Avec un nom aussi évocateur rappelant une fameuse marque d’amplis, on pourrait presque s’imaginer avoir affaire ici à un groupe instrumental ou très axé sur les guitares, ce qui aurait été un raccourci bien facile. Et bien ce n’est pas le cas et il faut reconnaître que les Italiens de MARSHALL ne sont pas adeptes de la facilité car ils pratiquent un Metal Progressif dans lequel viennent se greffer des parties symphoniques ainsi que des voix très variées qui peuvent parfois paraîtrent décalées. Le premier titre Mission : Empire est assez représentatif de cette volonté de varier les genres, car si le chant principal reste assez conventionnel, les quelques répliques de chants typés "Death" peuvent surprendre l’auditoire, car ce n’est pas encore une pratique très courante dans le Metal Progressif. On n’est pas au bout de nos surprises concernant les chants car dès le deuxième titre The Call Of The Banshee, c’est une voix féminine soprano qui fait son entrée, titre aux accents plus symphoniques évidemment, tout comme Flowers Of Hell et ses chœurs qui ne manquent pas d’emphase. Rajoutons à cela quelques touches liturgiques sur Knights Of The Black Cross, plus un claviériste dont le timbre de voix possède un certain aspect théâtral quand il prend le micro, et cela donne en fin de compte un sacré éventail de chants différents qui arrivent pourtant à se compléter avec réussite, voire même avec un certain culot. Musicalement parlant, il semble que deux écoles cohabitent car on pourrait situer Marshall entre un SAVATAGE plus alambiqué, du moins dans les passages les plus agressifs, et entre un SHADOW GALLERY vigoureux, ce qui est particulièrement flagrant sur des titres où le piano est très présent ( la ballade By The Light Of Lady Moon) ainsi que dans certaines envolées typiquement progressives et élaborées (le très bon Krakatan et ses 10 minutes, par exemple). Bien sûr, les premières écoutes de ce Pages From The Past : Tome I peuvent en rebuter certains du fait de ces différents styles de chants qui peuvent choquer (les growls et les chants lyriques ne sont pas non plus en majorité, loin de là), mais c’est aussi ce qui apporte une certaine richesse à l’album qui, malgré quelques rares petites platitudes dans certaines longueurs, reste une curiosité des plus intéressantes. Les musiciens de Marshall ont osé prendre des risques, c’est donc sans à priori et sans idées pré-conçues qu’il faut se laisser aller à découvrir cet album qui finit par convaincre à condition de lui donner toutes ses chances.