Le titre de ce huitième album studio utilise la métaphore sur l'histoire de Michael Douglas dans le film Falling Down, Misanthropolis étant le nom du studio de Valentine, nom qui combine les mots misanthropes et Metropolis, c’est donc une invitation dans l’univers personnel du hollandais, le mot personnel n’étant pas galvaudé, puisque Robby joue de tous les instruments, pas d’invités comme sur les albums précédents, il assure la production, et à l’exception de deux reprises, a composé tous les titres. Par rapport aux albums précédents cet univers s’est élargi, il ne se limite plus à l’AOR Pomp des opus précédents, un petit peu comme si le virtuose quittait les années 80 un peu cloisonnées par le dictat et le formatage des radios FM, et découvrait les années 70 et leur créativité débridée, à l’image les albums correspondants de QUEEN. Et comme Queen dans les années 70, il n’hésite pas à inclure des éléments heavy ou hard aux chœurs angéliques, ciselés et caractéristiques qui sont toujours présents, et donne par voie de conséquence un peu plus d’importance aux guitares qu’aux claviers, sans que ces derniers disparaissent. Ce changement d’univers se traduit par un changement de… chroniqueur, car si le monde FM AOR est apprécié par les amateurs de hard rock notamment vintage 70, l’inverse n’est pas forcément vrai, et donc mon collègue spécialiste du FM, et qui avait brillamment dépeint toutes les qualités de l’opus précédent, n’a pas été sensible aux charmes hard - heavy de cette nouvelle production. Ces charmes sont omniprésents dès Falling Down, un titre brillant qui mêle des riffs heavy, des chœurs façon Freddy Mercury, des breaks laissant toute sa place au piano, un solo façon Brian May, et un refrain accrocheur, bref tous les bons ingrédients. Just a Dream (Someone Sold the World) cumule le style Queen avec un petit côté Sgt. Pepper, une parenthèse pop avant de sombrer dans le titre le plus heavy, 4th Rate Razorback, que le concepteur définit comme une rencontre entre Marilyn Manson et les The Beach Boys, et bien j’adhère complètement à cette fusion pour le moins pas banale ! Avec Save Myself, Robby ose le mélange gothique - pop, et là aussi la mayonnaise prend, d’autant qu’elle est relevée par le chant d’ Alyss Andico dans les chœurs. Changement complet de registre avec Rock Me Like a Hurricane, une plongée dans le dance électro des années 80, façon DAVID BOWIE, entrecoupée de chœurs façon Queen, le bougre s’amuse comme un fou, et nous avec ! Le voyage n’est pas terminé, gardez vos ceintures attachées, nous traversons quelques turbulences dans un rythme industriel en boucle, April Fool, pondéré par un chant des plus mélodiques selon le savoir faire de Robby, quelques nappes de synthétiseur viennent illuminer le tout, vraiment sidéral ! Après ce tourbillon, Here ramène le classisisme pop/rock avec une toute petite touche de métal, mais pas longtemps, The Bitter Escape reprend l’expérimentation à base de pop anglaise et de nu métal. Suivent deux reprises, SOS d’ABBA, puis Flick of the Wrist, qui a valeur de symbole, puisque ce titre est tiré du troisième album de Queen, en plein coeur des années 70, dans leur période la plus créatrice. L’album se termine avec le dynamique Show Your Face, puis une belle ballade au piano, Searching Forever, et un sans faute dans cette expérimentation débridée suivant un dénominateur commun et constant, l’extrême mélodicité de tous les titres. L’univers de Misanthropolis marque la maturité d’un artiste un peu extra terrestre, réincarnation moderne de Freddy Mercury ; un univers qui devrait enchanter tous les amateurs de Queen et de hard rock mélodique.