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alice in chains rainier fog

J'ai connu Alice alors qu'elle n'était encore qu'une enfant au caractère morose et aux idées souvent morbides.

C'était en 1990 année de sortie de "Facelift" son premier album. Alors que cette galette n'en finissait pas de remplir ma chambre d'étudiant de relents qui seraient bientôt appelés 'grunge', au niveau planétaire se jouait une partie d'échec. Le centre névralgique du rock mondial prenait en effet tranquillement la direction de Seattle et la côte Nord-ouest des USA, après avoir stagné près de 10 ans quelques centaines de miles plus au sud pendant la période glam/hair-metal californienne. Celle-ci venait d'être détruite en 1987 avec appétit par une association ambiguë mêlant des fusils à des roses et au sein de laquelle officiait un bassiste originaire de...Seattle (Duff McKagan). Dans cette jungle urbaine où personne n'était bienvenu, le tocsin résonna alors pour mettre fin à la domination des charts par des combos souvent surfaits et très limités sur un plan musical, pâles copies de Kiss dans leurs accoutrements (citons pêle-mêle Mötley Crüe, Ratt, Cinderella, ou autre Poison...).

Comme tous les enfants de son âge Alice avait sa ribambelle d'amis. Malheureusement beaucoup d'entre eux furent balayés par une faucheuse vorace soit avant d'avoir pu totalement s'épanouir (ce fut le cas de Mother Love Bone dont le chanteur Andrew Wood se suicida en 1990) soit en pleine maturité artistique (suicide de Kurt Cobain en 1994). D'autres lui restèrent cependant fidèles comme Soundgarden, Pearl Jam ou Mudhoney. Cette amitié et cette alchimie entre artistes du même horizon permirent à notre belle Alice de proposer son chef d'oeuvre en 1992 avec "Dirt", un album à la maturité étonnante quoique toujours empreint de cette mélancolie maladive.

Puis arriva l'adolescence. Alice fit paraître son 3ème LP studio (sans titre) en 1995, et fit l'une des plus belles prestations unplugged sur le plateau de MTV en 1996. Mais comme souvent cette période de la vie lui apporta moult problèmes existentiels et elle vit son bassiste Mike Starr ainsi que son chanteur Layne Staley sombrer dans l'héroïne. Une overdose fut fatale à ce dernier en 2002 alors que le premier fut retrouvé mort à son domicile quelques années plus tard. On n'entendit plus alors parler d'Alice..

Jusqu'à ce qu'en 2009 celle-ci se rappelle à notre bon souvenir. L'adolescente timorée avait laissé place à une splendide jeune femme de 20 ans à peine et l'album "Black gives way to blue" la remettait brillamment en scène comme aux plus beaux jours. Cette métamorphose était plus le fait d'un Jerry Cantrell ressourcé que du nouveau chanteur nommé William duVall. Ce dernier attendrait l'excellent album suivant "The devil puts dinausors here" (2013) pour réellement prendre une place prépondérante au sein du groupe.

En 2018 Alice a presque 30 ans et nous propose son 6ème album studio "Rainier fog" en référence au parc national du mont Rainier point culminant de la région de Seattle. Il est à ce sujet intéressant que les groupes locaux soient aussi attachés à leurs racines puisqu'on se souvient du monumental coffret live (7 CDs) de Pearl Jam sorti en 2007 "Live at the Gorge" dont l'artwork représentait le fleuve Columbia sillonnant l'état de Washington...

Question line-up aucun changement avec la présence indéfectible de Mike Inez à la basse et Sean Kinney aux drums, en soutien de duVall et Cantrell. La production a été confiée comme pour les deux précédents albums à Nick Rasculinecz (Mastodon, Deftones, Ghost ou encore le dernier Rush).

Même si Alice a bien grandi, force est de constater qu'elle est restée marquée par le destin. Sa musique reste empreinte de blues pour ne pas dire de tristesse et de noirceur. Plusieurs titres font référence aux multiples décès ayant affecté les musiciens ces dernières années que ce soit David Bowie sur le titre introductif "The one you know", Chris Cornell sur  "Never fade", ou encore leurs deux anciens comparses Layne Staley et Mike Starr sur "Rainier fog" .

Pourtant à l'écouter de plus près, "Rainier fog" n'en reste pas moins un album imprégné d'un nouveau souffle musical. Mélodiquement abouties les ballades "Fly", "Maybe", "Never fade" ou le mélancolique "All I am" accrochent l'oreille de l'auditeur de façon quasi hypnotisante.

Le grunge des débuts a su évoluer sur les morceaux plus lourds comme "Drone", "Red giant" ou "Deaf ears blind eyes" vers une sorte de rythme tribal lorgnant vers un doom/sludge survolé par les riffs inspirés de la guitare de Cantrell.

"Rainier fog" semble le plus abouti des albums d'Alice depuis l'arrivée de duVall, confirmant que la belle est sur le bon chemin.  Même si le lapin blanc reste introuvable, elle a su s'éloigner des sentences monomorphes d'une reine de coeur acariâtre pour se ressourcer et tenter de se libérer de ses chaînes. Quand on se penche sur son parcours ce n'était pas gagné d'avance et il faut rendre hommage à Jerry Cantrell et Sean Kinney d'avoir su insuffler une nouvelle énergie à leur créature pour le plus grand plaisir de leurs fans.


Tracklist :
01. The One You Know
02. Rainier Fog
03. Red Giant
04. Fly
05. Drone
06. Deaf Ears Blind Eyes
07. Maybe
08. So Far Under
09. Never Fade
10. All I Am. 








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ALICE IN CHAINS Rainier Fog - 3.8 out of 5 based on 4 votes