Dès la première écoute, ce qui frappe, c’est le mélange de rock rural à la Creedence, de hard rock façon Black Sabbath, de country folk en passant par ZZ TOP, une espèce de crossover sur les styles qui prévalaient dans les années 70. D’aucuns les classent un peu rapidement dans le genre Stoner, il y a un peu de ça, mais cela va au-delà, les ambiances psychédéliques n’étant par moment pas bien loin. Deuxième surprise, après enquête, ce groupe est… français et piloté par Marc Varez, l’ancien batteur de VULCAIN, la coloration Amérique profonde trouve son origine auprès du chanteur blues-man Américain à la voix éraillée, par ailleurs installé à Paris : Ian Kent. Pour compléter le groupe, il y a le bassiste Sami Abes puis le guitariste Olivier Jargeais qui a rejoint le groupe après leur premier album, celui-ci étant le troisième. Ce qui frappe également, c’est le grand professionnalisme des musiciens, qui jouent un peu à la façon des power trio en vogue dans les années 70, un genre qui ne pardonne pas les imperfections, et qui permet de profiter pleinement des lignes de basses, la production étant assurée de manière irréprochable par Marc Varez. Pas moins de treize morceaux alternent les ambiances entre balades acoustiques dont les plus touchantes sont certainement The Touch Of Your Skin, et Melody avec ses airs de country, les rocks accrocheurs comme Cane Cutter, ou encore le heavy Push Me Pull You, ou les mid-tempo tendance hard rock comme Wrong Turn, Dying Breed ou encore Golden Shore. Et pour ceux qui auraient des doutes sur les racines du groupe, ce dernier nous offre pas moins de quatre reprises, avec pour commencer Run Through The Jungle des CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, un classique qu’ils s’approprient si bien qu’un néophite ne connaissant pas CCR pourrait penser que c’est une création du groupe. Puis c’est un saut osé vers DEEP PURPLE et une version de Mary Long pleine de conviction, qui fait plaisir à écouter, notamment le solo de guitare tout à fait à la hauteur ; puis c’est I've Got A Feeling, des BEATLES, façon country folk, et enfin pour finir en douceur, la ballade Planet Caravan signée de BLACK SABBATH. Blackstone est donc une formidable machine à remonter le temps dans les années 70 au travers de compositions de qualité, capable de surfer entre blues, hard rock, folk, stoner… selon une démarche crossover qui se moque du peu d’attrait commercial de cette direction, et qui par voie de conséquence force le respect.