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Depuis l'annonce faite cet été de la tournée française de Ghost, la date du mardi 1er décembre était entourée en rouge sur mon calendrier.

C'est en effet en ce premier jour du dernier mois de l'année 2015 que les Suédois font une halte à Toulouse au Bikini, dans une salle à leur mesure. Je les avais vus deux fois jusqu'à présent, mais en festival et de jour. Or, c'est de nuit que leur musique prend toute sa dimension et que la messe noire fait pleinement son effet. Là, c'est enfin l'occasion de les voir dans les meilleures conditions : en tête d'affiche dans une super salle, avec donc le son, le temps de jeu et le décorum qu'il faut. Il y a en tout cas bien du monde ce soir. La queue pour entrer est très longue. D'autant plus que, deux semaines après les attentats de Paris du 13 novembre, les mesures de sécurité et la fouille sont renforcées. Et alors que le reste du mois a été particulièrement doux, ce n'est pas le cas ce soir, où le froid est mordant. La date n'affiche pourtant pas tout à fait complet, contrairement à Paris où c'est vite parti. Mais Paris, c'est particulier. Déjà, la Cigale est bien plus petite que le Bikini, qui peut accueillir près de 500 personnes en plus. Et puis l'apparition des Suédois au Rock En Seine et sur Canal+ fin août et début septembre a dopé l'affluence au moment de la mise en vente des places. Ce phénomène de mode bobo concerne beaucoup moins les dates de provinces. Mais ça n'empêche qu'il y a du monde, Ghost étant le groupe de metal qui a connu l'ascension la plus rapide au cours des cinq dernières années, après Volbeat et Sabaton : d'un obscur groupe de heavy/doom signé sur le petit mais non moins excellent label Rise Above, ils sont désormais sur une grosse major comme Universal et sont parvenus au bout d'à peine trois albums à être quasiment en tête d'affiche des festivals où ils jouent et à remplir des salles importantes sur leur seul nom. Grâce à leur imagerie mystérieuse, à des compos très solides (à défaut de réellement innover musicalement), et surtout à des prestations scéniques en béton dont je n'avais fait qu'entrevoir la force dans les conditions où j'avais vu le groupe... Et j'avais adoré malgré le fait que ce soit de jour, avec un son pas top et un temps de jeu faible ! Et accessoirement Papa Emeritus est un mec très intelligent qui mène admirablement son business et a su le faire fructifier, sachant saisir toutes les opportunités de dates intéressantes et mettant bien l'accent sur l'imagerie du groupe. Avec tout ça, Ghost est monté très haut et son ascension n'est à mon avis pas terminée ! Ils vont en tout cas nous prouver ce soir qu'ils sont parfaitement à leur place en haut de l'affiche.


La première partie est assurée par leurs compatriotes de DEAD SOUL. Malgré le fait que le nom de la première partie ait été connu assez tôt, je n'ai pas pris le temps de m'y intéresser. Je n'avais même pas écouté en streaming par curiosité et je n'en connaissais pas une seule note. Personne ne les connaissait avant ce concert, en fait... Et pour cause, ce groupe n'a absolument rien de metal. Ce n'est pas mauvais du tout, mais ils évoluent dans une sphère complètement différente. Question imagerie, question musique, Ghost et Dead Soul n'ont absolument rien à voir. Là, c'est un trio qui évolue sans batterie humaine. Leur style est un mélange d'électro, de blues, de new wave avec parfois une légère coloration metal dans les riffs. On sent en tout cas qu'ils ont beaucoup écouté Johnny Cash et Depeche Mode, surtout le DM du début des années 90. Sur certains passages, je trouve même qu'ils auraient pu faire la suite de "Songs of faith and devotion". Etant fan de Depeche Mode, c'est plutôt un compliment de ma part. Le groupe a un excellent son et j'apprécie plutôt bien leur musique, ce qui ne sera pas le cas de tout le monde dans la salle. C'était une entrée en matière agréable à défaut d'être inoubliable. Mais on peut quand même se demander ce que ce groupe faisait là, en première partie d'un groupe de metal, alors que leur musique n'est pas vraiment de nature à attirer les metalleux à la base...


