Encore un groupe des années 70 très actif, qui vient nourrir l’actualité, avec ce dix huitième album studio, et cinq ans après le controversé Vapor Trails. Première indication favorable qui plaide pour un retour en créativité, l’album a été enregistré en seulement trente jours, un temps record, le plus court depuis 1977 et A Farewell To Kings. Après la grande tournée du retour en 2002 et une 30ème tournée d'anniversaire en 2004, Rush a essayé une nouvelle approche avec un jeune producteur qui aurait pu être leur fils, et qui a produit One By One de The Foo Fighters ainsi que Your Honor de Velvet Revolver. Nick Raskulinecz signe ainsi une production haut de gamme, et après le son « brut » de Vapor Trails, la limpidité est ici le maître mot, avec une basse bien mise en valeur et en harmonie avec les autres instruments, qui fait que le trio canadien occupe l’espace en valorisant les mélodies. La vision pessimiste de Neal Peart imprègne les textes plutôt sombres et axés sur la religion, la guerre et la politique, il faut dire que l’homme a été peu épargné par les épreuves de la vie avec notamment le décès d’une épouse et une fille adolescente. Musicalement, la particularité qui s’impose d’emblée est l’emploi massif de guitare acoustique (présente sur chaque morceau), mais aussi de claviers atmosphériques, et de lignes vocales sur plusieurs pistes. Les morceaux sont plus directs et plutôt axés sur les mid tempos, et les parties instrumentales, que ce soit la basse de Geddy, la frappe de Neil, où les guitares acoustiques et électriques de d’Alex sont des plus inspirées. Et cela démarre très fort dès Far Cry, dont on apprécie les lignes dès la première écoute, et qui a été fort justement choisi comme single. Et les suivants poursuivent dans la même veine, celle qui était aussi sur Counterparts, avec Armor And Sword, Workin' Them Angels, et The Larger Bowl et son délicieux mélange de guitare acoustique - solo électrique d’Alex. Au programme également trois instrumentaux, les courts Hope et son côté très folk, Malignant Narcissism, et le plus épique : The Main Monkey Business, plus complexe et qui utilise des claviers. Autre moment fort que le très mélodique We Hold On qui synthétise toutes les qualités de cet album. Retour réussi donc pour les Canadiens qui s’acquittent d’une galette sur laquelle l’inspiration est revenue, un opus qui réconciliera tous les fans en attente d’une œuvre digne de l’époque de Counterparts, et bien Snakes & Arrows comble largement cette attente.