Pour la première fois, l’épée - l’emblème du groupe - est absente de la pochette. Une pochette d’ailleurs assez bizarre. Ce n’est pas le seul changement. En effet, deux petits nouveaux font leur entrée dans le groupe. Le bassiste tout d’abord, qui n’est pas dépaysé car ses deux frères officient déjà au sein du groupe. J’ai nommé le petit dernier des Porcaro, Mike. Celui ci remplace David Hungate, parti sous d’autres cieux. Le changement le plus important réside au niveau du chanteur en la présence de Fergie Frederiksen. Celui-ci n’est pas un inconnu pour les fans d’AOR puisqu’il officia au sein de TRILLION et de LEROUX pour le superbe album So Fired Up. Il remplace Bobby Kimball qui a été dégagé du groupe manu militari suite à ses problèmes de poudre blanche. C’est vrai que l’arrivée de Frederiksen va changer la donne au niveau de la musique du groupe. Isolation va tendre plus vers l’AOR et le rock FM que les précédents opus, tout en gardant quand même l’identité du groupe. J’avoue que cet album m'a toujours posé un problème. En effet, je l’aime beaucoup mais je persiste à penser qu’il lui manque un petit quelque chose qui en ferait un chef d’œuvre absolu. Certainement la cohérence de l’ensemble qui n’est pas vraiment au rendez vous. En effet, le style des titres est un peu fait de bric et de broc, et puis je pense aussi que l’ordre des titres n’est pas adapté. Les deux premiers par exemple, Carmen et Lion ne sont pas les deux meilleurs morceaux du cd et pourtant ils sont placés en début. Ce qui peut rebuter un peu l’auditeur. Stranger In Town dénote des deux premiers titres car on retrouve David Paich au chant, pour une compo très aboutie qui sera le 1er single de l’album. Le refrain avec la voix haut perchée de Frederiksen est un petit bijou. Angel Don’t Cry est un morceau charpenté rock FM où la guitare de Luke se fait incisive, la performance vocale est impressionnante également. How Does It Feel est la ballade de Lukather, toujours somptueuse avec un apport de cordes très intéressant. Endless est aussi un titre très fort, un hit en puissance, groovy à souhait où on retrouve un peu la patte Westcoast qui a fait la réputation du combo. Isolation bénéficie d’une superbe intro au piano et aussi d’un refrain fort alléchant. Avec Mr Friendly on retrouve un peu la texture d’Isolation, un brin plus progressif toutefois. La guitare de Luke fait des étincelles. Tout comme sur Change Of Heart, un titre très orienté AOR. On termine avec Hollyana, titre pop interprété par David Paich. Ah le riff de piano… Une superbe compo, inhabituelle pour le groupe, mais Dieu que ce titre est réussi. Un album charnière qui marque la fin d’une époque et qui en appelle une autre toute aussi riche musicalement parlant.