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ac dc highway to hell

Quarante ans! Quatre décennies que ce manifeste en métal scintillant et racé a été publié! Voilà qui mérite qu'on revienne un tantinet sur AC/DC, sans avoir la prétention d'une exhaustivité suffisante, mais avec le regard d'un fan dont l'adolescence fut bercée par des albums meilleurs les uns que les autres.

               Avant d'en arriver à ce "Highway to Hell", les australiens durent passer par quelques étapes que nous allons essayer de résumer brièvement, histoire de rafraîchir la mémoire des anciens et peut-être d'initier les plus jeunes.

               C'est en 1976 que Bon Scott (micro), Angus Young (lead guitar), Malcolm Young (rythm guitar), Mark Evans (basse) et Phil Rudd (baguettes) décidèrent de s'attaquer une première fois à la vieille Europe avec "High voltage". Cette version n'était pas un véritable album puisque sortie chez Atco Records filiale d'Atlantic Records, elle regroupait les 2 premiers essais studio australiens du groupe ("High voltage" et "T.N.T." parus tous deux en 1975 chez Albert Records le premier label australien indépendant). C'était un disque promotionnel qui anticipait leur venue physique en Europe afin de les faire connaître aux kids et potentiellement les lancer vers une carrière internationale car les musiciens commençaient à tourner en rond en Australie.

               Comme un programme prémonitoire, le premier morceau de "High voltage" est le boogie ultime "It's a long way to the top (if you wanna rock n'roll)" tout en cadence nonchalante. Enchaîné sur "Rock n'roll singer" beuglé par un Scott sous amphétamines (entre autres), l'effet est imparable: on bat du pied et on se met inexorablement à secouer sa tête d'avant en arrière. Puis c'est l'hymne "The Jack" toujours joué live dans les années 2000; pas vraiment un hit mais structuré pour les performances scéniques car entraînant systématiquement la participation du public et les pitreries d'Angus.

               L'incendiaire "Live wire", l'explosif "T.N.T." et le fulgurant titre éponyme "High voltage" complètent la setlist, alors que le premier single du groupe "Can I sit next to you girl?" était un peu en deçà. Les deux derniers morceaux sont parmi les moins connus, bien que cette notion soit toute relative avec AC/DC ("Little lover", et l'hilarant "She's got balls" - morceau qui pour l'anecdote fut composé par Scott pour sa copine de l'époque qui lui réclamait une petite chanson dont à vrai dire elle n'apprécia pas vraiment les paroles ce qui entraîna la séparation du couple -snif! [dixit Bon Scott himself]).

               A cette période le rock inter/transnational souffrait des turpitudes romantico-philosophico-psychologiques du Floyd: celui-ci s'éloignaient en effet à vitesse V de leurs incandescents débuts sous la houlette du magicien schizophrène Sid 'Crazy Diamond' Barrett au sein d'un prolifique et magique Swinging London ayant vu le jour au milieu des années 60. D'autres folks soporifiques à la Eagles tenaient aussi le haut de l'affiche, et la vague punk bien qu'amorcée par les premiers disques des Stooges n'en était qu'à ses balbutiements. AC/DC arrivait la dedans comme un chien dans un jeu de quilles et allait bouleverser de façon irréversible ce paysage musical international par le biais de compositions simples, directes, puissantes et sans complexe. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance car en ces temps reculés les critiques acerbes donnaient souvent dans l'obscurantisme et le délit de 'sale gueule' comme en témoigne la review de la galette par Billy Altman le 16 décembre 1976 pour Rolling Stone et se terminant par ces mots: "(...) AC/DC has nothing to say musically. (...) Stupidity bothers me."

               La même année et seulement quelques mois après la sortie de "High voltage" sans laisser aux kids le temps de souffler, AC/DC proposait un deuxième album toujours produit par Vanda & Young: "Dirty deeds done dirt cheap".

               De cet LP on ne pourrait retenir que 2 titres phares. D'abord le fougueux et possiblement auto-qualificatif "Problem child". Titre majeur de la discographie des australiens, qui en live prendra souvent des colorations explosives tant sur le plan visuel que musical lorsque Bon Scott rentrait en transe. Ensuite le blues imparable que représente "Ride on" prouvait aux détracteurs du groupe qu'AC/DC était capable de retenue et de groove pour une ambiance de piano-bar et fins de soirées du bout de la nuit...

               Mais ce résumé serait très réducteur et totalement injuste. "Dirty deeds done dirt cheap" c'est aussi la chanson éponyme au rythme saccadé et au refrain accrocheur, c'est encore "Jailbreak" le premier single tiré de l'album et relatant l'expérience de Scott en prison, ou encore "Ain't no fun (to be a millionnaire)" et "Rocker" dont la diatribe introductive était digne d'un programme électoral(iste) pour macho irrécupérable, jugez plutôt: "I'm a rocker! I'm a roller! I'm a right out of controller! I'm a wheeler! I'm a dealer! I'm a wicked woman stealer! I'm a bruiser! I'm a cruiser! I'm a rockin' rollin' man...".