S'ensuit une pause assez longue qui va bien conditionner la suite. En effet, ça commence à sentir l'encens avec des incantations en latin en fond sonore. Et ça va durer pas loin d'une demi-heure. ça fait un peu long, même si ça permet aussi de profiter des potes, mais cette ambiance de messe noire va aussi permettre de se mettre en condition avant de l'arrivée de GHOST sur scène. Des lights rouges et un backdrop en forme de vitraux vont accentuer cette ambiance. Une scène à double niveau s'aménage, en haut de laquelle se trouvent la batterie, les claviers et de l'espace pour un autre musicien. Et au bout d'une demi-heure, on est tous en condition pour l'arrivée des Nameless Ghouls et de Papa Emeritus III... qui est le même que Papa Emeritus I et Papa Emeritus II mais c'est un secret de polichinelle ! Tous ont des costumes très élaborés. Si celui du pape émérite n'a pas changé par rapport à 2013, les goules sans nom ont été entièrement relookées, avec des masques d'inspiration vénitienne de toute beauté et des robes beaucoup plus adaptées aux postures scéniques d'un concert de metal. Ce qui va faire que les musiciens vont avoir beaucoup plus de présence et une participation bien plus importante que ce qu'on avait pu voir sur les tournées précédentes.
On commence en douceur avec les deux nouveaux morceaux "Spirit" et "From the pinnacle to the pit" de Meliora (chronique ICI). Puis les choses sérieuses commencent avec le classique "Ritual", repris en choeur par un public totalement conquis. A partir de là, le public va entrer en effervescence et il va y avoir une osmose entre le groupe et les fans comme rarement. Mélangeant subtilement hard rock 70's, heavy metal et pop, comme si Black Sabbath copulait et se reproduisait avec les Beatles au cours d'une cérémonie satanique, la musique du groupe comme son imagerie ont quelque chose de vraiment envoûtant. Le visuel joue énormément pour leur donner une dimension supplémentaire, mais ce serait du pipeau si la musique ne suivait pas. On l'avait d'ailleurs constaté pour Nightwish quelques jours auparavant : les Finlandais avaient proposé un gros show sur le plan visuel en mettant les gros moyens mais, musicalement, ils n'y étaient pas, ce qui avait donné au final un joli spectacle mais un concert globalement bien moyen. Mais dans le cas de Ghost, c'est le contraire : la musique est au top et est magnifiée par le visuel, qui se trouve être là un plus non négligeable sans être non plus l'essentiel. Le groupe balaie ses trois albums, en faisant cependant trois omissions importantes du premier album : "Prime mover", "Stand by him" et surtout "Elizabeth". Par contre toutes les meilleures chansons d'"Infestissumam" et de "Meliora" ont été jouées.
Le plus inattendu à ce concert a été vraiment l'interaction et la présence scénique du groupe. Avant, ils étaient froids et distants, ce qui allait bien aussi avec leur imagerie de prêtres de Satan. Là, ils se sont rapprochés du public... pour une attitude finalement bien plus metal. Ce sera flagrant en milieu de show, après "Cirice", quand Papa Emeritus troquera sa robe et sa tiare contre un smoking et un noeud papillon. C'est sûr que c'est moins mystique, moins grandiloquent... Mais ça donne une liberté supplémentaire au frontman, qui va multiplier les interventions et les touches d'humour. Sans jamais faire de vrais sourires derrière son maquillage ! Le groupe va également jouer une version acoustique de "Zombie queen" assez décalée, avec les goules jouant assises sur la scène. Et le final sur "Monstrance clock" est dantesque, le groupe partant sous les ovations au son des "come together, together as one... Come together for Lucifer's son". Ca conclut un show absolument monstrueux.


Setlist de GHOST :

Spirit
From The Pinnacle To The Pit
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera Ad Inferi
Majesty
Body And Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
Jigolo Har Megiddo
Ghuleh/Zombie Queen
If You Have Ghosts (Roky Erickson)
Monstrance Clock


Voilà un concert magistral, l'un des meilleurs auxquels j'ai pu assister cette année (et il y en a eu de bons en 2015 !). Ils repassent à Bordeaux au Rocher de Palmer le 9 février 2016, ça donne bien envie de faire 220 bornes pour en reprendre une dose !
Pierre

 

 

 

 

 

 






 

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