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OOMPH! à Paris Bordeaux Toulouse Lyon Besançon 2016

Préexistant à Rammstein, précuseurs de la vague Neue Deutsche Härte que ces derniers ont popularisé en créant des dizaines de vocation 

(les Stahlhammer, Unheilig, Megaherz, Eisheilig, Eisbecher, voire Samael, Atrocity et Crematory sur certains albums...), Oomph! n'ont jamais connu la gloire de ces derniers hors d'Allemagne. Et pourtant, en vingt-cinq ans d'existence (d'où le titre de leur excellent dernier album, "XXV") et douze albums de bonne facture, les Allemands ne déméritent pas. Contrairement à beaucoup d'autres groupes electro metal, indus ou gothic metal teutons, ils ne se sont d'ailleurs jamais cantonnés à leur pays, tournant régulièrement en France (quand même cinq dates dans notre beau pays pour cette tournée 2016), d'ailleurs, mais sans jamais remplir les grosses salles. Et c'est donc une petite salle comme le Metronum qui les accueille pour leur passage à Toulouse. La salle est remplie aux trois quarts, soit un peu moins de 400 personnes. Avec beaucoup de jeunes, d'ailleurs, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.


La première partie est assurée par UNZUCHT. Inconnus au bataillon a priori, mais leur nom germanique (qui signifie "luxure" ou "fornication") est éloquent quant au style : ils se situent clairement dans le courant Neue Deutsche Härte, tels des élèves accompagnant leurs maîtres. Et ils sont très bons dans leur style ! Si je n'en avais jamais entendu parler avant d'apprendre qu'ils feraient la première partie de Oomph! , le groupe existe en fait depuis 2009 et compte trois albums à son actif. J'ai jeté une oreille sur le dernier, "Venus Luzifer" (2014), histoire de savoir si la première partie valait le coup, et j'avais trouvé ça bien sympa. Avec une qualité notable pour ce genre de groupes : ils ne sonnent pas comme un vulgaire clone de Rammstein ! Outre l'indus, l'EBM et le metal, leurs influences se trouvent également du côté de la pop et du punk. Les riffs sont martiaux et accrocheurs comme il se doit dans ce style, mais c'est contrebalancé par de très bonnes mélodies. Sur scène en tout cas, ça le fait carrément. Le groupe est très sympa et communicatif. Der Schulz, le chanteur, harangue la foule avec le sourire tandis que son acolyte Daniel De Clercq (qui est bel et bien allemand malgré son nom français) à la belle coupe iroquoise balance ses riffs avec la régularité d'un métronome. Je ne connais quasiment aucun morceau joué (ils n'en ont joué que deux de leur dernier album en date, qui est le seul que je connaisse), mais je me laisse rapidement prendre au jeu. Tout comme le public, d'ailleurs, qui sautille, headbangue et danse pendant les cinquante minutes de jeu des Teutons, qui ont donc un très bel accueil. Etonnante adhésion du public toulousain pour un style assez peu prisé de par chez nous (Rammstein étant bien sûr l'exception qui confirme la règle), mais c'est cool. Le groupe semble en tout cas beaucoup apprécier, annonçant leur retour pour novembre ou décembre prochain en tête d'affiche. Chiche !

Setlist de UNZUCHT :

Unendlich
Seelenblind
Deine Zeit läuft ab
Kettenhund
Der letzte Tanz
Unzucht
Nur die Ewigkeit
Engel der Vernichtung

 

Après une jolie révélation en première partie, place à la tête d'affiche qui va tenir toutes ses promesses ! C'est la première fois que je vois OOMPH! en salle. Jusque là, je ne les avais vus que deux fois en festival et en pleine journée. Au Wacken 2005, j'avais trouvé ça mauvais, et au même endroit en 2012 ça avait été une belle surprise (d'autant plus belle que je restais sur la mauvaise impression initiale, preuve qu'il faut toujours laisser une chance à un groupe). Là, ils vont profiter pleinement de leur statut de headliners en proposant un show de deux heures. C'est bien entendu ce qu'on est en droit d'attendre d'un groupe qui compte 25 ans de carrière et douze albums au compteur, mais c'est malheureusement rarement le cas donc ça doit être signalé. Le groupe a également changé sa tenue de scène. Jusqu'à présent, je  les avais toujours vus vêtus de blanc, en tenue d'infirmiers. Là ils prennent le contre-pied en arborant des tenues noires qui leurs donnent plutôt un côté ninja. Je n'avais jamais remarqué, par contre, qu'ils étaient aussi nombreux, puisqu'ils sont quand même sept sur scène ! Dero, le chanteur charismatique, arbore des rouflaquettes et des pointes dans les cheveux faisant penser à une version cyber-punk d'Elvis Presley !

