Il n’est pas dit que cet album de JEFF SCOTT SOTO (avec ses amis) soit au goût de tout le monde et qu’il devienne une référence dans sa longue discographie personnelle, j’entend même déjà susurrer : faites que l’on oublie aussi vite cette errance dans la fange discographique actuelle, que son passage éclair dans JOURNEY. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir moultement peaufiné l’affaire, ce projet de longue haleine a mis du temps à mûrir, mais c’est quoi ce REDLIST ?? En 2001 J.S.S. ressent le besoin de s’exprimer artistiquement autrement, de palper d’autres horizons musicaux, par hasard ou par chance, il rencontre Neil Goldberg, guitariste d’ANNIHILATOR à cette époque, ce dernier lui présente des maquettes réalisées à la Berckley music Academy, en compagnie de Dave Fraser « bidouilleur » en électronique et musique synthétique, ils ont pour habitude, la réalisation de bandes son pour les jeux vidéo, et autres spots de pub. J.S.S. est fortement impressionné par les démos, Redlist 2002 vient de naître, ils décident conjointement, quand le cœur leur en dit, de composer quelques titres. Ce n’est que ponctuellement qu’ils travaillent ensemble, les obligations de J.S.S. l’obligent même à interrompre le projet durant 2 ans. Redlist 2005, à la réécoute de leur travail passé, le résultat leur apparaît plus que probant, il leur faut aboutir, enfin, à la réalisation définitive, les uns et les autres, tiraillés par leurs multiples occupations, devront patienter pour la concrétisation finale, Redlist 2007, ouf ! pas question ici d’histoire d’argent, de grosse prod. et de promo à tout va, l’album n’est disponible que via le téléchargement, ceux qui souhaitent la jaquette, et vlan v’là le fichier pdf et débrouille toi ! Commercialisation sans coût, a minima, comme le bon vin le contenant est destiné à la déchetterie, le contenu, alors là c’est une autre histoire… J’ai toujours apprécié quelques touches de rap dans le Metal moderne, le côté abrupte étant pour le coup temporisé par un groove de bon aloi, et c’est le leitmotiv de cet album, les riffs y sont fortement acérés, très proches du Nu Metal, sans aucun doute, cet aspect est émoussé par le talent rythmique indéniable du vocaliste et par l’adjonction originale de scratch et autres babioles électro-synthétiques qui irrémédiablement font battre du pied et hocher la tête. Migraine, premier titre de l’album, qui je le vois d’ici en fait rire plus d’un ! Séquence de guitares et synthé, mélange confirmé de Rap et de chant clair sur rythmique syncopée et purement afro-groove, pont de basse là aussi en séquence, travail d’orfèvre extrêmement formaté, à l’instar de Living Proof aussi bien que Backstabber, encore plus nettement Rap. Place au chant clair, même si le couplet est entrecoupé de séquences vocales, l’esprit Soul rôde sur World Today, pas de guitare cheval de traie, un son saturé mais très standard, pour ce superbe titre. Re bidouilles synthétiques pour ce mid tempo, où le rap n’interfère pas, laissant la place à un chant où J.S.S. excelle, Swallow sera plus conforme aux attentes des fans. Ain’t Your Man et le 2nd single de l’album Higher sont purement Rap comme pour affirmer la différence, sur fond de riffs Nu Metal, ça sent les bas fonds de New York, la violence et le vitriol, en contre exemple, un super solo de guitare. Jouissif Mad Reign est fortement rythmique et de conception originale, se confrontent rap, chant syncopé, synthé et riffs tour à tour Metal ou hard rock, là aussi accompagné de son solo. Claviers et rythme rap pour Believe, la ballade à connotation R’N’B, superbe ligne vocale pour le refrain secondé de guitare acoustique, j’entend encore hurler aux loups ! mais je goûte mon plaisir, très très beau titre. Premier single de l’album, Ignorance, couplet de guitare acoustique bluesy et refrain en séquences de guitares synthétiques, plus groove et funk que rap à proprement parler. Un peu inattendu Kingdom plonge ses racines dans le hard funk à la MOTHER’S FINEST, même si le phrasé répétitif en arrière fond et les scratchs laissent entrevoir une imprégnation Rap. En restant objectif, cet album reste à la fois un bon album groove, de Rap Metal ; l’idée, bien que déjà passée de mode, était à mon avis intéressante, le reproche principal est que l’on s’apercevra vite de « la mise en scène » l’ensemble restant parfaitement formaté, calculé d’avance, le naturel y est contenu, pas un détail laissé au hasard, du coup une certaine linéarité synthétique devient vite marquante, aucune imperfection, pas un frottement de corde sur le manche, cette machinerie un peu « inhumaine » est un peu trop mécanique, aucun titre ne se démarquant réellement du lot.

NB : disponible uniquement en téléchargement - voir site officiel.