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IRON MAIDEN - The Book Of Souls

Chroniquer un album d'Iron Maiden aussi dense que The Book Of Souls après seulement 3 écoutes peut se révéler presque suicidaire. Mais bon, je m'y soumets volontiers.
Déçu par le précédent opus The Final Frontier que j'avais ouvertement vilipendé, le faisant passer pour un exercice complètement raté à mon sens, ce n'était pas sans appréhension que je décidai de poser le vinyle sur la platine. Avant cela, la pochette n'était sans me rappeler celle du premier opus montrant un Eddie solitaire et agressif à souhait qui erre dans les rues londoniennes. Là aussi, notre Eddie est seul, grimé en guerrier cannibale d'Amazonie et fait vraiment peur à tel point qu'elle a été tout récemment censurée par la RATP. De toute façon, il aura tout subi, notre Eddie national. Trépané dans Piece Of Mind pour être massacré par le groupe à la fin d'un concert à Dortmund, prisonnier dans sa pyramide dans Powerslave puis ressuccité pour Live After Death pour devenir policier du futur dans Somewhere In Time et carrément démembré dans The X-Factor, il est toujours bel et bien présent et le restera jusqu'à la fin.

Le triple album (version LP) s'ouvre sur If Eternity Should Fail : une intro inquiétante presque glaçante cloue d'effroi son auditeur tandis que Bruce Dickinson entre en scène a capella accompagné d'un rythme fort soutenu qui débouche sur un refrain qui ne restera pas dans les annales maideniennes. Cependant, la section rythmique envoie son lot d'énergie annonçant la charge à tout va. Un petit côté Ghost Of The Navigator pourrait avoir influencé ce morceau aux ambiances très ésotériques avec cette narration finale sortie presque d'outre tombe.
Le titre suivant intitulé Speed Of Light, supposé être donc le single de ce nouvel album, percute bien même si, cela ne demeurera peut-être pas un single-phare dans la carrière du groupe, se veut quand même, être largement supérieur à un El Dorado. Comment pourrait-il en être autrement ? Le groupe propose ceci dit de superbes envolées guitaristiques comme au bon vieux temps, oserais-je dire même si par moments, le Bruce éprouve quelques petites difficultés. Mais bon, il faut voir aussi ce qu'il a vécu l'année dernière.
The Great Unknown pour lequel j'ai déjà lu quelques impressions négatives, me ravit au plus haut point. Son intro à la basse, inquiétante et sombre à souhait, pourrait nous replonger dans certaines ambiances issues de A Matter Of Life And Death, un album que j'ai pourtant très moyennement apprécié. De belles harmonies de guitares viennent étoffer l'entame de ce morceau sur lequel vient se poser délicatement et délicieusement la voix de Dickinson accompagné d'un tempo très enlevé une nouvelle fois. McBrain est mis à l'honneur grâce sa prestation de toute beauté. Le morceau s'achève sur un passage calme et serein.......à l'image actuelle du groupe.
The Red And The Black, premier morceau très long de l'opus, n'est pas une cover de Blue Öyster Cult mais un titre composé seul par Steve Harris. Débutant immanquablement par une subtile intro à la basse de la part du Boss, le morceau nous emmène dans un espèce de voyage initiatique de par ses envolées guitaristiques encore une fois. On observe une gradation dramatique du titre, entrecoupé d'un passage à la basse, rappelant le trop célèbre Rime Of The Ancient Mariner, extrait de Powerslave puis d'un refrain qui comporte des "Oh oh oh" accrocheurs qui auront lieu de faire leur effet en live. Pendant ce temps, les trois artilleurs que sont Gers, Smith et Murray décochent leurs salves avec une redoutable efficacité. Après 13'33, nous n'avons aucunement eu l'impression de nous ennuyer.

