Zénith de Paris - 08/06/2016
Alors cette affaire, c'en est une ou pas ?
Nous savons bien que tous les observateurs et passionnés de musique sollicitent les musiciens de Téléphone depuis l'avant veille de leur dissolution.
l'éventualité d'une reformation a toujours paru réelle, puis elle est tombée par surprise. Ce n'est pas trop par le patronyme retenu aujourd'hui, la présence de la bassiste originelle ou non, mais surtout par le fait que le secret est été tenu de main de maître ( François Ravard ?).
Une tournée des Zénith, des options pour les grands festivals si succès, Une campagne de promotion courte et percutante dans un timing parfait.
Pour moi, deux obstacles majeurs.
-Comment rester impliqué dans un répertoire écrit à l'âge de 20 ans quand on frise les 60 ? Est ce crédible, compte-tenu des évolutions de carrières respectives des uns et autres ?
- Comment constituer une liste qui rendent justice au répertoire et correspondent aux attentes ?
A cette dernière question, je m'étais dit qu'il FAUT "Crache ton venin" en opening et finir en rappel sur " Tu vas me manquer" avec une partie de billard électrique, chemin faisant. Et ils l'ont fait !
Pour ceux qui n'aura pas encore vu Les Insus ? , il faut bien comprendre que la construction et le choix de titres est superbe.
De 20 à 23 titres, entre 2H15 et 2H30 de concert, une architecture stable de 16 titres qui comprend les titres phares. Pour ma part, je peux vivre un concert sans " Ca c'est vraiment toi", " Hygiaphone", " Cendrillon", " New York avec toi", voire " Un autre monde", mais bon là je risque la lapidation au coton-tige usagés.
Le concert du 08/06 allait apporter une réponse affirmative à la 1ere question
.
Votre serviteur se transporte donc, sous cette tente étouffante ( merci, mon ami Fred, le roi du mulot véloce, sans toi rien n'aurait été...Possible). Oh, un public mixte, des filles, des femmes...J'ai pas l'habitude moi, dans les spectacles où je suis amené à aller, c'est plutôt des bouquetins que je croise. Là, non, parents, enfants. Que des brailleurs !!!
Il est évident que le public est conquis d'avance. L'attente sera chaude ( air ambiant) et longue.
Je rentre dans le concert avant l'heure. Voilà t'y pas que résonne dans les baffles la version originale de " Gimme shelter " des Stones.
Un des 5 titres majeures de ce combo et je suis en lévitation, je ferme les yeux et dans un instant de lucidité, je me dis que le groupe a CHOISI de faire son entrée après ce morceau et que c'est hyper-gonflé, il faut une confiance en soi au climax. Je me laisse envahir par cette merveille de solo décoché par le père Keith qui te fait croire que le Paradis existe et qu'il est situé de ce côté du Périph...
Je m'apprête à savourer la partie des chœurs qui fait école, lorsque un brouhaha me fait ouvrir les yeux...Au quart de tour, j'entends la six-corde d'Aubert alors qu'il n'est pas encore visible qui entame " Crache ton venin ".
Un regard vers Louis ( la vapote endiablée) Bertignac, en tenue Keith Richard, jusque dans l'attitude, un Jean-Louis Aubert l'œil ravi, un Richard ( coudières orthopédiques) Kolinka.
Première erreur :
Je pose mon regard sur Kolinka, pile au moment où il frappe sa première peau. Je suis resté bloqué tout le morceau sur lui. Je n'ai pas pu m'en détaché, dramatique. Ils auraient substitués les 3 autres musiciens avec Léa Salamé, ton beau-frère et Hughes Auffray que je ne l'aurais pas vu...
Ce mec vient d'un autre monde. Ce n'est pas une performance de musicien, c'est une chorégraphie. Il a développé une envie, une puissance, une inventivité que je n'avais encore jamais vu...Il était rouge écarlate, une tomate cœur de bœuf mûre passerait pour un champignon de Paris !
Dans un furtif éclair de lucidité je me suis dit que non, il va pourrir mon concert ce mec..Je ne vais pas pouvoir le lâcher des yeux. Il n'a pas le droit d'infirmer un choix que j'ai fait, il y a des années de ne pas apprendre d'instrument pour pouvoir garder une capacité, pleine et entière, d'apprécier la musique de façon globale.
Et puis, c'est pas vrai, on ne peut pas tenir physiquement comme cela...Enfin..Je pense..
Par chance, mon état va évoluer rapidement. Ils entament "Hygiaphone" et il est assez rapidement trahi par son poignée gauche sur sa caisse claire lors d'un passage des plus scolaires. Le temps d'apprécier le backbeat qu'il peut produire avec trois membres, sa baguette affutée vient exploser mon ballon de baudruche qui me servait de tête et ma vision s'élargit sur la largeur de la scène.
Merci Richard de ne pas avoir eu le temps de te remettre de ta performance précédente et de m'avoir libéré et sauvé mon spectacle.
Là, je découvre seulement à quoi ressemble le bassiste que les 3 brigands ont choisi pour cette tournée.
