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nothing the great dismal chronique

Quatuor de Philadelphie (Pennsylvanie, USA), NOTHING officie dans un genre peu présent sur ce site : le heavy shoegaze lorgnant sur le cold-synth rock dans une grande galaxie musicale underground que l’on pourrait nommer rock alternatif.

Son leader Domenic ‘Nicky’ Palermo est un vrai bad boy ayant fait plusieurs séjours en taule dans ses jeunes années. Il a cependant maintenant opté pour un mode d’expression créatif et pacifique, n’hésitant pas à s’engager politiquement depuis qu’il a récupéré son droit de vote… (cf. la sixième piste intitulée « Bernie Sanders »).

« The great dismal » (‘le grand lugubre’) fait référence à un parc national marécageux américain situé entre Virginie et Caroline du Nord. Dans l’histoire des Etats-Unis, ce lieu de prime abord inhospitalier a servi de refuge à de nombreux fuyards, esclaves fugitifs ou autres marginaux qui s’y sont cachés à l’abri du monde extérieur. Palermo le compare à sa ville natale de Philadelphie en référence aux difficultés que peut avoir une grande partie de sa population pour subsister dans un environnement urbain hostile, et le garçon semble en connaître un rayon sur le sujet. L’ermite hirsute et peu avenant sur l’artwork semble une représentation graphique du gardien des lieux…

Pour ce 4ème album studio, Nicky Palermo (guitare et chant) est entouré de Aaron Heard (basse), Doyle Martin (guitare et chant) et Kyle Kimball (drums). La production (splendide) a été confiée à Will Yip avec lequel le groupe avait déjà travaillé en 2016 sur son deuxième LP « Tired of tomorrow » déjà sous le label metal Relapse.

Après cette petite présentation venons-en à la musique. Cet album débute d’une façon assez déroutante par une longue et mélancolique ballade (« A fabricated life »). Morceau intimiste décrit par Palermo comme une sorte de voyage introspectif mettant au final en exergue un déterminisme latent chez tout un chacun, dont on ne pourra pas se défaire tout du long de sa vie. Vous avez compris que le gars est un optimiste né ! En tous cas ce titre est à éviter si vous êtes un peu dépressif en ces temps de con(dé)re(dé)reconfinements enveloppés de restrictions en tous genres. Heureusement, dès la 2ème piste (« Say less ») le premier single tiré de l’album, introduit par quelques paroles a capela enchaînées sur des drums et un bon riff semblant zébrer l’atmosphère comme un éclair par temps d’orage, le tempo global de l’album est donné et vous pourrez jeter votre boîte de Prozac : ce sera rythmé et planant. Le chant monocorde et léger rappelle énormément celui de HEALTH, autre combo US officiant dans l’électro-noise (notez la présence de samples sur ce titre qui le fond s’apparenter à ce genre, avec en plus quelques effets électro type ‘dancefloor’ excellents).

« April Ha Ha » est un des titres les plus heavy de la galette avec présence d’un guest au chant en fin de morceau (Alex G. musicien chez Domino). Les drums puissants et la ligne de basse sont cassés en milieu de titre par un break plus léger. Cette mélodie sirupeuse empreinte de pop enrobe « Catch a fade » même si le morceau fait montre par la suite d’un son lo-fi et de rugueuses notes de gratte, nous amenant à un autre titre bien heavy « Famine asylum » dont l’architecture rappellera à beaucoup ce que pouvaient faire dans le temps les SMASHING PUMPKINS (Palermo est un grand fan de Billy Corgan). Vient ensuite « Bernie Sanders » dont la puissance rythmique colossale est contrebalancée par des boucles légères de synthé et guitares pour un morceau se révélant addictif au fil des écoutes.

La mélancolie contagieuse du morceau suivant « In blueberry memories » se révèle magnifique dans une logique post-hardcore ou néo-grunge. Ambiance planante absolument jouissive. On pense à SUNNY DAY REAL ESTATE par exemple. Titre enchaîné sur « Blue mecca » sans intervalle, avec l’impression de plonger dans un univers aquatique oppressant…dont on ne sera libéré qu’avec les deux dernières pistes « Just a story » et « Ask the rust » et leur post-hardcore bien cadencé.

NOTHING nous propose là un bien bel objet musical à savourer sans modération !

Up the irons!


Tracklist :
A Fabricated LIe 5:46
Say Less 4:15
April Ha Ha 4:20
Catch A Fade 3:50
Famine Asylum 4:10
Bernie Sanders 4:07
In Blueberry Memories 5:18
Blue Mecca 5:17
Just A Story 4:16
Ask The Rust 4:48



Line Up :
Guitare, Chant Lead - Domenic Palermo
Basse - Aaron Heard
Batterie - Kyle Kimball
Guitare, Choeurs - Doyle Martin

Label : Relapse Records
Sortie : 20/10/2020
Production : Will Yip

Discographie :
2014 : Guilty Of Everything (Relapse Records)
2016 : Tired of Tomorrow (Relapse Records)
2018 : Dance on the Blacktop (Relapse Records)
2020 : The Great Dismal (Relapse Records)
EP et splits
2011 : Пошлость (Poshlost) (démo) (autoproduction, Like Glue Records)
2011 : Suns and Lovers (Big Love Records)
2012 : Downward Years to Come (A389 Recordings)
2014 : Whirr / Nothing (split avec Whirr) (Run For Cover Records)


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