Après une telle fresque, le groupe revient sur ce qui a fait sa popularité à savoir un titre spontané et rapide intitulé When The River Runs Deep. C'est une véritable avalanche de riffs qui vous enveloppe voire même vous asphyxie et qui, en presque 6 minutes, résume parfaitement le son Maiden. Putain, ça fait du bien.
Nous passons ensuite au morceau-titre The Book Of Souls introduit par une phase acoustique, chose que nos Anglais ont pris l'habitude d'exécuter depuis quelques albums. Ca nous rappelle The Talisman de The Final "beurk" Frontier mais aussi très brièvement Losfer Words et là, c'est bougrement beaucoup plus intéressant. Le tempo y est dans un premier temps presque pachydermique sur lequel vient se greffer le beau brin de voix de Dickinson. J'ai cru également ré-entendre un zeste de Rime Of The Ancient Mariner. Ce qui est drôle, c'est que l'écoute de cet album, à ce moment précis, me rappelle l'instant précis où j'ai découvert Powerslave, me plaisant à décortiquer les moindres atmosphères de ce nouvel opus.
Death Or Glory est un morceau qui démarre pourtant bien et ce, grâce à cette ligne mélodique qui accroche bien l'oreille mais dès le refrain, le groupe s'égare, enfin je ne sais pas, s'aventure dans une direction étrange tant et si bien que ce qui accrochait bien son auditeur fait quelque peu chou blanc, créant ainsi une rupture malvenue entre ce couplet qui semblait respecter une certaine gradation dramatique et ce refrain au final assez fade le faisant passer pour quelque chose d'anecdotique.
Après un clin d'oeil évident à Wasted Years, Shadows Of The Valley composé par la paire Gers/Harris, le titre évolue vers quelque chose de magnifique et ce, grâce à une ligne directrice fort bien construite l'habillant de guitares atmosphériques et de percussions séduisantes, portées par la voix enjôleuse de Dickinson. Ceci dit, le tout dernier solo de Gers me paraît un peu saturé.
Tears Of A Clown avec un rythme rappelant très brièvement un Heaven And Hell du Sab (prêtez-y attention...) propose quelque chose de plus syncopé mais foncièrement attrayant à mon humble avis avec un Dickinson qui chante sur une tonalité assez monocorde. Tout ceci s'achève sur un solo de haute volée. "Jouissif" qu'ils disent dans Rock Hard. Eh bien oui, Monsieur Lageat, vous avez tout à fait raison.
Débutant sur une douce ambiance à la Still Life, The Man Of Sorrows est porté par un chant très mélodieux de Bruce, faisant de ce titre quelque chose d'accrocheur et bien structuré. Bref, moi j'aime bien.
Considérée comme une pièce maîtresse, Empire Of The Clouds du haut de ses 18 longues minutes offre de nombreuses facettes du talent de ce groupe ô combien incontournable aujourd'hui. Démarrant sur une tonalité douce presque classique et ce, grâce la présence, ma foi, fort bien bienvenue d'un violoncelle, le groupe relate avec émotion le terrible crash du zeppelin R101 qui se produisit le 5 octobre 1930 à Allonne dans l'Oise. Dickinson opte pour un chant virant sur le ton de la complainte, épaulé par la batterie puissante de McBrain qui ressemble davantage à des coups de boutoir bien plus qu'à autre chose comme si le percussionniste désirait se focaliser sur le choc même de ce crash surtout au moment de l'accélération finale. Entre-temps, il y a cette phase préparatoire où le vocaliste narre les prémisces de la catastrophe construite autour de rythmes complexes et syncopés très "jethro tulliens "parfois (on sait le sieur Harris fan de ce groupe mythique). Les six-cordistes nous offrent alors de belles envolées (normal, "on est dans le dirigeable") qui concluent cet album de fort belle façon alternant également avec les passages de violoncelle mentionnés plus haut.

Alors que dire de cet album si ce n'est qu'il est l’œuvre ambitieuse d'un groupe arrivé à maturation car malgré ses défauts dus sans doute à la longueur de ses compositions, The Book Of Souls ne m'est apparu à aucun moment ennuyeux comme avait pu l'être pour moi The Final Frontier. J'ai même envie de le re-déguster ce soir pour m'en ré-imprégner comme cela avait été le cas en 1984 pour Powerslave que j'avais trouvé extrêmement riche. Une envie irrépressible de le re-découvrir afin d'en déceler d'autres facettes et d'autres surprises. Si le groupe doit terminer sur cet album, celui constituerait à mon sens, l'excellent épilogue d'une carrière exemplaire. Mais bon, il y en aura d'autres car le combo a encore des choses à dire.

 

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