La vague Emo américaine est porteuse de plusieurs dizaines de groupes, comme dans toutes nouvelles mouvances, la majorité ne seront que des « one shot stars » et disparaîtront comme ils sont apparus, dès que le phénomène de mode lassera. Resteront, ceux qui auront su s’adapter musicalement grâce à leur talent, leur qualité d’écriture, et leurs compétences instrumentales. Je crois que MAYDAY PARADE fera partie du lot, il est clair que le groupe surfe sur la vague, en pratiquant un Emo pur et dur, toutes les recettes avec tous les ingrédients du genre y sont présents. En 2006, Mayday Parade apparaît dans de nombreux concerts au Texas, d’où il est originaire, formé à partir d’anciens membres de KID NAMED CHICAGO et de DEFINING MOMENT, acteurs de l’ombre durant cette période, sans aucun appui de production, sans aide d’aucun label, ils vendent plus de 20.000 copies de leur premier E.P. : Tales Told By Dead Friends ; conjointement l’ouverture de leur blog sur le net est une véritable explosion, cela ne laisse pas indifférent le label Fearless Records qui les signe début 2007. Leur premier album A Lesson In Romantics sort le 10 Juillet 2007, affaire rondement menée ! Ce qui les démarquent fortement des autres groupes, ce sont les atouts des compos, une grande diversité rythmique tout d’abord, dans Jersey comme dans If You Wanted A Song About You All You Had To Do Was Ask, les plans de basse servent de support aux vocaux multiples, ce qui est peu conventionnel dans l'Emo, surtout sur des mid tempo complexes avec des changements de ton, un tantinet romantique, maîtrisant à la fois punch et émotion. Le hit en puissance Black Cat, pop punk musclé au refrain rapidement mémorisable et aux arrangements de guitares en chorus, ce qui laisse entrevoir que les guitaristes ne se contentent pas de rythmiques basiques, reproche communément admis dans ce genre de rock, une bonne maîtrise instrumentale permet d’agrémenter plusieurs titres de « trouvailles guitaristiques », là aussi, assez peu conventionnelles dans le genre, et de chorus de très bonne qualité comme dans I’d Hate To Be You When People Find Out What This Song Is About, et Ocean And Atlantic que le rockeur lambda ne renierait pas. Plus étonnant encore, la ballade Misery At Best, minimaliste : piano/chant. On ne sera pas sans remarquer la présence de deux vocalistes, qui alternent avec aisance des chants en canon dans le hit pop énergique Jamie All Over, avec pour arrangement des chœurs, ou dans When I Get Home You’re Dead aux vocaux multiples et au refrain dense qui n’est pas sans rappeler FALL OUT BOY, ou bien les vocalistes se « partagent le boulot » si je puis dire, comme dans la ballade Misery At Best, ou dans Walk On Water Or Drown, deux voix en alternance couplets/refrains, idem pour la deuxième ballade, You’ll Be The Anchor That Keeps My Feet On The Ground I’ll Be The Wings That Keep Your Heart In The Clouds après une intro d’arpéges de guitare, chaque chanteur entame quatrain par quatrain sa propre partie vocale. Malgré tous ces atouts encourageants pour le futur on regrettera une baisse de régime en milieu d’album, où, passé l’effet de surprise, l’originalité s’essouffle, les derniers titres pourront même paraître fades et manquent singulièrement de tonus ; en effet, la lassitude provient d’un tempo quasi identique d’un bout à l’autre de l’album et de trop grandes similitudes dans les mélodies vocales, dans les deux cas cela laisse peu de place au relief. Malgré un savoir faire indéniable, il manque dans ce premier album « la petite étincelle » des hits réels, quelques titres supplémentaires qui sortiraient vraiment du lot et qui feraient que l’on s’attarderait probablement moins sur ceux plus « passe partout ».