Tout d’abord, un nouvel album de THERION se contemple extérieurement comme on contemple l’écrin chatoyant que l’on n’oserait ouvrir trop rapidement sachant pourtant qu’il renferme à l’intérieur un objet tout aussi magnifique. Car en plus de nombreux digipacks parfois en relief (Secret Of The Runes), comment ne pas tomber sous le charme de l’édition Deluxe du double album Lemuria / Sirius B avec son étui transparent et ses superbes artworks (décliné aujourd’hui en deux albums distincts), ou du package 4 dvd / 2 cd de Celebrators Of Becoming ? Quoiqu’il en soit, c’est encore un double album (digipack pour l’édition limitée) que nous offrent Therion pour une bonne heure et quart de musique. Plutôt que de choisir l’option de la continuité qui pouvait sembler toute tracée par les très réussis Lemuria et Sirius B, ce nouvel opus démontre que Christofer Johnsson et sa bande savent aussi épurer un tant soit peu leurs compositions afin de les rendre plus accessibles, voir moins grandiloquentes diront certains. Bien sûr, le style Therion est reconnaissable tout au long de l’album, surtout avec des titres typiques comme Mitternacht Lowe, The Path To Arcady ou le grandiose Adulruna Redivivia par exemple, où l’on retrouve ces orchestrations ambitieuses, ces voix et ces chœurs soprano, alto et autres, autant d’éléments symphoniques prépondérants qui représentent la marque de fabrique de Therion. Pas de changement de cap donc, mais quelques titres qui explorent parfois d’autres horizons comme le prouvent les mélodies teintées Folk de Gothic Kabbalah dont la flûte traversière rappelle étrangement Ian Anderson de JETHRO TULL, ainsi que le soupçon d'inspiration médiévale qui se fait sentir sur Trul. Si des passages faisant preuve d’un réel romantisme sont bien présents sur Three Treasures ou le plus aérien Chain Of Minerva, des moments beaucoup plus Heavy sont représentés par Tuna 1613, T.O.F. – The Trinity ou le très énergique The Falling Stone. Les voix « naturelles » semblent avoir une place plus importantes que sur les albums précédents, du moins sur certains titres, donnant du coup plus de poids aux chants lyriques qui restent fort heureusement majoritaires dans l’ensemble. Un des aspects les plus étonnants de l’album provient aussi de certaines parties guitares qui peuvent rappeler FAIR WARNING ou même l’excellent Zeno Roth, et aussi improbable que cela puisse paraître, certains solos et certaines rythmiques permettent la comparaison, sans parler du superbe Son Of The Staves Of Time qui est tout à fait dans un esprit ZENO. En tout cas ce Gothic Kabbalah sait faire preuve d’une certaine accessibilité qui faisait peut être défaut à certains auditeurs potentiels, tout en offrant toujours une richesse d’écriture digne de la forte personnalité de Therion qui demeure un groupe vraiment à part, original et mystique.