieux à son sens. J'espère le finir pour cette année. Quand je vois qu'ils ont mis 7 ans pour leur bible sur AC/DC, je me dis que j'ai une marge.

Je ne suis pas sur de le vendre autant que celui de Valérie Trierweiler bien que j'ai eu beaucoup de très bons moments dans ma vie professionnelle. On verra. Je le fais surtout pour ma fille qui ne sait pas encore tout sur son père. Je te tiendrai au courant.

R'n'R : As-tu des regrets dans ta carrière ?

JB : Mes deux plus grands regrets dans ma vie auront été de ne jamais avoir pu voir Hendrix sur scène (et j'étais trop jeune pour l'interviewer) et ne pas avoir rencontré John Lennon.

J'ai eu énormément de chance dans ma carrière, je le sais et l'assume. Passer ma vie à écouter des disques, aller à plein de concerts, rencontrer les plus grands et en vivre. Quand j'étais jeune et que je pensais à mon futur, je n'aurais jamais pensé faire le quart de la moitié de ce que j'ai fait. Je n'ai donc pas de réels regrets.

Merci. C'était sympa d'être de l'autre côté .




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