C'est le point faible du spectacle. Que l'on ne se trompe pas. Ce musicien est excellent et super compétent. Ce que je remet en cause, c'est le son de sa basse. Il produit une compression colossale, très moderne, mais qui ne colle pas, à mon sens à l'esprit des compositions, telles que je les ressent. C'est un choix artistique du groupe, je pense, mettre un soupçon de modernité, j'imagine. Cela fonctionne bien sur deux ou trois titres ( "J'sais pas quoi faire" ), pas plus.
Pas de quoi gâcher ce concert, juste quelques nuages d'altitude sur un joli ciel bleu !
Bertignac gardera son espèce de Gibson SG qu'il maltraitent depuis la campagne de Russie de Napoléon. Il sortira faire prendre l'air ( chaud ) à sa Gibson Les Paul sur " Le jour s'est levé " et " Un autre monde ", a bon escient.
Jean-Louis changera de guitare comme Mariah Carey, ses tenues vestimentaires, alternance de différents modèles. La texture de son chant ne bouge pas avec les années, c'est assez fou.
" Dans ton lit " et " Fait divers" sont remarquables. Le final de " La bombe humaine " est malin et l'enchaînement avec " Au cœur de la nuit " est juste impérial.
La version de ce dernier m'a renvoyé dans mes 22, lorsque j'ai pour la première fois posé le diamant sur ce titre. Je me rappelle avoir su que j'aimerais cet album, avant même d'avoir entendu le refrain...Dantesque !
Décidément, les Rolling Stones resteront en fil rouge, ce soir, entre une intro "Start me up", un clin d'œil " Satisfaction", et "You gotta move", on n'en sort pas. Une idée en poussant une autre, " Like a rolling stone" de Dylan au piano.
Ils nous font le format, Keith va nous chanter deux chansons...Louis a préféré " 66 heures " ( au dépends de " 2000 nuits " ) et un " Cendrillon " ovationné par le public en sueur.
"Flipper" est décevant. La version du documentaire " Téléphone Public" restera insurpassable. Je m'étais imaginé un duel de solo qui n'est pas venu. Ils le feront joliment sur la purge que constitue " ca ( c'est vraiment toi ". Nan, je sortirais pas de suite.
De façon générale, les versions sont plutôt fidèles. Quelques rares titres ont été légèrement ralentis et baissés d'un ton pour palier l'évolution de la voix de JL. C'est le cas de " Un peu de ton amour " et " Tu vas me manquer ".
L'évolution la plus notable reste " Métro c'est trop" qui s'est enrichi d'un passage psyché du plus bel effet.
Est arrivée, la partie acoustique incontournable. " Le silence " s'imposait et la version m'a beaucoup plus alors que je n'ai jamais trouvé d'intérêt à ce morceau jusqu'alors. Une vrai surprise.
Une vraie satisfaction avec une version très alternative du plus bel effet de " Ce soir est ce soir ? " que j'avais imploré de mes vœux et rarement jouée sur cette tournée ' alternative à " Oublie ça".
Puis place à un médiocre " Le jour s'est levé ", enfin médiocre, avant cette superbe soirée. Drôle d'idée quand même !
Un titre bien quelconque, un bon prétexte pour faire un coup de piano et toucher du doigt la qualité du chant de Jean-Louis. Un superbe solo de Louis
.
Le meilleur morceau du concert ! sans contestation, une évidence.
Je suis verni, je voulais " Un peu de ton amour" et je l'ai eu. Quasiment pas joué jusqu'ici, ( préféré à " Electric- cité" ).
Louis s'est complètement troué. Il est partit sur un extend solo final et a raté l'arrêt au stand...Il a fait un tour de piste supplémentaire et un rétablissement chat de gouttière apprécié.
Richard m'a encore collé au mur avec son jeu de grosse-caisse.
J'aurais aimé " Le temps" mais c'était trop improbable.
Ils ont sortis " In Paris" une face B obscure avec anecdote à la clé pour le 1er rappel. C'était l'endroit. " Le vaudou" et surtout " Téléphomme" m'aurait conquis également.
Le final " D'un autre monde " est également jouissif.
De manière plus générale, ils ont beaucoup échangé et parlé, heureux tout comme leur public. Une belle sincérité et une joie non feinte de leur part.
Je continue, haut les mains, à supporter les insupportables !
Merci pour votre attention et j'espère que vous aurez eu autant de plaisir à me lire que moi de l'écrire.
The ship goes on....
1. Crache ton venin
2. Hygiaphone
3. Dans ton lit
4. Fait divers
5. Argent trop cher
6. La Bombe Humaine
7. Au cœur de la nuit
8. 66 heures
9. Cendrillon
10. Flipper
11. Métro c'est trop
12. J'sais pas quoi faire
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13. Le silence
14. Ce soir est ce soir
15. Le jour s'est levé
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16. Un peu de ton amour
17. Ce que je veux
18. New York avec toi
19. Un autre monde
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20. In Paris
21. Ça (c'est vraiment toi)
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22. Tu vas me manquer