J’ai découvert les talents de guitariste de René Paul Roux (vrai nom de PAUL PERSONNE) dans les années 1976 – 77, à l’époque, il sillonnait les clubs et amphi Toulousains dans un groupe qui s’appelait le Bracos Band, qui oeuvrait dans le rock blues, et qui, à l’image d’un Wishbone Ash, proposait de superbe échanges de soli entre Paul et l’autre guitariste dont j’ai oublié le nom. La dernière fois que je le vis dans ce line-up, c’était dans un concert au Pied à L’Isle Jourdain, le « Marquee Club » Toulousain de l’époque, il nous déclara après le concert, au coin du bar, qu’il montait à Paris, nous lui avons souhaité bonne chance, bien sûr, sans imaginer le moins du monde que c’était le point de départ d’une si longue carrière. Une carrière dévouée entièrement au blues, sans la moindre concession aux modes, et de ce fait, le parcours a été pour le moins laborieux. La première percée significative s’opère en 1979 – 1980 avec le groupe Backstage, dans lequel il chante en anglais, et le deuxième album, sorti chez Vogue, y compris en Angleterre, eut l’honneur d’être chroniqué par le Melody Maker. Mais le groupe éclata suite à des différends avec la maison de disque, René Paul se lança alors dans une carrière solo sous le nom de Paul Personne, et le premier album sort ainsi en 1982, avec le chant en français, qui va devenir en quelque sorte sa marque de fabrique, celle qui est toujours d’actualité aujourd’hui. Et ceci contre vents et marées, avec des succès, mais aussi des traversées du désert, ponctuées par des évènements dramatiques comme la perte accidentelle de sa fille en 1984, et finalement, la palette des sentiments exprimées dans son blues repose sur un vécu qui respire l’authenticité. Ce nouvel opus résulte d’un appel d’offre de notre star nationale du rock, Johnny, qui, ayant décidé de consacrer son nouvel album au blues, a proposé à de nombreux auteurs la participation à son album au travers de leurs titres. Personne et Thiéfaine ont ainsi envoyé de nombreux titres, seul deux de Paul ont été validés, et l’idée a germé entre les deux compères de mutualiser leurs efforts non retenus au travers de cet opus. Bien leur en a pris, car la musique gorgée de slide de Paul s’acoquine admirablement bien avec les textes d’Hubert-Félix. Le blues s’impose bien sûr, au travers de titres émotionnels, comme Avenue De L'amour, Amant Sous Contrôle, Your Terraplane ou encore Le Vieux Bluesman, mais le tempo sait aussi se diversifier au travers de titres plus énergiques, ou plus rock, à l’image de Emeute Emotionnelle, Strindberg 2007-10-02, Rendez-Vous Au Dernier Carrefour, ou Juste Avant L'enfer, et mention spéciale au mid tempo L'appel De La Forêt, dans lequel la slide guitare de Paul côtoie un refrain fédérateur. Les deux voix se complètent à merveille, le son semble capturé live, et ajoute par là même un parfum d’authenticité que l’on ne retrouvera pas dans le produit estampillé blues et très marketing de Johnny. Ce dernier bénéficie qui plus est d’un matraquage médiatique qui fera défaut à ce Amicalement Blues, alors faites partie de ceux qui dégustent ce parfum de blues, en toute intimité, et à l’abri du tapage médiatique, avec un album qui ne fera pas un énorme score au box office, mais qui est absolument authentique et jouissif.