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Commenter cet album d'Asia n'est pas simple, car il nous faut lever une ambiguïté sur l'entité Asia. En effet, membre fondateur, éminent guitariste et désormais démissionnaire, Steve Howe, a toujours su apporter un supplément d'âme, et cela malgré son manque d'implication créatif dans le groupe. Que serait cette "pop prog" de luxe sans ses magnifiques enluminures guitaristiques ? La réponse, Wetton & Downes l'ont donnée en 2004 ; Icon. Asia n'est plus tout à fait lui-même sans Howe, au reste son remplaçant au son abrasif, fait bien pâle figure. Le duo Wetton/Downes éprouve beaucoup de difficultés à faire de la place à un guitariste. Seul Howe en 82 eut l’espace nécessaire pour faire jaillir son exceptionnel talent. Pourquoi ne pas avoir alors embauché John Mitchell (Icon I & Icon II) ? Guitariste d'Arena (entre autres), il possède un touché exceptionnel, un son soyeux, compatible avec le groupe. Erreur de casting, dommage. Mais tout est affaire de goût et reconnaissons que la qualité générale des compositions de Gravitas s’avère certes, quelque peu inférieure à ses deux prédécesseurs, mais certainement pas d’une différence abyssale. Si l'album comporte son lot de jolies mélodies (« valkyrie », « heaven help me now, « I would die for you », « joe dimaggio's glove »), il est également traversé par des faiblesses :
- quelques refrains ici ou là pas assez catchy, flagrant sur le titre « gravitas » (ne manquant pourtant pas d'emphase) et la ballade « russian dolls » ;
- le travail linéaire et sans relief de Palmer, qui batteur fougueux autrefois, apparaît aujourd'hui bien cramé (on est loin d'ELP !) ;
- la surenchère récurrente (depuis la réunification) de ballades épuisantes de mollesse (sic), à l’instar «the closer I get to you » dont le refrain est toutefois réussi ;
- enfin, l’absence de Howe révèle quelques carences mélodiques et harmoniques. Lui seul pouvait relever le niveau d'une "banale composition" en une puissante et lumineuse chanson.
Néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, les fans d'Asia trouveront encore en Gravitas de quoi satisfaire leur amour du bel ouvrage et du lyrisme exacerbé dont le groupe a toujours fait montre. De toutes les façons, nous ne sommes plus en 82, Asia ne sera plus ce groupe miraculeux qu’il a été. Toutefois, il est encore capable sporadiquement, de produire de belles fulgurances, mais hélas, dépouillées de toutes ambitions progressives. Howe, en était en quelque sorte l’ultime caution. Si vous voulez retrouver le paradigme musical originel d’Asia, alors foncez sur l’intro et l’outro de « hour of need » (bonus version Japan) extrait du dernier album de Yes. Assurément une madeleine de Proust ! Ce qu’Asia n’aurait jamais dû cesser d’être en somme…une icône !?

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