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QANTICE [19h20-20h10]. Absolument méconnu pour ma part ; j'en ai été réduit, avant le concert à glaner de rares informations sur internet (chronique RockMeeting ici) et à visionner toutefois quelques vidéos sur youtube.
Assez pour avoir un a priori plutôt favorable, même si je n'écoute plus ce genre de musique depuis une bonne vingtaine d'année.
Certains observateurs qualifient leur style de "Symphonic-Power-Metal". Je ne vois pas ce qui dans leur musique pourrait justifier l'appellation "symphonique" si ce n'est la présence de Yosh Otias au violon. En revanche, je peux admettre la notion de "power metal" mélodique qui me rappelle bigrement ANGRA ; impression accentuée pendant le concert.
Car la voix de Per Fredrik Asly est juste superbe et rappelle celle d'André Matos (ce qui est pour moi un grand compliment). Les autres musiciens Tony Beaufils (Guitare), Christine Lanusse (-on ne rit pas- à la basse) et Aurélien Jouclas (à la batterie), sont tous relativement efficaces.
 
Cependant, si de nombreux passages sont franchement accrocheurs et mélodiques, l'ensemble laisse une impression de manque de cohérence, de fluidité, d'enthousiasme. Je ne me suis pas senti emporté comme je le fus, puisque la comparaison s'impose à moi, avec Angra de la Grande époque (1992-1996).
Ce groupe a indéniablement du potentiel, surtout son chanteur et son guitariste mais il manque un zeste d'inspiration pour m'enthousiasmer davantage. Il manque aussi une communication avec le public, sachant que le groupe est sensé pouvoir parler en français. Le guitariste est muet et inexpressif, les autres dans leur bulle ; seul le chanteur s'est contenté d'haranguer la foule en anglais avec quelques phrases convenues …
 
 
 
 
 
 
 
 
MYRATH [20h39-22h15]. A deux reprises ces valeureux tunisiens s'étaient déjà imposés dans mon estime, en concert ; C'était en 2012 au Bataclan puis en 2015 aux arènes de Arles. Bien qu'assurant une première partie, à chaque fois j'en ressortais admiratif, car ils parviennent avec talent à conjuguer leur culture orientale avec un power metal très mélodique.
J'ai été séduit par leur musique en 2011, par le biais d'Orphaned Land dont ils partageaient souvent l'affiche, notamment dans des festivals spécialisés dans les musiques orientales.
Si c'est Malek Ben Arbia (guitare) le fondateur du groupe en 2001, l'arrivée de Zaher Zorgati au chant en 2007 fut le point de départ vers une notoriété croissante. Elyes Bouchoucha, qui assure les claviers et les chœurs depuis 2003 constitue également un avantage important dans l'apport mélodique. Anis Jouini à la basse depuis 2006 et Morgan Berthet à la batterie depuis 2011 (interview pour RockMeeting ici) assurent parfaitement leur fonction de pilier rythmique.
Les présentations étant faites (voir aussi la chronique de leur dernier album, Legacy, ici), je ne peux que relater une soirée magique, pleine de sonorités orientales avec le décor et les danseuses qui vont avec !

Je vois Myrath pour la première fois en tête d'affiche et je ne suis pas déçu du soin qu'ils ont su apporter à leur scène. Le fond de scène (comme là-bas, dit !) est juste fabuleux. Un éclairage aux couleurs chaudes (tellement chaudes que le batteur en fera un malaise qui causera malheureusement la réduction du spectacle !), et puissant entretenait judicieusement l'ambiance. Pour parfaire le tout il convient de souligner que les musiciens arrivent sur scène habillés de magnifiques vêtements colorés et ornés de couleurs et paillettes.
En introduction, le public a droit à une première chorégraphie orientale, accompagnée d'une violoniste (recrutée juste quelques jours avant le concert) surplombant le décor. Pour les concerts précédents il y avait bien une danseuse qui passait de temps en temps sur la scène mais, malgré toute sa bonne volonté, elle laissait un sentiment de trop peu. Cette fois ce sont trois splendides et talentueuses danseuses orientales qui s'appliquent à exécuter de somptueuses chorégraphies parfaitement synchronisées. Elles seront heureusement présentes sur plusieurs titres, ensembles ou séparées.

Hormis ces détails esthétiques, il faut souligner la cohésion du groupe et sa musique parfaitement exécutée. La sonorisation aurait pu être plus claire avec moins de basses, mais malgré tout on entendait heureusement distinctement le chanteur. Le clavier assure la plupart des harmonies et peu de bandes-sons viennent ternir mon admiration ; il fallait bien cependant faire entendre les nécessaires sons de djembé. Un jour, quand Myrath sera plus fortuné, j'espère voir sur la scène un orchestre oriental pour les accompagner, mais pour l'instant, on peut se satisfaire de cette interprétation qui enchante et fait voyager l'esprit.

 

Les musiciens, à l'image de Malek Ben Arbia et de Zaher Zorgati semblent tous au sommet de leur forme, lorsque soudain Morgan Berthet quitte sa batterie. Il ne revient pas et au bout d'un moment le groupe réalise que leur camarade vient de faire un malaise. Il faut dire que la lourdeur orageuse de l'atmosphère à l'extérieur était encore accentuée sur la scène par l'éclairage et la débauche d'énergie sur scène. De longues minutes après, ils reviennent sur scène, mais dépités par l'extrême fatigue de Morgan. Le chanteur annonce qu'ils sont obligés d'écourter le concert. Une dernière chanson est annoncée au terme de laquelle Morgan consent à en interpréter une ultime autre, pour le plus grand plaisir du public compréhensif.
Trois titres sont supprimés (voir set-list ci-dessous). Dommage, mais manifestement le batteur était épuisé et ses camarades solidaires ont su faire accepter cette frustration au public.

Relative déception estompée par la visite dans la fosse, après concert, de tout le groupe (Morgan y a été vu aussi mais il a échappé à mon attention). Photos, dédicaces, discussions, ces mecs sont simples et sympathiques. L'achat du t-shirt de la tournée s'impose à moi comme un geste militant ; il me semble (mais peut-être suis-je naïf) que leur passion pour notre musique est courageuse et doit être soutenue. Surtout dans le climat délétère de la Tunisie, et même hélas de la France. Je suis absolument persuadé que je n'étais pas le seul dans le public à avoir une pensée pour ce qui s'est passé au Bataclan en Novembre dernier …

A bientôt, au Raismesfest !
Patrice Du Houblon

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