               A cette époque AC/DC jouait encore dans des petits clubs, en particulier en Europe puisque ce n'était que leur première incursion physique sur le vieux continent. Leur renommée grandissante ils eurent aussi droit d'ouvrir pour quelques grands noms l'époque. C'est ainsi qu'assurant la première partie de Rainbow, ils durent se fader les caprices princiers d'un Blackmore souvent odieux et furieux de se voir piquer la vedette par des musiciens jouant d'après lui 'la forme la plus médiocre' de rock n'roll [sic]. Mais ces quelques frustrations n'allaient pas durer car la montée en puissance inexorable de ce boogie-rock survolté allait vite les propulser en orbite avec l'accumulation d'albums plus jouissifs les uns que les autres sur la fin de la décennie 70.

               Volens nolens!

               Pour "Let there be rock" paru en 1977, le groupe opéra un minime changement d'équipe puisque la basse revenait à Cliff Williams (qui allait la garder longtemps...lol) en lieu et place de Mark Evans. De cette galette les critiques emphatiques diraient a posteriori  qu'elle s'apparentait à une véritable attaque d'envergure mondiale sur les charts. Les australiens allaient ainsi ravir la couronne des rois (déjà) défaillants du hard-rock de l'époque (Deep Purple par exemple puisque le Dirigeable historique s'était déjà abîmé corps et biens comme son illustre ancestre le Zeppelin Hindenburg).

               La guitare flamboyante d'Angus brillait de mille feux entre les mains d'un jeunôt à peine âgé de 22 ans. La rythmique très boogie-woogie de ses comparses le poussait à toujours plus se donner sur scène et les shows anglais démesurés commençaient à bâtir la légende du groupe. Par ailleurs la voix éraillée du 'vieux' Bon Scott (31 ans) mais qui semblait rajeunir au contact de ses acolytes était en complète symbiose avec eux tout en se révélant leur véritable leader naturel.

               Les "Go Down", "Dog eat dog", "Bad boy boogie", "Let there be Rock", "Overdose", "Hell ain't a bed place to be" ou le final apocalyptique sur "Whole lotta Rosie" se révèlaient être des hymnes flamboyants pour un disque fulgurant qui redorait les lettres de noblesses d'un genre qu'à l'époque on croyait perdu (la NWOBHM attendrait).

               N'en déplaise à ses détracteurs, le Rock se métamorphosait à l'échelon mondial, telle une larve monochrome passant à l'état de papillon multicolore frétillant et virevoltant sur un tempo magique: 'Tada dada dadada..Angus! Tada dada dadada..Angus! Tada dada dadada..Angus! Ta...'   

               Un an à peine après "Let there be rock", les boys revenaient avec un album sous-estimé (dixit Malcolm Young). Ce "Powerage" en effet était moins 'rentre-dedans' que son prédécesseur et contenait un rock tout en retenue du côté de la puissance.

               Pourtant cet album renfermait (encore) des perles. Citons "Rock n' roll damnation" qui ouvrait historiquement la face A de la meilleure des manières, dans la continuité des productions précédentes. Première incartade couleur bluesy "Down payment blues" au riff plus stonien que les anglais eux-même (à l'instar de la 7e piste du disque d'ailleurs, "Gone shootin") permettait un réel équilibre avec des compositions qui accéléraient parfois le rythme de façon schizophrène ("Riff raff" ou "Up to my neck"). AC/DC proposait ainsi  un album massif et efficace tout en explorant d'autres facettes de leur boogie-rock afin de faire taire les quelques détracteurs récalcitrants qui ne voyaient en eux que de vilains garçons ne sachant jouer 'que' d'un certain style de zike.

               N'oublions pas l'hymne qu'est "Sin city", classique parmi les classiques d'un groupe qui s'échauffait ainsi pour leur futur album mais là il faut aller en 1979...en passant par la case 'live'.

               En 1978 alors qu'Atlantic, leur maison de disque prévoyait la sortie (déjà) d'un best of, c'est finalement un disque live qui fut choisi pour récapituler leur première partie de carrière [1975-1978] en tentant de montrer au mieux l'ambiance déjantée des concerts du groupe à l'époque...

               "If you want blood...you've got it" fut enregistré au théâtre Apollo de Glasgow le 30 avril 1978 et nous livrait les meilleurs titres du groupe sur scène sans en perdre le son brut (crade quoi) rendant plus authentique encore leur rock-blues (ou boogie-rock). Angus illuminait le show, alors que Bon Scott s'affirmait comme un frontman charismatique. La pochette sur laquelle on voit Angus se faire hara-kiri avec sa guitare sous les yeux narqois du chanteur est un des meilleurs artwork qui n'ait jamais été imaginé en matière de rock.