 

C'est en tout cas un excellent frontman, très communicatif, plein d'humour, qui bouge beaucoup sur scène et qui assure également aux percussions. Il fait bien le show, aidé par ses comparses. Toute la discographie du groupe (que je suis par ailleurs loin de maîtriser, n'en connaissant que quatre albums sur douze) est balayée, avec une prédominance pour le petit dernier que j'aime beaucoup. Le son est excellent, le light show aussi, tout en restant assez simple. Oomph! n'est pas Rammstein, quoi ! D'ailleurs, Dero a envoyé une jolie petite pique à ces derniers en précisant qu'un concert de Oomph! était toujours 100% live, sans le moindre sample ni artifice, et que c'était loin d'être le cas de tous les groupes de la Neue Deutsche Härte. Il n'a nommé personne mais on comprend à qui il fait allusion.
C'est vrai que si on compare l'attitude des deux groupes en live, finalement, tout les oppose : un concert de Rammstein, c'est tout pour le show. C'est du grand spectacle, d'une précision milimétrée qui ne donne pas trop de place à l'improvisation, on en prend plein les oreilles et plein les yeux. Mais question interaction et communication avec le public, il n'y a rien. Oomph!, à l'inverse, propose beaucoup moins de spectacle visuel (en même temps ils sont très loin d'avoir les mêmes moyens), c'est plus sobre, mais le groupe est beaucoup plus chaleureux et communicatif. C'est bien différent pour une musique assez proche, mais c'est tout aussi bon.
Du coup, le public est à fond, dansant d'un bout à l'autre, chantant les paroles (même si c'est de l'allemand et qu'on est à Toulouse !), sautant, headbanguant... Il n'y a pas que l'attitude du groupe qui fait que c'est réussi, c'est aussi qu'ils ont fait un certain nombre de morceaux bien puissants, tour à tour dansants, entrainants ou mélancoliques.
Des titres comme "Jetzt oder nie", "Träumst du", "Kleinstadtboy" (excellente version teutonne du "Small town boy" de Bronski Beat :disco: ) ou "Als wärs das letzte Mal" sont des hits imparables. Le groupe entrecoupe ses morceaux par quelques interludes humoristiques, tels que "We will rock you" en allemand pour introduire "Labyrinth" ou encore une reprise de "Ca plane pour moi" de Plastic Bertrand au milieu d'une chanson (je ne me souviens plus laquelle). Ils ne se prennent pas au sérieux, tout en étant extrêmement carrés. Tout le savoir faire d'un groupe expérimenté qui maîtrise parfaitement l'art de la scène et qui a l'énorme mérite de continuer contre vents et marées en étant éclipsés par l'énorme succès planétaire d'un groupe qui joue un style très proche du leur et qui est en plus arrivé après eux.
Il m'ont en tout cas donné énormément de plaisir ce soir, et semblent avoir fait l'unanimité dans la salle au vu de l'ambiance dansante pendant le concert et des mines réjouies à la fin.


Setlist de OOMPH! :

Alles aus Liebe
Labyrinth
Träumst Du
Mein Schatz
Das weisse Licht
Mein Herz
Der neue Gott
Unzerstörbar
Als wärs das letzte Mal
Wunschkind
Jede Reise hat ein Ende
Bis der Spiegel zerbricht
Jetzt oder nie
Niemand
Mitten ins Herz
Unter diesem Mond
Auf Kurs
Sandmann
Gekreuzigt
Augen auf !

Kleinstadtboy
Gott ist ein Popstar
Dankeschön


Voilà une belle soirée, qui a en prime le mérite d'être originale pour la région puisque ce n'est pas tous les jours que l'on voit une affiche 100% germanophone comme ça dans le sud-ouest de la France. Avec la belle révélation de Unzucht et une superbe prestation de Oomph!, le prix des billets n'était pas donné (quand même 30€, sachant que le Metronum est une salle municipale aux tarifs qui sont donc en principe plus abordables qu'ailleurs) mais au vu des prestations des deux groupes, ça le valait.

Pierre

Merci à Base Production

 

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