RUGBY - Actus - VI Nations -
Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , à Marcoussis le 26 janvier 2012 à 13h00
Saint-André: "La star sera l'équipe"
Philippe Saint-André n'a qu'une ambition: que le XV de France prenne sa revanche sur l'Italie
Une surprise et seize Mondialistes: Philippe Saint-André et ses adjoints ont construit un solide groupe de 23 Tricolores pour affronter l'Italie le 4 février prochain, au Stade de France, en ouverture du Tournoi des Six Nations. Le sélectionneur des Bleus, plus pragmatique que jamais, annonce une philosophie basée sur un principe simple: la victoire face aux Italiens. Et un esprit d'équipe plus sacré que jamais.
[u]Philippe, pourquoi avoir fait appel à David Attoub, qui ne faisait pas partie de la liste initiale de trente joueurs[/u] ?
J'avais dit qu'il était possible qu'un joueur en dehors des trente rentre. Il faut s'apercevoir que Luc Ducalcon depuis l'annonce de cette liste des trente n'a joué qu'un match avec son club, il a besoin de temps de jeu et de jouer avec Castres; donc on a voulu prendre David Attoub, qui est depuis le début de la saison titulaire à droite avec le Stade Français. Le Stade Français qui est en train de faire une belle saison, ils ont une mêlée positive. Et en plus on connaît le point fort des Italiens en mêlée fermée.
Comment se fait-il que Lionel Nallet, qui n'apparaissait que comme le cinquième choix en deuxième ligne, passe aujourd'hui devant Julien Pierre ?
Non, il n'était pas cinquième choix, il n'était pas dans les trente parce qu'on avait pris Millo-Chluski. Vu que Millo-Chluski est blessé, il y a en seconde ligne cette particularité du puissant qui pousse derrière le pilier droit et de l'autre qui est plus aérien, qui pousse derrière le gaucher. Et vu que Nallet est un puissant, il nous apporte énormément d'assise derrière le pilier droit comme Yoan Maestri, qui a l'habitude de jouer des deux côtés.
Quel autre joueur peut évoluer à l'arrière dans votre esprit avec Maxime Médard ?
Trois autres joueurs peuvent jouer arrière: Beauxis a joué arrière cette saison avec le Stade Toulousain, il y a Aurélien Rougerie qui depuis les deux derniers matches avec Clermont finit un quart d'heure, vingt minutes, et puis aussi François Trinh-Duc, qui a déjà été arrière avec Montpellier en Conférence européenne la saison dernière.
Un poste d'arrière où Alexis Palisson peut aussi évoluer...
Alexis a fait un stage de grande qualité, mais il paye un petit peu ses performances en demi-teinte du début de saison ; on sait toutes ces qualités, on le suit, il a été très très positif durant ce stage. Après, il a été mondialiste, il a changé de club, il a eu du mal à retrouver des repères dans son nouveau club. Mais c'est la première liste pour l'Italie, comme je l'ai dit le groupe n'est pas fermé.
C'est particulièrement vrai en troisième ligne par exemple ?
En troisième ligne ou même en seconde ligne.
L'absence de Yann David dans ce groupe des 23 est-elle liée à un problème physique ?
Disons qu'il n'était pas à 100 % durant ce stage, il a eu des petits problèmes d'épaule depuis deux semaines et demie. Après ce sont des choix, je ne vais pas commenter tous mes choix. Il y avait trente joueurs en stage, on annonce là un groupe de 23 avec une surprise pour vous. Vous avez beaucoup à becqueter quand même... (rires)
"Tout se passe bien, je suis invaincu"
Quelle est la philosophie de jeu que vous avez voulu dégager avec ce groupe en vue de ce premier match face à l'Italie ?
La philosophie, c'est d'essayer de gagner les Italiens; on a une revanche à prendre par rapport à 2011. On sait que les Italiens restent en stage, mis à part les quelques joueurs qui jouent en Top 14. Donc ce sera une équipe bien préparée, bien organisée, structurée. On sait qu'ils sont puissants et bons en mêlée. On a donc essayer de trouver une balance entre puissance et réactivité avec tout de même seize joueurs mondialistes, des joueurs en forme et puis deux jeunes à gros potentiel, Fofana et Maestri. Pour moi, l'équipe de France, ce ne doit être que du plaisir, que du bonheur, donc ils doivent venir et donner 150 % de positif dans le pot commun. Après on est un sport où on n'est rien sans les autres, donc la star restera l'équipe. Par contre, j'ai besoin de champions.
Est-ce que les entretiens passés avec les joueurs au cours de ce stage ont pesé dans vos décisions?
Les entretiens étaient importants pour le mode de fonctionnement. En deux jours et demi, il était important de connaître les joueurs sur le terrain et en dehors, de leur donner des objectifs précis. Mais on a eu un groupe vraiment concentré, réceptif et appliqué. On peut voir que tous les joueurs sont très motivés pour jouer en équipe de France. Le contenu des entretiens individuels restent entre eux et moi.
Vous êtes désormais dans les faits aux commandes de cette équipe de France. Comment vivez-vous ce nouveau statut et ce nouveau rôle de sélectionneur ?
Pour l'instant, tout se passe bien, je suis invaincu (rires). On n'a pas fait un match, donc automatiquement, tout se passe bien. Les entraîneurs qui ne perdent pas, il n'y a pas de problème. Plus sérieusement, j'ai trouvé des joueurs heureux de se retrouver et ouverts sur les autres parce que même les jeunes joueurs ont été très bien acceptés. On a vu des joueurs, que ce soit les anciens ou les jeunes, qui ont pris énormément de maturité depuis la Coupe du monde. Et des joueurs vraiment concentrés et appliqués sur les objectifs. Après deux jours et demi, on a essayé de mettre en place les nouveaux systèmes, ils ont pris beaucoup d'informations en très peu temps. Là, ils repartent en club, il va falloir qu'ils retrouvent les systèmes de club et on les récupérera dimanche en espérant qu'il n'y ait pas de pépins entre les matches de vendredi et samedi.
Vous découvrez cette inquiétude ?
On est le seul pays où certains internationaux vont jouer ce week-end. Apparemment, il y a quelques joueurs du Stade Toulousain qui ne vont pas jouer et les Montferrandais (Vern Cotter a d'ores et déjà prévenu que le déplacement de l'ASM à Bordeaux samedi ne concernerait aucun international, ndlr). C'est vrai que pour nous, vu qu'il y a huit joueurs toulousains et six Clermontois, c'est sûr que si on peut avoir le plus de joueurs frais lundi pour la première journée d'entraînement, ce sera fantastique. Maintenant, je viens du Top 14, il faut comprendre. Clermont et Toulouse ont des points d'avance, mais à Biarritz, qui a un match important, ça m'étonnerait que Dimitri et Imanol ne soient pas dans le groupe des quinze. Mais j'étais en Angleterre hier (mercredi), ils ne comprennent pas comment la nation finaliste de la Coupe du monde ne dispose de ses joueurs que deux jours et demi, alors qu'eux bénéficient de quinze jours. Mais apparemment mes prédécesseurs y ont été confrontés aussi. En tout cas, je remercierai énormément les entraîneurs qui laisseront au repos leurs internationaux, mais je comprends aussi leur problématique.