               Ce live, succinct, permettait à l'auditeur une totale immersion dans la musique des 5 australiens à une époque où internet n'existait pas et où l'accès à des versions pirates nécessitait un porte-monnaie bien rempli! Même si le groupe a par la suite proposé de nombreux autres enregistrements publics officiels, celui-ci n'a à mon sens jamais pu être égalé (à l'exception peut-être du double CD du concert de Paris "Let there be rock: the movie" présent dans le magnifique coffret "Bonfire" et paru en 1997).

               Préfigurant la fin de la première période du groupe, l'année 1979 les voit changer de catégorie avec la publication de l'album "Hyghway toHell". Reconnu sur le plan international, AC/DC délaisse sa production 'made in Australia' par Vanda & Young à laquelle le groupe avait été fidèle depuis ses débuts pour s'adjoindre les service d'un producteur de classe internationale (et en plein devenir lui aussi puisque seulement âgé de 31 ans à l'époque) en la personne de John 'Mutt' Lange (qui officiera également sur les deux albums suivants du groupe, avant d'aller consacrer les albums d'un des fers de lance de la NWOBHM, Def Leppard). Ainsi mise en valeur au mixage, l'apogée d'écriture 'boogie-rock' de la petite troupe va s'en trouver transcendée...

                Porté par un riff d'anthologie le titre "Highway to Hell" allait propulser le groupe dans la stratosphère des tubes hard-rock. Les australiens touchaient les étoiles avec cet LP probablement le plus populaire de leur discographie (même si en termes de vente il ne peut pas rivaliser avec "Back in Black" qui paraîtra l'année suivante et sera vendu à plus de quarante millions d'exemplaires). Le groupe arrivait ainsi à maturité, prêt à conquérir les States!

               C'est pendant la tournée qui suivra la sortie de cet album que le 9 décembre 1979 au Pavillon de Paris AC/DC allait passer pour la première fois en France en tête d'affiche. Ce jour-là les boys donnèrent deux concerts: l'un à 16 heures, l'autre à 21 heures. Le billet s'affichait à 45 francs, soit 7 euros ?! Des caméras allaient immortaliser le second show, puissant, dantesque, apocalyptique dans le film « Let There be Rock » (qui sortira au printemps 1982). La scène où Angus Young prend de l'oxygène avant de plonger dans le public en ébullition est entrée dans l'Histoire du Rock...

               "Highway to Hell" comporte 10 pistes dont l'énumération n'a guère d'intérêt pour les esthètes. Rappelons surtout que c'était la dernière apparition de Bon Scott en studio. Le 19 février 1980 son corps était retrouvé sans vie suite à une énième beuverie qui lui fut fatale. Scott s'en était donc allé sur cette voie rapide vers l'enfer, après avoir brulé sa jeunesse à vitesse supersonique. Il serait remplacé quelques mois plus tard par un grand gaillard à la voix éraillée portant casquette et chemises à carreaux. Mais là, c'est une autre histoire...

Tracklist :
Highway to Hell - 3:26
Girls Got Rhythm - 3:23
Walk All Over You - 5:08
Touch Too Much - 4:24
Beating Around the Bush - 3:55
Shot Down in Flames - 3:21
Get It Hot - 2:34
If You Want Blood (You've Got It) - 4:32
Love Hungry Man - 4:14
Night Prowler - 6:13


am
Line Up :
Bon Scott : Chant
Angus Young : Guitare solo
Malcolm Young : Guitare rythmique, chœurs
Cliff Williams : Basse, chœurs
Phil Rudd : Batterie

Label : Atlantic
Sortie : 27 juillet 1979 (Australie) 3 août 1979 (reste du monde)
Production : Robert John "Mutt" Lange

Discographie :
High Voltage (1975) (Australie)
T.N.T. (1975) (Australie)
High Voltage (international) (1976)
Dirty Deeds Done Dirty Cheap (1976)
Let There Be Rock (1977)
Powerage (1978)
If You Want Blood (1978)
Highway To Hell (1979)
Back In Black (chronique par Plunk) (par Claude Scébat) (1980)
For Those About To Rock (1981)
Flick Of The Switch (1983)
'74 Jailbreak (1984)
Fly on the Wall par Fred67  par John Markus (1985)
Who Made Who (1986)
Blow Up Your Video (1988)
The Razors Edge (1990)
Live (1992)
Ballbreaker (1995)
Stiff Upper Lip (2000)
Black Ice (2008)
Let There Be Rock (DVD 2011)
Live At River Plate (DVD 2011)
Rock Or Bust (2014)
 

Power Up (2020)


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